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7 milliards d’euros de pouvoir d’achat en plus grâce à Free : les Français peuvent lui dire merci
©REUTERS/Jacky Naegelen

Concurrence

L'UFC-Que choisir a reconnu l'impact positif de Free sur le pouvoir d'achat des Français de l'arrivée de Free dans la téléphonie mobile, même si l'association avait auparavant critiqué la qualité du réseau fourni par l'entreprise.

Atlantico : Selon une étude d'UFC-Que choisir, depuis deux ans, les factures de téléphonie mobile des Français ont baissé de 30%, ce qui a généré 7 milliards d'euros de pouvoir d'achat en plus. Mais dans un précédent rapport, l'association avait également souligné la médiocrité du réseau Free et la faiblesse de ses investissements. Un investissement limité pour l'amélioration du service, afin de proposer des prix attractifs, est-ce vraiment une bonne stratégie à l'échelle collective ?

Erwan Le Noan : Si Free a conquis 8 millions de clients, c’est certainement qu’ils y trouvent leur compte lorsqu’ils font leur analyse du rapport qualité / prix du service. Si l’offre de Free n’est pas viable et ne repose pas sur un service suffisant, les consommateurs le feront savoir rapidement, en changeant d’opérateur. A l’inverse, d’autres opérateurs peuvent certainement offrir des prix plus élevés parce que leur qualité de service est supérieure.

La vertu formidable de la concurrence est qu’elle laisse la liberté de choix aux consommateurs qui sont les seuls qui, in fine, mettent la main au portefeuille.

Catherine Lejealle : Pour l'instant, les abonnés Free le sont majoritairement toujours, alors qu'ils n'y sont pas forcés. Nous avons une généralisation des abonnements sans engagement et Free continue d'engranger des clients. Le réseau de Free est en train de se monter et ne peut pas être aussi dense que les autres. Mais pour une grande partie, les abonnés Free jouisse du réseau Orange (Free ayant passé avec Orange un contrat d'itinérance, ndlr). Et le choix de Free n'est pas qu'une question de prix de l'abonnement puisque Free a donné un grand coup de pied dans la fourmilière, et tous les autres opérateurs se sont depuis alignés sur les tarifs de Free (sauf quant on possède une Freebox), avec une portabilité très aisée du numéro.

L'UFC indique que cette dynamique en faveur du consommateur est directement due à l'arrivée de Free sur le marché. Passer de trois à quatre opérateurs peut-il expliquer en intégralité la chute des prix ?

Erwan Le Noan : La question des effets de la variation du nombre d’opérateurs sur le marché du mobile est très débattue. Une étude économique récente a tenté de mesurer les effets de l’entrée d’un nouvel opérateur en analysant chacun des marchés européens : sa conclusion est que l’entrée d’un troisième opérateur n’a pas vraiment d’effet sur les prix mais que celle d’un quatrième fait baisser les prix. Mais tout cela reste théorique et en discussion.

Ce qui est certain c’est que l’entrée de Free a visiblement stimulé la concurrence sur le marché français. Stéphane Richard, le PDG d’Orange, l’a dit lui même sur BFM Business cette semaine : "sans Free, nous aurions fait moins d’effort".

Catherine Lejealle : Si l'arrivée d'un quatrième opérateur s'était fait à prix d'abonnement constant (soit autour d'une soixantaine d'euros pour les formule illimitée) cela n'aurait pas changé grand chose. Si nous sommes l'un des pays les moins chers d'Europe, c'est surtout avec une offre directe à 19,99 euros. Personne chez SFR ou Orange n'avait prévu un positionnement aussi agressif. 

Il y a de nombreux autres pays où il y a quatre opérateurs, mais comme il n'y a pas d'acteurs utilisant une politique tarifaire aussi offensive, vous ne retrouvez pas ce niveau de prix-là. Et la portabilité simplifiée du numéro a permis de permettre aux consommateurs de jouer à fond la carte du changement.

La France, qui avait en 2008 un prix moyen d'abonnement téléphonique supérieur de 27,1% à la moyenne européenne serait aujourd'hui 48,7% plus bas. Avoir quatre opérateurs, est-ce une spécificité française ? Pourquoi les autres pays ne peuvent pas s'aligner ?

Catherine Lejealle : Dans les autres pays, l'écart dans l'offre commerciale entre un nouvel arrivant et les opérateurs déjà en place n'est pas aussi important. Je le redis, avec Free il y a eu un véritable "coup de pied dans la fourmilière". Il y avait déjà eu auparavant la perte de la vache à lait qu'était le SMS, qui était très coûteux en France et qui est finalement devenu illimité il y a environ trois ou quatre ans.    

Le gouvernement craignait des pertes d'emploi lié à l'écrasement des prix (qui n'auraient d'ailleurs pas eu lieu), et reste assez méfiant vis-à-vis du positionnement de Free. Pourquoi les autorités s'opposent à Free au lieu de capitaliser sur le gain de pouvoir d'achat (un sujet politiquement très propice) que l'ouverture des télécoms a pu permettre ? 

Erwan Le Noan : Les autorités publiques sont particulièrement averses au risque : un marché qui bouge, c’est pour elles un problème politique grave. A court terme, l’innovation détruit les emplois d’hier (mais elle crée également de formidables opportunités à court et moyen termes) : politiquement, les gouvernants ne sont pas prêts à l’assumer, car ils raisonnent de manière statique et refusent, contre toute rationalité, que des emplois puissent disparaître. Dans le cas de Free, des études contradictoires avaient été fournies pour mesurer son effet sur l’emploi (effet favorable ou défavorable à l’emploi).

Dans le même temps, les politiques sont généralement heureux de pouvoir faire croire que la concurrence qu’ils auraient permise (comme s’il appartenait à l’Etat d’autoriser ou non le libre fonctionnement de l’économie) fait baisser les prix.

Il faut se rappeler les fameux tweets d’Arnaud Montebourg. Quand il était dans l’opposition il s’était féliciter de l’action de Free sur les prix, considérant que l’entreprise avait fait plus pour le pouvoir d’achat que Nicolas Sarkozy. Une fois au gouvernement, il s’est mis à dénoncer Free qui menace la stabilité de l’ordre établi. Cette schizophrénie du discours ne lui est malheureusement pas propre …

Catherine Lejealle : Il faut bien comprendre que de nombreux anciens hauts fonctionnaires travaillent chez Orange, et qu'il y a une tendance chez l’opérateur historique d'être du côté du régulateur. La France apprécie d'avoir de grands champions forts qui génèrent beaucoup d'argent et qui étaient capables de mener de nombreuses acquisitions à l'étranger. Or, Free a affaibli tout le monde et le marché intérieur n'est plus une vache à lait. Il y a aussi la personnalité de Xavier Niel qui détonne dans le milieu feutré des réseaux dont il n'est pas issu.

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