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"Un ennemi du peuple" de Henrik Ibsen : c'est vraiment une très grande pièce
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Atlanti-Culture

Certes, on a connu de meilleures versions de la pièce d'Ibsen, mais telle qu'elle est représentée là à l'Odéon, on comprend à quel point ce chef d'oeuvre rend formidablement compte des conflits éternels entre grands principes et intérêts.

Louis-Bertrand Raffour pour Culture-Tops

Louis-Bertrand Raffour pour Culture-Tops

Louis-Bertrand Raffour est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THEATRE  

Un ennemi du peuple

De Henrik Ibsen, traduit( et adapté?) par Eloi Recoing

Mise en scène :  Jean-François Sivadier

Avec : Sharif Andoura, Cyril Bothorel, Nicolas Bouchaud, Stephen Butel, Cyprien Colombo, Vincent Guédon, Jeanne Lepers, Agnès Sourdillon

INFORMATIONS

Odéon – Théâtre de l’Europe 

Place de l’Odéon - 75006

Jusqu’au 15 juin

20h du mardi au samedi, 15h le dimanche

Réservations : 01 44 85 40 40/www.theatre-odeon.eu

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             BON

THEME

Dans une petite station thermale, Peter Stockmann, le préfet, administre l’établissement de bains qui fait la richesse de la ville; son frère Tomas, le médecin, est l’un de ses principaux employés et le garant de la qualité des soins offerts aux curistes. En apparence, ils s’accordent donc sur l’essentiel. Pourtant tout les oppose, et il suffit d’une étincelle pour qu’explose leur rivalité, lorsque Tomas découvre que les eaux de l’établissement sont contaminées…  

La querelle fratricide gagne tout le village. Croira-t-on le lanceur d’alerte, qui pousse le souci de vérité jusqu’à risquer la mort sociale? Comment arbitrer entre les exigences de la justice et les impératifs de l’économie? 

La tragédie revêt par moments le masque de la comédie pour mieux incarner l’ambivalence du préfet, du médecin et de ceux qui autour d’eux prennent parti.… et déstabiliser un spectateur qui aurait trop tôt choisi son camp...

POINTS FORTS 

- Le texte : on ne peut rester étranger à ce texte d’une étonnante contemporanéité (il date de 1882) et d’une puissance impressionnante. Ecrit au milieu du XIXe siècle, il semble contemporain (quelques 'ajouts’ du traducteur ou du metteur en scène,  l’intégration d’extraits de l’essai de Günther Anders 'La Violence : oui ou non’ , y contribuent, sans que l’on puisse tous probablement les identifier…).

Le jour et/ou la nuit, le pouvoir et/ou la vérité, l’égoïsme et/ou l’altruisme, toute la dualité du monde incarnée par deux frères : un préfet et un médecin. Des gens ordinaires qu'Ibsen transforme peu à peu en Janus, incarnation absolue de la faiblesse de la nature humaine et de la grandeur qui l’appelle à se dépasser !  Un texte exceptionnel.

- Nicolas Bouchaud : dans le rôle du frère médecin lanceur d’alerte il porte et emporte  la pièce. Au rythme d’une révolte qui le gagne et finit par l’emporter il est la Vérité au milieu des compromis et des bassesses. Il hurle, semble délirer pour garder la tête hors de l’eau, loin de la raison, de la sagesse et des intérêts matériels. Personnage halluciné transformé, par Nicolas Bouchaud,  avec intelligence et sensibilité, en victime expiatoire.

- La direction d’acteurs et le casting : la troupe est remarquablement dirigée, chacun des comédiens - parfaitement choisis- trouve une place juste dans des rôles complexes et changeants.

POINTS FAIBLES

Quelques lourdeurs dans la mise en scène : l’eau est souvent présente sur les scènes de l’Odéon, mais là ce n’était pas nécessaire, en tout cas pas à ce point. La scène est bombardée de sacs d’eau… les acteurs sont trempés… les eaux des termes mouillent tout le monde (on l’aura assez vite compris) et l’eau monte qui noiera tous les habitants sauf si un Noé surgissait parmi eux ! On aurait aimé un peu plus de recul….

EN DEUX MOTS 

L’eau corrompt tout , même les saints s’y noient...

UN EXTRAIT

Puisque le mystère des  »rajouts » au texte original reste malheureusement entier… permettez nous un rajout supplémentaire :

« Je préfère commettre une injustice que de tolérer un désordre » Goethe, le Siège de Mayence

LES AUTEURS

Henrik Ibsen (1828/1906)

Henrik Johan Ibsen est un dramaturge norvégien.  Ibsen naît dans un foyer que la faillite des affaires paternelles, en 1835, va rapidement désunir.  

Les événements révolutionnaires de 1848 le conduisent à écrire sa première pièce, "Catilina". Celle-ci est publiée en 1850 à compte d'auteur. À l'époque de cette publication, il travaille toujours comme apprenti et préparateur en pharmacie, étudie et écrit la nuit, prend des cours privés de latin. 

En 1851, le violoniste Ole Bull, fondateur du Norske Theater de Bergen, lui propose d'en devenir le directeur artistique. Henrik Ibsen accepte et s'installe à Bergen. Il réalise également un voyage d'études à Copenhague, puis à Dresde, pour se familiariser avec les techniques du théâtre. 

En 1864, il obtient une bourse et quitte la Norvège pour Rome. Il ne reviendra dans son pays que vingt-sept ans plus tard, après avoir voyagé à travers l'Europe. Il fait publier en 1867 "Peer Gynt" qui sera particulièrement acclamé en Norvège. Avec "Une maison de poupée" (1879), il obtient un succès international, et dans les années qui suivent, sa renommée est telle que ses pièces sont montées presque simultanément dans les capitales Européennes.

Entre 1882 et 1888, il publie quatre pièces qui font sa renommée : "Un ennemi du peuple", "Le Canard Sauvage", "Rosmersholm", souvent considéré comme son chef-d'œuvre, et "La Dame de la mer".

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