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"Les écologistes contre la modernité : le procès de Prométhée", de Ferghane Azihari
"Les écologistes contre la modernité : le procès de Prométhée", de Ferghane Azihari
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"Les écologistes contre la modernité : le procès de Prométhée" : une thèse originale, optimiste, constructive, à contre-courant des catastrophistes anti-modernes

Jean-Pierre Chamoux pour Culture-Tops

Jean-Pierre Chamoux pour Culture-Tops

Jean-Pierre Chamoux est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.
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Les écologistes contre la modernité : le procès de Prométhée

De Ferghane Azihari
La Cité, Paris
Octobre 2021
240 pages
18 €

THÈME

Nos contemporains sont-ils si mal dans leur peau qu'ils en oublient les bienfaits qu'ils doivent à la modernité ? Sont-ils tellement saturés par ces bienfaits qu'ils sont prêts à passer par pertes et profits l'effet vertueux de l'effort accompli en termes de santé, de sérénité et de confort, moral et matériel ?

Elevés dans le confort douillet d'une société organisée, protégée et policée, des écologues inconscients nous proposent revenir à “l'état de nature” qu'ils présentent comme un “Eden rousseauiste”vierge et bienveillant.

Ce faisant, ils nous trompent car quiconque observe le monde réel découvre que, sans l'appui de la modernité et de ses industries, nos conditions de vie s'effondrent, la vie s'écourte, la santé se dégrade, les femmes sont méprisées, les enfants malingres s'éteignent en bas âge ; abandonné, le milieu se dégrade tandis que la famine que l'on avait éradiquée renaît avec son cortège de maux, de prévarications et de prébendes !

L'auteur en apporte de multiples preuves. Composantes essentielles de la modernité, l'organisation, la prévoyance et la gestion du temps s'évanouissent là où s'arrête le développement; il serait donc suicidaire de céder au mirage édénique de “l'écologie profonde” et de “la théocratie verte” qui ne proposent rien d'autre qu'un remake des "lendemains qui chantent" que l'on croyait jetés aux poubelles de l'histoire depuis l'implosion du socialisme soviétique.

La décroissance volontaire conduirait au suicide social. Que ce soit par passion ou par inconscience, ceux qui nous proposent de “déifier la Terre”et de revenir au malthusianisme d'antan préparent (plus ou moins en secret) l'avènement d'un nouveau despotisme !

POINTS FORTS

Cet essai démonte le procédé que les prosélytes de l'écologie militante exploitent à satiété afin d'instiller l'angoisse dans le corps social et d'imposer aux esprit que la contrainte autoritaire pourrait seule limiter des dégâts imminents que l'on pronostique à grand renfort d'annonces : les catastrophes se multiplient, dit-on (du sang à la une); et ce risque est imminent pour tous (hyperbole des millénaristes).

Le but ultime de cette démarche est évidemment de mettre le monde politique sous tension afin de lui faire admettre le caractère inéluctable des mesures autoritaires qu'envisage l'écologie profonde : face à des phénomènes qui seraient à la fois incontrôlables et inéluctables, seules des mesures coercitives pourraient conserver pour chacun un peu du confort qu'il espère sauver des eaux montantes du Déluge à venir !

QUELQUES RÉSERVES

On peut regretter que ce "Procès de Prométhée" ouvre plusieurs pistes qu'il n'exploite qu'à moitié. Ainsi, l'auteur a-t-il entrepris un judicieux recensement de l'amélioration récente de l'efficacité des cultures, de l'élevage et de l'exploitation des ressources nécessaires à la vie moderne (annexe 4 pour 1980 à 2018). Il encense ainsi (mais sans les nommer clairement) les gains de "productivité" qui ont nourri le bien-être pendant un demi-siècle (effet bénéfique souligné par Kuznets, Clarke, Solow et Fourastié notamment). Azihari tient là un atout-maître qu'il n'exploite malheureusement guère (p. 108)! Gageons que ce n'est que partie remise!

ENCORE UN MOT...

Alliant une bonne maîtrise rhétorique, une curiosité de bon aloi et une réelle aptitude à soutenir l'attention du lecteur, ce petit essai de Ferghane Azihari poursuit sa critique de l'écologie militante. Il souligne que les tenants de l'écologie politique ressemblent étrangement aux marxistes d'hier qui, pour éradiquer leurs "ennemis de classe", promettaient au peuple des "lendemains qui chantent" au terme du long chemin d'abstinence que leur imposerait la nécessité immédiate (chapitre 6)!

UNE PHRASE

- A propos de l'insalubrité des eaux dans les pays pauvres (p. 61): "le développement économique est le meilleur procédé d'assainissement".

- A propos de la prescription écologique d'abandonner la croissance (p. 192): "Les décroissants d'aujourd'hui sont comme les marxistes d'hier : tiraillés entre ceux qui prédisent la chute inévitable du capitalisme et ceux qui souhaitent forcer le destin".

- A propos du travail des enfants (p. 33): "L'indignation ne survient que lorsque la possibilité se présente d'éradiquer ces phénomènes révoltants !"

- A propos du néo-malthusianisme (p. 76): "Multipliée par quatre depuis le début du XX° siècle, (la population mondiale) n'a jamais été aussi riche...le nombre des victimes des catastrophes naturelles n'a jamais été aussi faible!" etc.

L'AUTEUR

Approchant de la trentaine, Ferghane Azihari contribue activement au débat public sur l'économie, sur l'écologie et, plus généralement, sur les politiques publiques en France, en Suisse et ailleurs. Inspiré par le libéralisme politique, économique et sociétal d'inspiration autrichienne (Mises, Hayek et autres) ses contributions socio-politiques sont appréciées depuis plusieurs années.

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