5 à 10% des enfants atteints par le Covid-19 auraient des effets secondaires à long terme<!-- --> | Atlantico.fr
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Une jeune fille reçoit une dose du vaccin Pfizer/BioNTech contre la Covid-19 à Strasbourg, le 22 décembre 2021.
Une jeune fille reçoit une dose du vaccin Pfizer/BioNTech contre la Covid-19 à Strasbourg, le 22 décembre 2021.
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Covid long

Un chiffre relativement élevé à quatre semaines qui diminue avec le temps.

Corinne Depagne

Corinne Depagne

La Docteure Corinne Depagne est médecin pneumologue et membre du Collectif Du Côté de la Science.

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Atlantico : Selon des témoignages de médecins recensés par le journal Salon,environ 10% des enfants contractant le Covid pourraient être atteints de formes longues de Covid. Est-ce des données fiables ?

Corinne Depagne : Ces récits sont des cas cliniques qui attirent l’attention mais je ne peux pas les commenter, et préfère me référer aux publications existantes. Des études de cohortes pédiatriques sont désormais disponibles pour avoir une description des symptômes qui peuvent s’intégrer dans le syndrome « covid long »  .

Une mise au point récente (Borch, Luise et al. “Long COVID symptoms and duration in SARS-CoV-2 positive children - a nationwide cohort study.” European journal of pediatrics, 1–11 ; 9 Jan. 2022, ) a suivi 37,522 enfants infectés de moins de 18 ans au Danemark, en les comparant à plus de 65000 enfants non infectés. Il en ressort que, en comparaison au groupe contrôle, on retrouve bien des symptômes spécifiques chez environ 30% des infectés à 4 semaines, qui s’amenuisent heureusement avec le temps avec disparition en moins de 6 mois dans plus de 75% des cas.

Une revue récapitulative de 5 autres études versus contrôle (Zimmermann P, Pittet LF, Curtis N. How Common is Long COVID in Children and Adolescents? Pediatr Infect Dis J. 2021 Dec) permet d’évaluer à moins de 5% des cas les symptômes persistants à 8 semaines dans les populations étudiées (sauf une qui retrouve chez des adolescents de plus de 11 ans une prévalence plus élevée : 66% à 12 semaines)

Les chiffres avancés dans la littérature restent à affiner, ainsi que la description des symptômes et leur compréhension, car pendant longtemps on s’est peu soucié de l’infection des enfants. Il est important de s’en tenir aux comparaisons avec les groupes contrôles non infectés. Cependant, considérant  les taux d’incidence actuelle  chez les jeunes, on peut s’attendre à un nombre de cas en augmentation.

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Comment ce pourcentage se situe par rapport à ce qu’on sait de la prévalence du Covid long chez les adultes ?

Chez l’adulte, à 12 semaines, c’est environ 10-15% des cas qui ont encore au moins un symptôme attribué aux suite de l’infection aigue (hors séquelles des formes graves hospitalisées), des chiffres qui diminuent avec le temps. A un an, on est plutôt autour de 5%. Il n’y a pas de raisons que les enfants échappent aux symptômes de formes prolongées liées au Covid : si les enfants sont souvent asymptomatiques, ils n’en demeurent pas moins infectés. Et on rappelle que le « COVID LONG » ne dépend pas de la gravité clinique initiale.

Est-ce qu’il y a une distinction entre Covid long et covid long pédiatrique ?

Les symptômes  persistants le plus fréquents chez l’adulte, sont la fatigue, la dyspnée, les douleurs thoraciques, des troubles du gout et de l’odorat (entre autres). Pour les enfants on note aussi (toujours dans l’étude danoise très récente en comparaison de sujets contrôles) fatigue, perte d'odorat et perte de goût et dans une moindre mesure faiblesse musculaire, douleurs thoraciques, étourdissements et problèmes respiratoires.

A cela  peuvent s’ajouter l’anxiété, les troubles du sommeil (chez plus de la moitié des enfants dans cette étude italienne  concernant 129 enfants : Buonsenso D, Munblit D, De Rose C, Sinatti D, Ricchiuto A, Carfi A, Valentini P. Preliminary evidence on long COVID in children. Acta Paediatr. 2021 Jul;110(7):2208-2211) sans qu’ils soient forcément liés à l’infection elle-même mais peut être au contexte de la pandémie (signes retrouvés chez les enfants non infectés du groupe contrôle).

En conclusion, les enfants sont infectés facilement par le SARS-COV-2, on le sait maintenant. Malgré le peu de formes graves (heureusement), rien n’indique que le risque de développer des symptômes persistants après Covid (ou covid long) soit moindre que chez les adultes, et différent dans ses manifestations. Ceci nous encourage à les protéger le plus possible de l’infection, par la vaccination et les mesures barrière adéquates, notamment à l’école.

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