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Amérique de Donald Trump : les risques du maniement trop fréquent des sanctions et interdictions
©NICOLAS ASFOURI / AFP

Bonnes feuilles

Dans "Trump et XI, les apprentis sorciers" publié aux éditions de l'Observatoire, Christian Sain-Etienne analyse avec lucidité l'affrontement des dirigeants des deux plus grandes puissances mondiales. Extrait 1/2.

Christian Saint-Etienne

Christian Saint-Etienne

Christian Saint-Etienne est professeur titulaire de la Chaire d'économie industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers.

Il a également été membre du Conseil d'Analyse économique de 2004 à juin 2012.

Il est également l'auteur de La fin de l'euro (François Bourin Editeur, mars 2011).

 

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Les États-Unis gardent de beaux restes de leurs sept décennies d’efforts pour construire leur leadership normatif et stratégique mondial. Ils peuvent frapper les plus grandes entreprises de leurs adversaires. Il faut toutefois qu’ils prennent garde à ne pas saper les bases de leur influence. Les États dont les entreprises ont été ainsi punies, souvent sans qu’elles aient enfreint directement les lois américaines et jamais sur le sol américain, n’oublieront pas ce qui est perçu par eux comme la loi du plus fort et non celle du plus juste.

Ils vont donc développer des approches qui ne permettront plus aux États-Unis de les frapper. Pour cela, ils doivent se doter de six instruments : une monnaie globale avec des chambres de compensation indépendantes des États-Unis, des agences de notation, des bourses de matières premières, des investisseurs domestiques puissants, des compagnies maritimes et une production nationale de semi-conducteurs. La politique stratégique de la Chine, de la Russie et d’un éventuel Noyau de puissances européennes déterminées est tracée ! En l’occurrence, dès le 28  mai 2018, Xi Jinping indiquait dans son intervention devant l’Académie des sciences et l’Académie d’ingénierie de Chine que la Chine devait devenir totalement indépendante en termes technologiques afin de ne plus avoir à subir les sanctions américaines comme celles ayant frappé ZTE. Il a noté que la Nouvelle Révolution industrielle du numérique bouleverse le monde au xxie  siècle. Il a appelé à l’intégration totale de l’Internet, du big data et de l’intelligence artificielle avec l’économie réelle afin que l’économie chinoise se place au sommet de la chaîne de valeur ajoutée mondiale. Les entreprises, les centres de recherche et les universités doivent être co-intégrés dans la recherche de la suprématie scientifique et technologique.

Xi a exigé des acteurs privés et publics chinois qu’un effort total soit engagé pour créer une « industrie chinoise du circuit intégré ». La politique de Trump – menaces, sanctions, embargos, droits de douane, tweets insultants – peut lui permettre d’engranger des succès à court terme auprès de ses électeurs par l’utilisation de la puissance américaine accumulée pendant sept décennies. Des électeurs qui ignorent tout de la puissance normative et de la dimension prophétique des États-Unis dans le monde, telle qu’elles étaient perçues jusqu’à Trump, et des avantages qui en résultent pour l’Amérique. Mais la politique de Trump prépare l’affaiblissement et l’isolement futur des États-Unis puisque même leurs plus proches alliés, comme l’Union européenne, le Japon, le Canada ou le Mexique, sont durement frappés par les ukases d’un président fantasque. Quant à la Chine, la Russie ou l’Iran, ils n’oublieront jamais qu’acheter des produits technologiques aux Trump déconstruit la puissance normative… peut se transformer en arrêt de mort pour les entreprises non-américaines. Ils considéreront désormais que la signature des États-Unis n’est pas fiable. Ils feront tout pour éviter les transactions en dollars. Jacob Lew, soixante-seizième secrétaire du Trésor des États-Unis de février  2013 à janvier  2017, avait bien perçu les risques d’une politique trop agressive. Il déclarait en 2016  : « The more we condition use of the dollar and our financial system on adherence to US  foreign policy, the more the risk of migration to other currencies and other financial systems in the medium term grows1 . » Mais c’était avant Donald John Trump.

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