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40 ans de vie politique et un champ de ruines à gauche
©Pixabay.com

Le jour d'après

Vaincu par son impopularité, débordé par les ambitions affichées de ses anciens ministres, François Hollande a annoncé jeudi soir qu'il ne sollicitera pas un deuxième mandat. Une décision dont la gauche aura beaucoup de mal à se relever.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Franchement, on ne s'y attendait pas. Pas aussi soudainement, pas comme ça .François Hollande a pris tout le monde de court en annonçant à la télévision qu'il ne sollicitera pas un deuxième mandat. Lui que l'on qualifiait de "culbuto", tant il réussissait toujours à se sortir des imbroglios les plus compliqués pour rebondir avant 2012, a calé à l'Elysée. Incapable de puiser la force, l'énergie, pour bâtir un nouveau projet et repartir à la conquête des Français. Vaincu par son impopularité, débordé par les ambitions affichées de ses anciens ministres Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron, Benoît Hamon auxquels viendra bientôt se joindre le chef du gouvernement, Manuel Valls.

Car cette annonce marque aussi le début de la fin d'un psychodrame à la tête de l'Etat entre le président de la République et son Premier ministre, ouvertement candidat à la candidature. François Hollande n'a-t-il pas" eu de bol" à propos de l'inversion du chômage, comme il l'a confié aux auteurs d'un des innombrables ouvrages de confidences parus depuis la rentrée 2015?  Ou bien doit-il renoncer parce qu'il n'a pas annoncé et suivi une ligne politique claire, tant pendant la campagne électorale de 2012 qu'au cours de son mandat ? Elu il y a cinq ans  sur une thématique de gauche "mon ennemi c'est la finance" et la promesse de taxer à 75% les revenus supérieurs à un million d'euros, François Hollande a rapidement changé de braquet pour revenir à une ligne sociale-démocrate plus favorable aux entreprises, afin de  faire baisser le chômage record et permettre à 'économie française de retrouver de la compétitivité. Moyennant quoi sa majorité s'est fracturée pour ne jamais se resouder. Le CICE d'un côté, la complémentaire santé pour tous de l’autre. Absence de ligne claire disent ses détracteurs, sauvegarde du modèle social français, plaideront en vain ses défenseurs, de moins en nombreux aujourd’hui, mais qui le regretteront peut être demain.

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Dans son discours d'annonce, François Hollande a égrainé le bilan  de son action : la réforme territoriale, la fin du cumul des mandats, la transparence de la vie politique et la  lutte contre le réchauffement climatique, et la cohésion nationale maintenue sous la menace terroriste. Si ce dernier point ne peut être contesté, aucune réforme n'a fait l'unanimité et chacune a d'une manière ou d'une autre, bousculé la majorité. Celle, inaboutie, de la déchéance de la nationale "le seul regret" de François Hollande, l'a définitivement fracturée. Aujourd'hui François Hollande ne "peut se résoudre à la dispersion de la gauche, à son éclatement". C'est pourtant déjà le cas. La majorité a éclaté dès le début du quinquennat en se déchirant sur le traité européen. Aujourd'hui les communistes sont derrière Jean-Luc Mélenchon. Les Radicaux de gauche font cavalier seul, les écologistes sont divisés entre gauchistes et modérés. Au PS, Arnaud Montebourg est lui aussi écartelé entre un discours pro-entreprise et la lutte contre la mondialisation, Benoît Hamon se positionne à gauche, et Manuel Valls qui incarne une ligne plus autoritaire aura du mal à rassembler, même s'il espère incarner la relève. François Hollande "animé que par l’intérêt supérieur du pays" qu'il a "servi avec honnêteté" (-qualité  que nul ne conteste), renonce donc à briguer un second mandat. En espérant que son action sera gravée dans la postérité et que son action sera reconnue et saluée un jour. Comme l'a été celle du chancelier allemand Gehrard Schroeder, souvent cité comme exemple, battu au terme de son second mandat, mais dont les réformes sont à l'origine de la prospérité de l'Allemagne d’aujourd’hui.  

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