"Le patio bleu" de Denis Tillinac : une bande d’amis dans une "tragi-comédie, un film de Sautet"<!-- --> | Atlantico.fr
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Le patio bleu de Denis Tillinac
Le patio bleu de Denis Tillinac
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Atlanti Culture

"Le patio bleu" de Denis Tillinac est à découvrir aux éditions Les Presses de la Cité.

Marie De Benoist pour Culture Tops

Marie De Benoist est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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"Le patio bleu" de Denis Tillinac 

Les Presses de la Cité - 311 pages - 20,00€

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Thème

A Condom, le Patio bleu réunit à l’heure de « l’apéro » un groupe d’amis fédérés autour de Marie-Anne, de son mari David et de leurs enfants, avec Bob, le médecin, Chloé, Véro et les autres. Leurs projets sérieux ou farfelus, leurs histoires d’amour finies ou renaissantes, leurs soucis, leurs secrets et les Gilets jaunes nourrissent leurs conversations. A l’heure de sa retraite de diplomate, le narrateur y a trouvé sa place après de nombreux postes à l’étranger ou à Paris. Influencé par son amie de toujours Marie-Anne, dont il ne peut se passer, il a, en effet, décidé de s’installer dans cette charmante sous-préfecture du Gers, pour fuir la capitale si artificielle, pour échapper aux méfaits du nouveau monde et pour jouir d’un « épicurisme somnolent ». Les souvenirs ressurgissent cependant dans sa mémoire de sexagénaire. Insatisfait de sa carrière dans les ministères ou dans les ambassades et déçu par ses rencontres amoureuses, il avait rêvé d’un rôle romanesque sans jamais l’atteindre et il en ressent un sentiment d’inachèvement. Très attaché à ses origines, à ses parents, et plus largement à la culture française, il regrette tout ce qui a disparu avec eux, comme s’il assistait à la fin d’une civilisation.

Points forts

• Le narrateur, comme l’auteur sans doute, porte un regard ironique sur le monde politique, dont il connaît si bien les codes, les clans, les combines locales, les pièges et les lâchetés.

• Il épingle avec humour ce nouveau monde, qui se substituerait à l’ancien, avec son cortège de bobos, ses rêves d’une vie « bio et cool », ses mœurs relâchées, son manque de tenue.

• Une galerie de personnages croqués avec un sens aigu de l’observation et une plume inimitable, parmi lesquels se distingue Marie-Anne, l’âme de la « maison du bonheur ». D’une beauté classique, elle assume à la perfection tous ses rôles, en particulier auprès de son père ministre. Secrète, pudique, parfois mélancolique, elle reste mystérieuse même aux yeux du narrateur, alors qu’ils partagent une amitié indéfectible et rare.

• La mort d’êtres chers est très présente, elle provoque chez lui, au-delà de la perte, une sorte de retour aux sources. Il évoque la sienne plusieurs fois, comme un signe prémonitoire.

Points faibles

• La fin manque de vraisemblance.

En deux mots ...

Ce dernier roman de Denis Tillinac, publié après sa mort, se lit comme un testament, tant il reprend ses thèmes favoris, sur l’air bien à lui de la nostalgie, sa « disposition naturelle. » Grâce à la bande d’amis de cette « tragi-comédie, (comme) un film de Sautet », le lecteur tombe sous le charme délicat des rêves inassouvis, des sentiments flous, des promesses illusoires de ces personnages si justes.

Un extrait

« Un bonheur triste, comme sont les vrais bonheurs. » p.121

La nostalgie : « à seize ans déjà, elle coloriait mes rêveries d’un ailleurs qui forcément se conjuguait au plus-que-parfait. Il y avait trop de jadis, de naguère et d’outre-tombe dans la chimie de mes neurones. » p. 294

« Le Patio bleu était redevenu le havre où tiédissaient nos indolences. » p.298

L'auteur

Né en 1947, Denis Tillinac est mort le 26 septembre 2020, un an après Jacques Chirac, dont il était proche. Journaliste et écrivain, il a dirigé les Éditions de la Table Ronde de 1991 à 2007. Il a publié une cinquantaine de livres, des romans, des essais et quelques biographies, et a été récompensé par de nombreux prix. On peut citer L'Été anglais, prix Roger-Nimier 1983, Maisons de famille, prix Kléber-Haedens 1987, La Corrèze et le Zambèze, prix Jacques-Chardonne 1990, Les Masques de l’éphémère, prix Paul-Léautaud 1999, Le Venin de lamélancolie, prix du Livre politique 2005, Dictionnaire amoureux du catholicisme (2011), Dictionnaire amoureux de la France, prix Maurice-Genevoix, prix Erwan-Bergot 2008, Dictionnaire amoureux du Général (2020).

Le clin d'œil d'un libraire

Librairie LE PASSAGE à Lyon. Les épidémies n’y passent pas, la culture si !

Passer le message, passer les idées, passer la culture, c’est-à-dire transmettre c’est le concept premier de cette librairie bien connue du cœur du Lyon historique. Mais cette institution de la capitale des Gaules c‘est aussi un passage très fréquenté du 2e arrondissement. Le PASSAGE est donc un lieu d’échanges privilégié qui a su résister à la pandémie grâce à une clientèle fidèle et qui n’a cessé de s’agrandir depuis 20 ans. Le clic et collect a permis d’éponger une partie de la chute des ventes (une partie seulement...) grâce au dévouement des 9 libraires de l’équipe.

« Les gens se sont habitués à commander ou à réserver les ouvrages. Avec 23 000 références surtout littérature et sciences humaines, on est centré sur littérature de création proposée par des éditeurs indépendants comme les Editions de Minuit ou P.O.L. On a toujours voulu défricher les nouvelles voies de la pensée… » confie Mathieu Baussart, co-directeur de cette librairie dans la force de l’âge (fondée il y a 20 ans !).

Bonnes lectures, nous repasserons vous voir dès l’ouverture des petits « bouchons », c’est écrit.

Librairie LE PASSAGE, 11 rue de Brest 62002 Lyon 

Texte et interviews réalisés par Rodolphe de Saint-Hilaire pour Culture-Tops.

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