"Piques et répliques de l'Histoire" : quand de Gaulle, Clémenceau et Richelieu se montraient taquins... ou impitoyables<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Histoire
"Piques et répliques de l'Histoire" : quand de Gaulle, Clémenceau et Richelieu se montraient taquins... ou impitoyables
©DR

Bonnes feuilles

Souvent féroces mais savoureux, les bons mots font aussi l’Histoire de France, avec cette touche de malice qui ne pouvait laisser indifférent Stéphane Bern. En esprit curieux de tout et de tous, il nous en offre ici un florilège : 400 piques et répliques irrésistibles, où l’anecdote laisse filtrer quelques insolentes vérité. Extrait de "Piques et répliques de l'Histoire" de Stéphane Bern, aux Editions Albin Michel (1/2).

Stéphane Bern

Stéphane Bern

Stéphane Bern est désormais la référence absolue sur le marché des livres d'Histoire. 1ère place dans le top des ventes de Livres Hebdo, la série "Secrets d'histoire" enregistre déjà plus de 400 000 ex. vendus en librairie ! Un succès qui ne cesse de s'affirmer, sur un parcours d'ores et déjà jalonné de prestigieuses récompenses et reconnaissances

Voir la bio »

Pour n’avoir cessé de multiplier les intrigues en usant de ses charmes, une jeune femme s’était vu exiler en Bretagne par lettre de cachet. Soupçonnant le président du parlement de Paris, Achille 1er de Harlay, d’être à l’origine de sa disgrâce, la coquette lui adressa ses récriminations: « Vous seriez bien embarrassé si l’on vous reléguait à une si grande distance. Il est vrai que mon embarras serait plus grand que le vôtre, car je ne puis faire mon métier qu'ici, alors que vous pouvez faire le vôtre partout. »

Écuyer du futur roi Henri IV, le protestant Agrippa d’Aubigné (grand-père de Madame de Maintenon) fut l’un de ses plus fidèles compagnons durant ses quatre années de détention. Un jour où il se trouvait au palais du Louvre, de très vieilles darnes, étonnées de le trouver ici, lui demandèrent ce qu’il y faisait. Après les avoir longuement scrutées, le poète leur répondit: « Mesdames, vous me voyez occupe à contempler des antiquités. »

Lorsqu’il fut envoyé en Espagne pour missions diplomatiques, le maréchal de Bassompierre fit son entrée dans Madrid sur le dos d’une petite mule offerte par Philippe III. Quand l’anecdote vint aux oreilles du monarque français Henri IV, celui-ci ne se priva pas de railler son serviteur : « Oh, la belle chose de voir un âne sur une mule ! Tout beau, Sire, c’est vous que je représentais. »

À la Libération, des résistants bardés de décorations furent présentés au général de Gaulle. Seul un sergent ne portait aucune médaille. Le général lui lança, taquin « Alors quoi, vous ne savez pas coudre ? »

Grand serviteur d’Henri IV, Nicolas de Harlay était consulté par le Vert-Galant qui négociant l’annulation de son mariage avec la reine Margot envisageait de se remarier avec sa favorite, Gabrielle d’Estrées, de petite noblesse. Harlay n’y alla pas par quatre chemins. « Ma foi, Sire, catin pour catin, j'aime autant la fille de Henri II que celle de Madame d’Estrées ».

Conseiller du roi d’Angleterre Charles Ier, le philosophe Francis Bacon fut nommé grand chancelier en 1618. Ses accointances avec les plus hauts personnages du royaume lui inspirèrent cette piquante réflexion : « Leur tête ressemble beaucoup à ces maisons de quatre ou cinq étages dont le plus haut appartement est toujours le plus mal meublé. »

Un soir où Louis XIII et Richelieu assistaient à un bal, le roi, qui s’ennuyait, se décida à quitter les lieux avant de constater que les courtisans présents étaient occupés à céder le passage au cardinal lui aussi en partance. Lorsque Richelieu prit la mesure de l’affront, il se rangea aussitôt sur le côté pour laisser passer le souverain. Louis XIII lui lança alors d’un ton provocateur: « Passez le premier, monsieur le cardinal, n’êtes-vous pas le maître ici ? On dit même que c'est vous qui êtes le vrai roi ! » Ne pouvant ni précéder le roi, ni contrevenir à son ordre, Richelieu saisit alors un flambeau des mains d’un page, se plaça devant le roi et lui répondit: « Sire, s’il m’arrive de passer devant Votre Majesté, c’est uniquement pour l'éclairer. »

En 1661, Louis XIV décida de marier son frère, Philippe d’Orléans, à Henriette d’Angleterre, fille du roi Charles Ier. La jeune femme présentait une maigreur si saisissante que le Roi-Soleil demanda à son frère, peu avant la noce : « Mon frère, êtes-vous si pressé d'épouser les os des Saints Innocents1 ?»

1 Célèbre cimetière parisien, fermé en 1780

Lieutenant général de Louis XIII, le marquis de Feuquière fut blessé et capturé en 1639 à la bataille de Thionville. Quand le roi lui ordonna de lui livrer le nom des coupables, le marquis s’y refusa avec panache, usant de cette parade: « Sire, attendu que je combats toujours à la tête de mes troupes, il m’a été impossible de voir ce qui se passait derrière moi. »

Cousin de Louis XIV, Charles II régna sur l’Angleterre après la mort de Cromwell. Alors qu’il se promenait sans escorte dans Londres, son frère puîné, le duc d’York (futur Jacques II) lui fit remarquer son imprudence. Le monarque lui adressa alors cette réponse savoureuse: « Rassure-toi, personne dans toute l’Angleterre ne souhaite me faire disparaître car chacun sait que ce serait alors toi mon successeur ! »

En 1718, la désormais célèbre pièce de Voltaire, Œdipe, fut jouée à la Comédie-Française. À l’issue de la première représentation, l’auteur fut interpellé par un jeune aristocrate qui lui parla avec familiarité. N’appréciant pas cette condescendance, Voltaire le pria de modifier son langage mais le jeune noble persista : « Il y a une telle différence entre vous et moi !

- La seule que j’y vois, c’est que je porte mon nom et que vous traînez le votre. »

 À la fin de l'année 1917, le défaitisme gagnait les rangs de l’armée française. Pour tenter de l’enrayer, Clemenceau se montra impitoyable, envoyant quantité d’hommes devant le peloton d’exécution. Quelqu’un vint alors le trouver pour gracier un soldat qui n’était, selon ses propres mots, « qu’à demi coupable ». Le Tigre répondit, impassible : « À demi coupable ? C’est bien, six balles suffiront ! »

Maréchal de France sous Louis XIV, le comte de Choiseul fut l’un des nombreux amants de l’épistolière Ninon de Lenclos. Au cours d’une visite chez sa maîtresse, il surprit celle-ci avec le célèbre danseur Louis Pécour. Comme son rival était vêtu d’un costume s’apparentant à un uniforme, Choiseul ironisa: « Puis-je savoir dans quel corps vous servez? Le danseur osa cette pirouette : Je commande un corps dans lequel vous servez depuis longtemps. »

Offensé par les critiques de deux cardinaux qui lui reprochaient dans l’un de ses tableaux d'avoir coloré de manière trop écarlate les visages de saint Pierre et de saint Paul, le célèbre Raphaël rétorqua: « Je les ai peints ainsi qu’ils sont au Ciel car cette rougeur leur vient de la honte qu’ils ont de voir l’Eglise aussi mal gouvernée. »

Durant ses exils, Voltaire se réfugia en Hollande, terre réputée pour sa liberté d’expression. Déçu par l’attitude des libraires hollandais, le philosophe s’exclama en quittant le pays « Adieu canaux, adieu canards, adieu canailles ! »

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !