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A vos gènes : comment il pourrait bientôt être possible de booster ses performances sportives en choisissant un entraînement adapté à son ADN personnel
©Allociné

Gattaca

Un test génétique permettra aux athlètes de mieux cerner la réponse de leur corps aux différentes exercices et régimes. Vous avez vu Bienvenue à Gattaca ? Le film d’anticipation sorti en 1997 ne se doutait pas qu’il n’avait que 20 ans d’avance.

Il a fallu 10 ans, de 1993 à 2003, pour lire un premier génome humain, en mobilisant des centaines de chercheurs à travers le monde, pour un coût de 2,4 milliards d’euros. Le Monde affirme qu’en 2016, pour 1500€, l’opération peut être réalisée en quelques jours. 

C’est ce saut technologique qui a permis l’émergence de laboratoires comme celui d’Avi Lasarow, l’entrepreneur sud-africain réputé pour son travail mêlant génétique et santé.

Son nouveau projet : DNAFit, qu’il a déjà commencé à commercialiser. Il consiste en un test génétique qui doit permettre aux athlètes de mieux cerner la réponse de leur corps aux différents types d’exercices et de régimes.

Le slogan du laboratoire est clair : "Réalisez votre potentiel génétique". L’idée socratique du "connais-toi toi-même" est ici mise au service du sport de très haut niveau : le savoir délivré par ces tests génétiques permettra aux athlètes d’optimiser leur rythme quotidien.

Le Britannique Greg Rutherford, décoré d’une médaille d’or en saut en longueur, s’est fait le porte-voix du test DNAFit qu’il dit utiliser pour sa préparation aux jeux olympiques qui se tiendront à Rio de Janeiro l’été prochain. Reuters rapporte ses propos :

"Le sport est confronté à un grand nombre de difficultés aujourd’hui, notamment à cause des scandales de dopage. Je crois que tout le monde peut réaliser son potentiel, et pour cela chacun doit mieux comprendre quel exercice et quel régime sont adaptés à son corps. C’est ce que DNAFit essaie de nous aider à faire".

Le programme a été validé par une étude publiée dans le journalBiology of Sport, qui a analysé ses effets sur 67 jeunes sportifs, pendant huit semaines. Les résultats annoncés tendent à soutenir l’efficacité de DNAFit, quoique l’étude se soit concentrée sur un nombre d’athlètes relativement restreint, et sur une période relativement courte.

Questions éthiques

DNAFit est une commercialisation de la médecine prédictive, qui n’est pas la première du genre. Elle est en effet devancée par 23andMe, une société californienne fondée en 2006 par l’épouse du cofondateur de Google Sergey Brin (désormais divorcés). 23andMe propose une analyse globale du code génétique de ses clients : Rue89 s’y est essayé. En 2007, Google investissait 3,9 millions de dollars dans l’entreprise. Arnold Munnich, chef du département de génétique médicale de l’hôpital Necker, affirme dans son livre Programmé mais libre (Plon, 144p., 14,90€) que ces services sont des "escroqueries".

Soit. Mais cela n’épuise pas le sujet. L’avancée de la technologie rendra nécessairement ces services de plus en plus efficaces.

En découvrant qu’elle porte un risque de mucoviscidose, la journaliste de Rue89 pose une question qui brûle les lèvres des observateurs : que faire dans le cas de la découverte imprévue d’anomalies ? Dans quelle mesure l’intimité génétique sera-t-elle préservée ? Si notre séquençage appartient à une société privée, on peut se demander ce que celle-ci fera de nos informations. Bien sûr, la discrimination génétique est interdite en France. Mais le CNRS prévient : "en Angleterre, le gouvernement a ouvert une brèche : il autorise les assureurs à tenir compte du résultat d’un test sur la maladie de Huntington pour contracter une assurance-vie excédant 500 000 livres sterling". 

Au-delà de la question des assurances et de la bonne volonté éventuelle des entreprises, en janvier 2013, Yaniv Erlich, généticien à Cambridge aux Etats-Unis, a réussi à pirater les serveurs d’un projet scientifique pour obtenir l’identité de 50 personnes qui avaient donné leur ADN anonymement. Comme qui dirait, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités en sécurité informatique, que les entreprises ne sont pas forcément en mesure de garantir

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