Anne Hidalgo, la femme qui pensait être au-dessus des lois<!-- --> | Atlantico.fr
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Pendant cinq ans, la mairie de Paris a refusé de communiquer les notes de frais d'Anne Hidalgo et de ses adjoints.
Pendant cinq ans, la mairie de Paris a refusé de communiquer les notes de frais d'Anne Hidalgo et de ses adjoints.
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Pas grave, elle n’est pas de droite

Alors que la maire de Paris s’est déjà illustrée par sa résistance aux injonctions de la justice sur l’application des 35h effectives pour les agents de la capitale, elle refuse désormais de se plier à l’injonction du Conseil d’Etat de communiquer ses notes de frais.

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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David Alphand

David Alphand est conseiller municipal du 16ème arrondissement, conseiller de Paris et Vice-Président délégué du Groupe “Changer Paris” (LR,
Centristes, Indépendants) au Conseil de Paris

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Atlantico : Pendant cinq ans, la mairie de Paris a refusé de communiquer les notes de frais d'Anne Hidalgo et de ses adjoints. Une pratique pourtant illégale, selon la loi de 1978. Comment expliquer cette dérogation aux obligations de transparence ?

Aurélien Véron : L’affaire des notes de frais est partie d’un journaliste hollandais curieux de savoir comment la mairie de Paris avait poussé le dossier des Jeux olympiques de 2024. Si ces factures n’indiquaient rien de particulier, Anne Hidalgo aurait dû les publier. Ces dépenses n’auraient intéressé personne à l’époque. Le refus d’Anne Hidalgo d’appliquer un principe constitutionnel de transparence dans la dépense publique a excité la curiosité des Parisiens. Résultat, nous voulons dorénavant tout savoir de ces notes de frais de l’ensemble de son cabinet et de ses adjoints. Comme d’habitude, la maire de Paris aboutit à l’exact opposé de ce qu’elle désirait par sa maladresse.

David Alphand : Ce refus de transparence est injustifiable et inacceptable. On parle de l'argent des Parisiens et Mme Hidalgo ne peut pas le gaspiller selon son bon plaisir. La transparence est une exigence démocratique, la Maire de Paris devrait s'en souvenir, elle qui est si prompte à donner de grandes leçons de morale à tort et à travers. Dans le cas des notes de frais pour lesquelles elle est rappelée à l'ordre par la Justice, il s'agit de l'année où elle a fait campagne pour la candidature de Paris aux Jeux olympiques (2017). L'attribution des grands événements sportifs internationaux est de plus en plus souvent entachée de soupçons de corruption. A refuser de communiquer ses notes de frais, Mme Hidalgo a laissé s'installer le doute. C'est l'image de Paris qu'elle ternit ainsi avant l'ouverture des Jeux.

La mairie avait déjà résisté aux injonctions de la justice sur l’application des 35h effectives pour les agents de la capitale, l’affaire des notes de frais n’est donc pas isolée. Comment expliquer les multiples réticences d’Anne Hidalgo lorsqu’il faut se conformer aux textes de lois ? 

Aurélien Véron : La loi lui apparaît trop contraignante, pas à la hauteur de ses ambitions. Alors elle n’hésite pas à s’en affranchir pour avancer. Son adjoint avait déclaré : "Nous sommes opposés à l’esprit de cette loi qui me semble aller à rebours de l’histoire."Elle s’est battue jusqu’au bout contre l’application de la loi des 35 heures aux 55.000 agents municipaux qui travaillaient jusque là 1.552 heures au lieu de 1.607 par an.

Anne Hidalgo encourage activement la désobéissance civile, euphémisme pour désigner les blocages de rues et du périphérique, le squat ou les dégradations de biens privés. Elle finance certains groupuscules qui inscrivent leur action dans l’illégalité. Elle accueille aussi à l’Académie du Climat des organisations comme Extinction Rébellion ou Dernière Génération qui ont déjà interrompu Rolland Garros et menacé de perturber les Jeux Olympiques l’Anne prochaine. Lors des dernières grèves, Anne Hidalgo défend régulièrement les piquets de grève, illicites, et a même déroulé deux grandes banderoles de soutien aux grévistes sur la façade de l’Hôtel de Ville, en contradiction totale avec le code des collectivités territoriales. Ce n’est pas cher, c’est le contribuable parisien qui paye avec la hausse de +62% de la taxe foncière.

David Alphand : Les affaires et les décisions de justice encerclent Mme HIDALGO. C'est qu'elle avait mis sous le tapis beaucoup de sujets épineux, mais ceux-ci ressortent depuis 2020 sous l'opposition très offensive de Rachida DATI et du Groupe Changer Paris qu'elle préside au Conseil de Paris. Prenez le cas de la Tour Triangle (15ème arrondissement de Paris) pour laquelle une information judiciaire a été ouverte à la suite de soupçons de favoritisme pour un montant de 280 millions d'euros. C'est Rachida DATI qui a soulevé le lièvre en faisant un signalement au procureur de la République sur la base de l'article 40 du code de procèdure pénale. Heureusement il y a désormais à Paris une opposition pugnace qui fait le job et qui ne laisse rien passer !

Existe-t-il d’autres exemples similaires avec la maire de Paris ? 

Aurélien Véron : Depuis qu’elle est maire de Paris, Anne Hidalgo vide méthodiquement les caisses de la ville pour laisser à ses successeurs un champ de ruines, de trous et de dettes. Quitte à le faire en flirtant avec la loi. Les loyers capitalisés versés dans le budget de fonctionnement, tolérés suite à une décision ambiguë prise sous François Hollande, lui ont permis de gonfler ses dépenses courantes avec de la dette. C’est illégal en soi, sauf que la dette était astucieusement attribuée aux bailleurs sociaux. Rachida Dati est parvenue à exiger une clarification de Bercy. Anne Hidalgo a été contrainte de cesser cette pratique douteuse dont elle avait largement abusé jusqu’ici. 

Autre exemple. David Belliard a fait verser en 2020 une subvention de 50.000 € à Rue de l’Echiquier, l’éditeur qui avait publié son livre manifeste pour les municipales en février de la même année. Cela n’a pas choqué Anne Hidalgo qui a laissé faire. Après tout, de nombreuses associations militantes sont elles aussi généreusement entretenues par la mairie. Sans surprise, une enquête préliminaire est aujourd’hui ouverte contre son adjoint à la voirie. 

Ses subventions annuelles de 100.000€ à SOS Méditerranée ont été confirmées illégales en appel par le tribunal administratif à la demande d’un justiciable en 2018. Son équipe proche s’est déclarée choquée par cette décision de justice pourtant clairement motivée par les juges. 

Les contournements de la loi émaillent l’action de la mairie de Paris. La consultation populaire mal ficelée sur les trottinettes ne correspond évidemment pas au cadre référendaire ou de consultation publique défini dans le code des collectivités territoriales. Rien à faire. Anne Hidalgo n’a-t-elle pas annoncé qu’elle prendrait de toute façon sa décision indépendamment du résultat du vote ? 

Elle ne respecte ni les procédures, ni ce qui en résulte. Comme le confirme son choix arbitraire du nouveau directeur du théâtre du Châtelet, effaçant tout le travail d’un jury qui avait suivi une procédure transparente de sélection par étapes. Tout est de traviole dans l’action d’Anne Hidalgo.

David Alphand : La semaine dernière la ville de Paris a de nouveau été condamnée par la justice, cette fois-ci dans l'affaire SOS Méditerranée. Pour mémoire, Mme HIDALGO s'était faite forte d'octroyer une subvention de 100 000 euros à cette association qui constitue objectivement, qu'elle le veuille ou non, un maillon dans la chaîne du passage de migrants clandestins vers notre pays. J'étais intervenu en novembre dernier au Conseil de Paris pour lui rappeler fermement qu'une telle décision interférait gravement avec la diplomatie menée par l'Etat français et que cette subvention ne relève en rien du champ de compétence de la ville. La Cour administrative d'appel a confirmé cela pour clouer un nouvelle fois au pilori Mme HIDALGO, qui était pourtant prévenue.

La maire de Paris se croit-elle au-dessus des lois ? 

Aurélien Véron : Au caractère têtu de la Maire de Paris, il faut ajouter une forte dose d’amateurisme dans sa prise de décision. Mais la fréquence avec laquelle elle assume de se placer au-dessus de nos lois traduit une forme d’attachement quasi sentimental au chaos et au délabrement, ce qui explique d’ailleurs bien l’état de nos rues et de notre patrimoine. L’entêtement de la Maire de Paris à préserver l’opacité de ses notes de frais est évidemment suspect. Mais plus important, l’obstination d’Anne Hidalgo à s’asseoir sur la loi constitue clairement sa marque de fabrique.

David Alphand : Mme Hidalgo est aujourd'hui une personnalité politiquement toxique pour Paris. Elle a inoculé le poison de la dette (10 milliards d'euros) en dérogeant au droit commun budgétaire et comptable. Il a fallu l'alerte énergique et réitérée de Rachida Dati pour que l'Etat se décide enfin à la freiner en limitant le recours au système des loyers capitalisés, que certains ont qualifié de pyramide de Ponzi (une escroquerie financière). Après le naufrage de sa campagne présidentielle, Mme Hidalgo entraine Paris dans une spirale infernale. Pourtant le Maire de Paris ne saurait être un Maire hors-la-loi. Aux Etats-Unis, certains ont souhaité une procèdure d'impeachment contre Donald Trump, je crois qu'aujourd'hui il serait grand temps de sonner l'heure de l'impeachment pour Anne Hidalgo pour haute trahison de la confiance des Parisiens.

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