"La Grâce" de Thibault de Montaigu : quand l’impossible n’existe pas, l’Homme se fait Dieu. Un livre auquel on prend goût comme si l’auteur était entré par surprise dans nos vies, nous révélant la sienne<!-- --> | Atlantico.fr
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Thibault de Montaigu a publié "La Grâce" aux éditions Plon.
Thibault de Montaigu a publié "La Grâce" aux éditions Plon.
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Thibault de Montaigu a publié "La Grâce" aux éditions Plon.

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"La Grâce" de Thibault de Montaigu 

Plon - 310 pages - 20 €

RECOMMANDATION
Excellent


THEME
Comment et pourquoi passe-t-on de l’athéisme le plus total à une vie où règnent la grâce et la foi ? C’est la question que se pose Thibault de Montaigu qui voit l’un de ses oncles passer d’une vie dissolue mais brillante à celle d’un frère franciscain ayant choisi le dénuement, le silence et la prière pour vivre au milieu des déshérités. Un pari bien hasardeux : celui où Dieu mène le bal et choisit les siens.

POINTS FORTS
Un récit dont la vérité claque comme un drapeau que des vents contraires voudraient abattre. A chaque page, le doute guette le lecteur comme il malmène l’auteur qui s’interroge : « si j’ai appris quelque chose depuis que j’ai entrepris ce chemin spirituel, c’est qu’il existe des vérités au-delà de la raison. Des vérités que l’on ne peut saisir qu’avec le cœur – ou l’intuition si l’on préfère. »

Tout d’un coup, l’étincelle embrase les pages, le rythme change, la plume de Thibault de Montaigu prend une résonance que l’on n’est pas prêt d’oublier. Nous voilà revenus en arrière au beau milieu des années 58/68. L’Eglise s’effondre, engloutissant les derniers lambeaux d’une foi éteinte. Les familles se divisent tandis que le monde se rue sur une liberté enfin conquise : celle du sexe à tout va et de l’anéantissement de pans entiers d’une France qui glapit et réclame son dû de perversités, de folies et d’extravagances. La fougue, l’insolence et l’injure règnent en maîtres ne faisant qu’une bouchée des usages et des faux semblants.

POINTS FAIBLES
Un début qui semble laborieux comme si le décor n’en finissait pas de se mettre en place et de changer d’angle. L’auteur nous dit son âge : 37 ans, sa situation familiale, ses angoisses, ses dépressions, son mariage. Surgit Dupont de Ligonnès, champion du meurtre familial et as incontesté d’une disparition bien menée. Se serait-on trompé de voie ? Un polar ? Pas du tout. Ouf ! Après la page 68, le navire de Thibault de Montaigu atteint la haute mer et la Grâce dégage l’horizon.

EN DEUX MOTS
Un livre auquel on prend goût comme si l’auteur était entré par surprise dans nos vies, nous révélant la sienne, tantôt chaotique tantôt sûre d’elle-même. Nous voilà embarqués sur un radeau dont le maître d’équipage nous laisse le gouvernail. Saurons-nous quoi en faire et viendrons-nous, comme lui, à douter de l’orientation de nos vies ? S’il faut l’en croire,“ il y a plus de sagesse à accepter le monde dans toute sa beauté et sa souffrance plutôt que de s’insurger en vain contre lui. Voilà la vérité. C’est un cataclysme intérieur ”. Arrivés aux dernières pages, le pari de la foi joue une dernière fois à qui perd gagne.

UN EXTRAIT
« Dieu précisément commence là où s’arrêtent les mots. Il est la dernière parole que l’homme puisse prononcer, celle au-delà de laquelle la conscience ne peut plus s’aventurer. Il est cette syllabe par laquelle le monde commence et se referme. »

« Il faut parfois faire le deuil du bonheur pour être heureux. Il faut parfois abandonner l’idée de jouer un rôle à tout prix pour trouver enfin le sien. Il faut parfois ne rien réclamer à l’existence pour que tout nous soit offert par surcroît. »

L'AUTEUR
Thibault de Montaigu, 41 ans est connu à la fois par ses romans et par sa carrière de journaliste qui a démarré en 2003 à Libération, puis au Point, à Paris-Match, l’Officiel, L’Officiel Homme. Depuis 2018, il est rédacteur en chef de L’Officiel Voyage. La Grâce (Plon, 2020) est son cinquième roman, après Les anges brûlent (Fayard, 2003), Un jeune homme triste (Fayard, 2007), Les grands gestes la nuit (Fayard, 2010), Zanzibar (Fayard, 2013) et un essai Voyage autour de mon sexe (Grasset, 2015).

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