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Sur les 30000 enfants qui vivent dans la rue en France, la proportion d'étrangers est de 75%.
Sur les 30000 enfants qui vivent dans la rue en France, la proportion d'étrangers est de 75%.
©REUTERS/Eric Gaillard

A défaut d'avoir une maison...

La France aime-t-elle les enfants ? Ses amortisseurs sociaux fonctionnent-ils aussi bien qu'elle ne veut bien le dire ? Deux études officielles sont passées inaperçues cette semaine, qui permettent de mieux saisir la question. Et elles donnent froid dans le dos.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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L'INSEE a publié les chiffres de son enquête récurrente sur les sans domicile fixe dans un numéro d'Economie et statistique paru cette semaine. Une donnée retiendra en particulier l'attention: le nombre d'enfants vivant dans les rues.

Sur ces 30 000 enfants, la proportion d'étrangers est de 75%. Ce sont les victimes innocentes et silencieuses de ces déplacements de population dont nous voyons les stigmates dans les rues de Paris, avec toutes ces familles allongées sur le sol, le froid, dans la nuit.

Les chiffres sont au demeurant terriblement significatifs. La population de sans domicile fixe natifs n'atteint pas les 45 000 personnes. Entre 2001 et 2012, ce chiffre a augmenté de 14%, ce qui est, somme toute, assez peu si l'on tient compte du passage de la terrible crise de 2008. Le nombre de vagabonds étrangers a en revanche considérablement augmenté: + 67% pour les francophones nés à l'étranger, + 207% pour les non-francophones étrangers.

Au passage, on peut se demander pourquoi ceux-là doivent être moins aidés que les "réfugiés" arrivés l'an dernier.

Dans le même temps, l'aide sociale à l'enfance n'a pas progressé

Alors que de plus en plus d'enfants dorment dans les rues, les départements n'ont pas levé le petit doigt pour réagir. Les dépenses d'aide sociale qui leur sont consacrées n'ont pas varié d'un iota, ou presque. C'est ce qui ressort d'un document de la DREES, consacré cette fois aux dépenses d'aide sociale des départements en 2014.

De 1996 à 2014, les dépenses d'aide sociale des départements ont triplé (en euros constants), mais uniquement sur des segments de population adulte. On notera en particulier l'explosion des dépenses consacrées aux "pauvres" adultes et aux personnes âgées. L'intervention en faveur des enfants est restée stable.

Parmi celles-ci, les dépenses les plus élevées concernent le placement. Une fois de plus, la prévention est réduire à la portion congrue :

Et voilà, une fois de plus, comment la décentralisation produit des effets pervers. Alors que la société française devrait mettre le paquet sur l'intervention en faveur des enfants, elle leur préfère largement les adultes, parce qu'ils sont en âge de voter et qu'un petit cadeau (notamment pour les personnes âgées) s'accompagne volontiers d'une voix aux élections.

Un article originellement publié sur le blog d'Eric Verhaeghe

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