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Alors, la vie (presque) sur Mars, c'est comment ? Après un an de confinement sur un volcan hawaiien, les six volontaires témoignent
©Allociné / Copyright 2015 Twentieth Century Fox

Seuls (presque) sur Mars

En août 2015, six volontaires dont un Français s'étaient isolés du monde afin de reproduire les conditions de la vie sur Mars. Un an plus tard, ils retrouvent la civilisation et racontent les enseignements d'une telle expérience.

La conquête spatiale avance lentement, mais sûrement. D'ici 2030, l'Agence spatiale américaine (Nasa) aimerait envoyer des humains sur Mars. Mais un tel voyage, ça se prépare. En dehors des problématiques scientifiques, il est important de veiller à la cohésion du petit groupe qui se verra confiné pendant de longs mois et soumis à un stress intense. Comment les nerfs de ces colocataires tiendront face à la monotonie, au manque d'espace et de communications extérieures ? Répondre à cette question est l'objectif de la mission Hawaii Space Exploration Analog ans Simulation (HI-SEAS IV) : durant un an, six scientifiques ont vécu reclus du monde, dans les mêmes conditions que celles d'une mission habitée sur la planète rouge. La plus longue expérimentation de ce genre jamais réalisée. Le 28 août 2016, ils retrouvaient enfin l'air libre. Comment s'est déroulée la mission, et quels enseignements peut-on en tirer ?

Lorsque les six scientifiques sont accueillis par les félicitations des journalistes, les visages sont souriants. Il faut dire que cela fait un an qu'ils n'ont pas eu de contact avec l'extérieur. Le 28 août 2015, six scientifiques (quatre Américains, une Allemande et un Français) pénétraient dans ce qui serait leur habitat pour les douze mois à suivre : un dôme de onze mètres de diamètre, de dix mètres de largeur et de six mètres de hauteur, situé sur l'une des îles de l'archipel d'Hawaii, Mauna Loa. Le volcan éponyme qui s'y trouve a depuis longtemps recouvert les terres alentours de lave séchée et de roches volcaniques. Un paysage lunaire, ou plutôt martien, décisif dans le choix du lieu où installer ce campement.

Coupés du monde

Pour que l'expérience soit la plus réaliste possible, les six colocataires n'avaient pas de contact avec le monde extérieur, ou très peu. Une seule poignée de sites internet accessibles, et comme seul moyen de communication, le mail, dont le temps d'envoi était de vingt minutes soit le délai qu'il faut attendre pour qu'un tel signal soit transmis de Mars à la Terre. Ces six volontaires avaient bien le droit de sortir du dôme, mais réalisme oblige, devaient pour cela porter des combinaisons spatiales, dont l'approvisionnement en oxygène était limité, indiqueSciences et Avenir. Pas moyen de respirer l'air pur, donc. Leur nourriture, lyophilisée, était rationnée, tout comme l'eau, renouvelée tous les deux mois. Les douches ne devaient pas excéder trente secondes. Enfin, les scientifiques n'avaient pas d'autre moyen de se défouler que de courir sur l'unique tapis de course dont ils disposaient.

Mais pas question de se laisser vivre : les membres de cette équipe avaient des rôles à jouer en fonction de leur compétences. Le Français Cyprien Verseux, exobiologiste, a travaillé sur la problématique de culture sur Mars : "Je voulais notamment voir si l'on pouvait utiliser des cyanobactéries (des microbes verts qui font de la photosynthèse) pour transformer des éléments présents sur Mars en nutriments pour plantes, afin de pouvoir cultiver ces dernières à partir de ressources locales", expliquait-il dans un journal de bord vidéo adressé au Huffington Post. Ses collègues (une physicienne, un pilote, un architecte, une géologue et un médecin/journaliste) avaient eux aussi des travaux à réaliser. Ceux de Cyprien Verseux sont en tout cas prometteurs, puisqu'il a réussi à faire pousser des tomates pouvant être consommées.

Retour à la réalité

Mais le but premier de l'expérience restait tout de même de voir comment six personnes qui ne se connaissent pas ou très peu pourraient arriver à cohabiter dans un espace si reclus. Pour tester leur cohésion, les volontaires ont été soumis à des situations d'urgence, allant de la panne de courant aux outils brisés, en passant par la vague de radiations dont il faut se protéger, relate le site Quartz. Des épreuves que les scientifiques ont réussies. Le principal inconvénient restant la monotonie de ces douze mois passés à travailler, à manger de la nourriture insipide et à dormir.

Si Cyprien Verseux n'a pas vraiment hâte de retrouver les petits problèmes du quotidien, il avoue se languir de la variété de choses à faire dans la vie ordinaire : "Manger, prendre un verre en terrasse avec des amis, marcher. Ce sont des choses simples que je prenais pour acquises avant, mais en ayant été privé pendant un an, je me rends compte à quel point elles sont importantes, raconte-t-il à Mashable. Mais son regard reste définitivement fixé vers Mars. Une mission sur Mars est réaliste dans un futur proche. Les problèmes techniques et psychologiques peuvent être surmontés. Cyprien Verseux fera-t-il partie des premiers hommes à poser le pied sur Mars ? Bien sûr, je dirais oui sans hésitation, ça vaut le coup de faire des sacrifices".

Deux prochaines missions de simulation similaires vont être effectuées, en janvier 2017 et 2018. Elles dureront chacun huit mois. Les candidatures sont ouvertes à tout le monde jusqu'au 5 septembre. Qui sait, vous serez peut-être sélectionné pour aller fouler le sol martien d'ici quelques années. En tout cas, la Nasa recrute, et le fait savoir

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