Amitiés longue distance : ces grands-parents français qui deviennent les zoom-correspondants d'étudiants à des milliers de kilomètres<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Amitiés longue distance : ces grands-parents français qui deviennent les zoom-correspondants d'étudiants à des milliers de kilomètres
©

Apprentissage de la langue

L’entreprise Oldyssey a développé une solution permettant d’établir une liaison entre des jeunes britanniques et des seniors français.

Pascal Anger

Pascal Anger

Pascal Anger est psychologue, psychanalyste, psychothérapeute, sexothérapeute, systémicien et médiateur familial.

Il est également chargé de cours à Paris VII. 

Il est l'auteur de Le couple et l'autre, livre publié aux éditions l'Harmattan.

Voir la bio »

Atlantico : L’entreprise Oldyssey propose, via une initiative appelée Share ami, d’établir une liaison entre des jeunes britanniques et des seniors français. Quels peuvent être les bénéfices de cet échange générationnel et linguistique ?

Pascal Anger : Ils sont énormes. Cela va donner une ouverture aussi bien aux Français qu’aux Britanniques et c’est une transmission qui est importante pour les uns comme pour les autres. Pour les plus âgés parce que c’est toujours important, en tant que personne ayant une expérience, de pouvoir transmettre à des personnes qui en ont besoin et envie. On s’aperçoit avec le Covid que beaucoup de jeunes cherchent des stages et n’arrivent pas à en trouver, donc on voit à quel point il y a une soif d’apprendre. On a souvent l’impression que la jeunesse n’est pas du tout dans un désir d’apprendre alors qu’en fait elle a une soif d’apprendre incommensurable. C’est une excellente idée, d’autant plus que les Français apprennent souvent mal l’anglais. Ça ne peut être que bénéfique pour tout le monde. C’est un peu une remise à plat de nos valeurs. On peut se permettre de dire qu’il y a une réelle transmission et qu’il y en a besoin. Il n’y a pas si longtemps, on avait l’impression que tout devait être nouveau et que seul le neuf était intéressant ; maintenant on se rend compte que tout est important et qu’il ne faut pas passer à côté d’un savoir-faire ou d’un savoir-être. On n’a jamais autant été dans le manque et dans le désir de se rapprocher les uns des autres au niveau professionnel.

Certains jeunes appellent leur nouveau correspondant senior papy ou mamie. Les jeunes ont-ils besoin de la figure du grand-père ou de la grand-mère ?

Ça a toujours été quelque chose d’important parce que les grands-parents permettent certaines choses que les parents ne permettent pas toujours. Ces derniers sont là pour mettre des garde-fous, donner des valeurs, une éducation. Les grands-parents sont là pour jouer et montrer que la vieillesse est un âge où l’on peut s’amuser les uns les autres et montrer que les soucis peuvent être éloignés. Les grands-parents sont très importants dans la transmission et les enfants sont très attachés à eux. Quand un grand-parent disparaît, c’est un membre très important qui disparaît, un maillon auquel on pouvait se référer et qui était en capacité de prendre de la distance par rapport à ce que vit l’enfant.

Un moment complexe comme celui de la pandémie peut-il favoriser les relations et inciter à l’échange, créer des amitiés plus fortes que ce qu’elles auraient pu être en temps normal ?

Le manque, du fait de ne pas pouvoir voir ses grands-parents du fait de la pandémie, va faire qu’à un moment donné on va avoir besoin de revenir à quelque chose d’essentiel. Et puis il y a cette peur de la mort qui est présente. On se rend compte à quel point les personnes fragiles peuvent être importantes mais aussi partir à tout moment. Et encore plus à la pandémie. Donc cela donne de la richesse à cet amour qu’on a pour les grands-parents.  

Est-ce qu’il peut y avoir un bénéfice purement linguistique à cet échange entre générations ?

Ce n’est pas vraiment la langue qui va faire bouger les choses. C’est important, mais c’est surtout voir qu’on peut s’attacher à une personne plus âgée. La personne âgée ne va pas forcément jouer aux mêmes choses, être dans les mêmes désirs et souhaits. Mais en même temps, on s’aperçoit que lorsqu’on se rapproche des générations plus éloignées, il va y avoir une joie partagée. Dans une période qui est plutôt celle de la peur, de la gêne, se rapprocher de l’autre est perçu comme une menace, encore plus pour les personnes âgées. Là, on se dit que c’est important de se rapprocher les uns des autres. On n’a rarement eu une telle envie de se rapprocher parce qu’on nous met tellement à distance que ça nous isole et nous fragilise, toutes générations confondues.

Tout apprentissage est donc bon à prendre ?

Oui, de tout temps, et peut être encore plus dans cette pandémie. Désormais on gratifie un peu les métiers manuels qui sont plus dans une transmission d’homme à homme. Il y a une médiatisation à travers la télé, des émissions comme Top Chef et compagnie qui valorisent les métiers manuels. Des métiers qui s’apprennent par l’observation, le savoir-être et faire qui va être transmis. D’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’on fait revenir les seniors à la retraite au travail, afin qu’il soit dans une transmission.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !