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"No Society, la fin de la classe moyenne occidentale" de Christophe Guilluy : oui, mais quid des solutions ?
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Il est arrivé à Christophe Guilluy d'avoir raison avant tout le monde. Mais là, il donne plutôt l'impression de ressasser -brillamment- ses thèmes favoris sans apporter grand chose de nouveau quant à l'avenir.

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Jean-Noël Dibie pour Culture-Tops

Docteur en droit, Jean-Noël Dibie a une très longue expérience de l'audiovisuel et des médias : directeur de la SFP (Société française de production), responsable des affaires européennes à France Télévision, conseiller du directeur général de l'UER (Union européenne de radio-télévision). 

Aujourd’hui consultant, il s’investit dans les activités de recherche, notamment au sein d’EUROVISIONI, et d’enseignement (président du conseil pédagogique de l’EICAR, l’Ecole des métiers du cinéma de l’audiovisuel et des nouveaux médias, et chargé de cours à l’EDHEC).

Jean-Noël Dibie est l'auteur d'un A-book en six parties paru en 2014 sur Atlantico éditions : Communication politique, le plus vieux métier du monde

 

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LIVRE

No Society. La fin de la classe moyenne occidentale

de Christophe Guilluy

Ed. Flammarion

RECOMMANDATION 

          BON

THÈME

La thèse de Christophe Guilluy est claire : depuis le début des années 80, en Europe occidentale et en Amérique du Nord, une politique de privatisation et de réduction des dépenses publiques contribue à rompre le lien social, qui fait société. Le monde d’en haut, celui de la métropolisation, « forme géographique du processus de sécession de la bourgeoisie », a sacrifié la classe moyenne, socle des sociétés occidentales, sur l’hôtel de la mondialisation. Dés lors, en Occident, la crise de la représentation politique, l’atomisation des mouvements sociaux et la tendance à la communautarisation, qui menacent la démocratie, favorisent la vague populiste. Pour Guilluy, auquel l’on doit d’importants travaux sur une nouvelle géographie sociale, l’insécurité sociale et culturelle des populations des territoires périphériques portent ce populisme. Confrontées, notamment, à l’effacement progressif des services publiques, les classes populaires cherchent à combler le vide laissé par l’effacement de la classe moyenne, référent culturel d’un monde aux valeurs partagées.

Dans cette a-société, ouverte et mondialisée, le monde d’en haut, bourgeoisie asociale, s’installe dans le déni des réalités du monde d’en bas. Or, celui-ci est majoritaire, d’autant que les rangs des classes populaires sont grossis par les exclus, successifs, de la classe moyenne : ouvriers, employés, paysans, et bientôt fonctionnaires et retraités, encore protégés. Faute d’un objectif de bien commun, les électeurs du monde d’en haut affirment leur individualisme, alors que ceux du monde d’en bas affichent des solidarités contraintes et communautaires. 

A l’issu de cette analyse, Guilluy s’efforce de dessiner un scénario d’avenir. Il estime que la majorité des classes populaires, qui aspire à refaire société, à préserver le bien commun et les services publics, n’est pas révolutionnaire. La Révolution n’a pas sa place dans une a-société où s’opposent insatisfactions individuelles et revendications communautaires. Mais une vague populiste, portée par le Soft power du monde d’en bas, fait ressurgir nombre de thématiques interdites par le monde d’en haut : régulation économique, frontières, protectionnisme, contrôle des flux migratoires… 

POINTS FORTS

Une autre clé de lecture, celle d’un géographe, apportant un éclairage nouveau sur les incertitudes de notre monde.

Une analyse, bien documentée par une cartographie des mutations de la société néo libérale occidentale.

POINTS FAIBLES

La seconde partie, prospective, étayée par nombre de citations de spécialistes reconnus, n’est pas à la hauteur de l’analyse, subjective, de la fin de la classe moyenne occidentale.

EN DEUX MOTS

Cette lecture m’a certes donné matière à réflexion. Pour autant, la thèse de la fin de la classe moyenne occidentale, composante essentielle des démocraties, ne m’a pas plus convaincu que la théorie optimiste du Soft power populaire.

UN  EXTRAIT

Ou plutôt cinq:

Page 75 « C’est moins le niveau de revenus que la relégation culturelle et géographique qui façonne les nouvelles classes populaires. » 

Page 137 « Cet affaiblissement progressif de la gouvernance politique et sociale permet aujourd’hui de justifier la fuite en avant économique et sociétale promue par des classes dominantes désormais irresponsables. »

Page 175 « Dans le chao de la société relative, il n’y a pas grand-chose à attendre d’un monde politique paralysé par la fragmentation et la multiplication des revendications identitaires. »

Page 186 « L’éclipse culturel de la classe moyenne n’a pas fait disparaitre le peuple ni les continents populaires. »

Page 227 « Sorties de la classe moyenne, les nouvelles classes populaires ne disparaitront pas, elles continueront à défendre un capital social et culturel protecteur. »

L’AUTEUR

 Né en octobre 1954, Christophe Guilluy obtient en 1987 un master en géographie urbaine - Université Paris I Panthéon Sorbonne.

Consultant pour les collectivités territoriales, il élabore une nouvelle géographie sociale.

Ses publications, objets de débats, rencontrent un réel succès critique : 2004 « Atlas des nouvelles fractures sociales », 2010 « Fractures françaises », 2014 « La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires », 2016 « Le crépuscule de la France d’en haut », et donc 2018 « Nosociety. La fin de la classe moyenne occidentale ».

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