Alerte rouge sur les marchés boursiers : les 10 raisons d’avoir peur <!-- --> | Atlantico.fr
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Un trader de la bourse de New York hier mercredi 15 octobre.
Un trader de la bourse de New York hier mercredi 15 octobre.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Il fallait bien que cela arrive un jour. Le moral de la communauté financière n’est pas brillant. Les marchés sont tellement chahutés et désemparés par l’irresponsabilité des politiques que tout le monde se prépare à une nouvelle crise.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Hier, la Bourse de Paris a perdu 3,5% à moins de 4000 points pour l’indice CAC. C’est-à-dire que l'on est revenu au niveau de l’été 2013. Depuis le mois de septembre, le CAC 40 a perdu plus de 10% de sa valeur qui n’était déjà pas florissante. Toute l’Europe a chuté depuis l’été, les bourses allemandes ont perdu 13%, Madrid 11% et même Londres a cédé près de 10 %.

Dans le reste du monde, on s’est mis aux abris. A New-York, Wall Street n’a plus la pêche, le Nasdaq pas davantage, tout comme Londres et Tokyo ne se redresse pas.

Les raisons de la colère, ou de ce qui pourrait annoncer un effondrement, sont connues mais jusqu’alors personne ne les prenait vraiment au sérieux. On se trouvait toujours des prétextes pour penser que ça allait s’arranger ou que c’était la faute d’un bouc-émissaire.

Il y a comme un déni des disfonctionnements et des facteurs de crise. En fait, les marchés financiers ne sont rien d’autre que les porte-voix des épargnants mondiaux. Ces marchés ont des intérêts à défendre, et quelque part ils communiquent l’expression d’une certaine démocratie. Comme en plus, ils reflètent l’état de la situation économique réelle, l’opinion publique est forcément très attentive, aux indicateurs de marchés.

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Bref, les raisons de cette dégringolade sont hélas très simples, il y en a dix.

1e série de raisons, les mauvais chiffres de l’économie américaine ont, ces jours-ci, paniqués les analystes et les boursiers. Tous les chiffres marqueurs de tendance ont baissé en septembre plus fortement que ce que l’on craignait déjà avant l’été. Les chiffres des ventes de détails, les prix à la production… Tout cela annonce un ralentissent de l’économie américaine et correspond à ce que le FMI avait publié la semaine dernière. Pour le FMI, comme pour la plupart des analystes, l’économie américaine est en dessous de son potentiel de croissance que l'on situe à plus de 3%.

Tout cela veut dire que la politique hyper généreuse de la réserve fédérale a été veine. La politique américaine a permis de gagner du temps en dopant Wall Street, et en donnant l’illusion que l’économie américaine pouvait redémarrer. En réalité, l’Amérique a essentiellement profité de la baisse des prix de l’énergie, une baisse liée à l’exploitation des gaz de schistes. Les résultats d’entreprises ne sont pas au rendez-vous, l’économie réelle reste très fragile.

2e série de raisons, des craintes sur la croissance partout dans le monde. Dans les pays émergents, pour cause de méfiance chez leurs grands clients et surtout en Europe qui ne parviennent pas à se redresser par déficit de compétitivité et d’innovation. L’Allemagne, le bon élève de la classe n’est pas épargné. Normal, la croissance allemande est tirée par l’exportation. L’environnement international étant poussif, les entreprises allemandes en subissent le contre coup.

3e série de raisons, des risques d’accidents financiers. Le système bancaire mondial reste très fragile au regard des risques qu'il devrait prendre, donc il ne les prend pas, donc l’investissement ne redémarre pas. Le système bancaire aurait besoin de renforcer ses fonds propres mais s’il doit renforcer ses fonds propres, il limite sa capacité d’intervention.

4e série de raisons, la baisse des prix du pétrole et des matières premières qui est un signe évident de ralentissement et de déflation mais qui perturbe beaucoup les économies des pays producteurs en réduisant leur capacité de financement.

5e série de raisons, un risque de crack obligataire dans un des pays de la zone euro. En terme clair un des pays fragiles peut se retrouver en défaut de financement si les taux d’intérêt venaient à grimper rapidement, ce qui n’est pas à exclure. Mais le vrai et gros risque aujourd’hui est en France. L’incapacité à se réformer et à limiter l’aggravation des dépenses publiques fait peser sur l’ensemble de la zone euro un risque potentiel de perte de crédibilité. Tout le monde sait qu’une crise en France sonnerait le glas de la zone euro. "Too big, too fall" disait-on des banques avant septembre 2008.

6e série de raisons, la montée du terrorisme islamiste qui fait grossir les risques de déstabilisation dans toute une partie du monde.

7e série de raisons, les risques d’une contagion Ebola. Ces risques sont parfaitement analysés par les Américains. Si Ebola continue de se diffuser, les populations mondiales éviteront ou, elles seront obligées de moins voyager. Si la mobilité des hommes et des femmes se réduit, c’est la croissance qui va piquer du nez.

8e série de raisons, l’essoufflement des politiques monétaires pour relancer les économies. Partout dans le monde les banques centrales s’avèrent de moins en moins efficaces pour relancer l’économie réelle. Elles arrosent beaucoup mais tout se passe comme si elles arrosaient le désert.

9e série de raisons, la paralysie des politiques budgétaires. Les États n’ont plus d’argent pour mener des politiques de développement volontaristes. Plus grave, leur incapacité politique à redresser les finances publiques accroit les risques de décrochage.

10e série de raisons, la difficulté des États et des organisations politiques à apporter des réponses aux problèmes qui se posent. Tout le monde sent bien que ces difficultés à gérer les affaires du monde sont structurelles. Les États se vident, l’Europe ne fonctionne pas et quand l’Europe fonctionne les peuples s’y opposent. Quant aux organisations internationales type FMI, OMC, ONU, elles sont de moins en moins légitimes.

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