Anthropause : les oiseaux ont nettement profité de l’absence des humains pendant la pandémie<!-- --> | Atlantico.fr
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Un goéland à La Baule en avril 2020, pendant le premier confinement.
Un goéland à La Baule en avril 2020, pendant le premier confinement.
©Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Effet bénéfique

La baisse de l'activité humaine a entraîné des modifications du comportement des oiseaux, en particulier lors des confinements dans les zones urbaines denses.

Charlotte Recapet

Charlotte Recapet

Charlotte Recapet est maître de conférence à l'université de Pau et des pays de l'Adour. Docteur en écologie, ses domaines d'expertise sont les réponses des individus et des populations aux changements environnementaux ; l'évolution des traits d'histoire de vie (dispersion, stratégies de reproduction, vieillissement) ; et  l'écophysiologie (énergétique, stress oxydant).

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Atlantico : "L'anthropause" est un terme qu'utilisent les scientifiques pour déterminer un ralentissement de l'activité humaine depuis la pandémie. Une étude suggère que cette dernière aurait permis à des espèces d'oiseaux de "prospérer" ou migrer, que pouvez-vous nous en dire ?

Charlotte Recapet : Il faut faire attention avec le terme "prospérité". Ce que l'on peut noter, avec le recul, c'est surtout des modifications du comportement des oiseaux. Nous le verrons plus facilement dans des endroits de forte fréquentation humaine. Et du fait que ces endroits sont devenus plus calmes, notamment pendant les confinements, on pourra avoir une observation d'un plus grand nombre d'espèces mobiles (comme les oiseaux), ou on pourra observer des comportements qui diffèrent de l'habitude. Mais on ne sait pas aujourd'hui si cela aura un impact sur la prospérité démographique des populations, si elles se porteront mieux ou non.

Ce qui a été mis en évidence jusqu'ici au niveau des "migrations", c'est qu'elles se font sur des courtes distances. Des espèces que l'on retrouvait plutôt dans des parcs ou des zones résidentielles ont été retrouvées dans des centres-ville ou des parcs urbains très fréquentés. Dans la géographie des lieux, les études se portent dans l'hémisphère nord, au Royaume-Uni et aux Etats Unis. Mais il n'y a pas de raison que le phénomène ne se soit pas produit ailleurs avec les mêmes causes.

Nous avons aussi observé ces modifications de comportement dans le chant des oiseaux. Les oiseaux en ville avaient souvent besoin d'un chant beaucoup plus fort pour passer outre le bruit. Une étude américaine de l'année dernière a démontré que chez une espèce, les mâles urbains retrouvaient un type de chant qui était plus proche des populations rurales, qu'ils étaient normalement.

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Les modifications du chant, et du comportement, sont-ils plutôt liés à la génétique des individus ou à une forme d'apprentissage ?

Des modifications génétiques, probablement pas, mais des modifications acquises par transmission, c'est une possibilité. Chez beaucoup d'espèces, le chant est partiellement génétique, et partiellement acquis. En entendant les individus de son espèce, l'oiseau va apprendre. A priori, c'est plutôt des modifications à court terme, donc plutôt des modifications du phénotype. Ici, c'est un événement de très courte durée : les espèces n'ont pas eu le temps d'évoluer génétiquement.

Dans l'article, on parle de certaines espèces d'oiseaux précises dont le comportement a changé. S'agit-il de changements qui interviennent uniformément sur toutes les espèces tout de même ? Par exemple, constatons-nous des changements d'habitudes alimentaires ?

On a des espèces qui se sont déjà très bien acclimatées au contact de l'homme, au milieu urbain. Donc les espèces qui sont habituées à ce milieu, pour se nourrir par exemple, n'auront pas la même réponse que les espèces qui sont plutôt d'espaces calmes ou avec des sources alimentaires plus naturelles. Ces dernières vont plus facilement venir en ville : on observera plus de témérité de leur part. On va aussi observer un impact plutôt négatif sur les espèces urbaines, qui exploitent le contact avec les activités humaines.

Dans le cas des limitations de ressources, certaines espèces vont effectivement devoir se reporter ailleurs, et modifier leur alimentation. Tous les oiseaux qui se nourrissent des déchets des poubelles, ou des miettes, par exemple. Ici, ce n'était plus disponible, donc il fallait trouver une autre source d'alimentation.

Est-ce un phénomène inquiétant ? Allons-nous voir un retour à la normale ?

Nous observerons un retour à la normale pour un certain nombre de points. On observe aussi des impacts positifs, notamment en terme de la réduction de mortalité des oiseaux directement causée par les activités humaines (collisions avec des véhicules ou bruit). C'est à double tranchant, si on maintient le télétravail, le trafic autoroutier se maintiendra faible, mais on a aussi observé que dans certaines métropoles, les gens prennent plus la voiture que les transports en commun par crainte d'être contaminés. Il faudra voir quel est le bilan général.

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