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"1h22 avant la fin" de Mathieu Delaporte : un huis-clos savoureux
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Et c’est la Mort qui l’a assassiné...

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann pour Culture-Tops

Jean Ruhlmann d’abord professeur d’histoire en collège, est actuellement enseignant-chercheur en histoire contemporaine à l’université de Lille – Charles de Gaulle. Le théâtre est une passion qui remonte à sa découverte du Festival d’Avignon ; il s’intéresse également aux séries télévisées. Il est, avec Charles Edouard Aubry, co-animateur de la rubrique théâtre et membre du Comité Editorial de Culture-Tops.

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THÈME

• Bertrand Léveillé, « 38 ans et toujours puceau après 25 ans de râteaux », désormais lassé d’une existence insignifiante, décide d’en finir pour de bon, après une nième tentative lamentablement ratée, à l’exemple de sa vie. 

 Au moment de se jeter par la fenêtre du 4e étage, voilà qu’on frappe à sa porte : c’est un homme armé d’un revolver, qui déclare calmement vouloir le supprimer comme ça, pour tromper l’ennui...

• Balançant entre se donner la mort ou la recevoir, Bertrand engage la conversation avec cet étrange personnage, qui hésite à son tour à s’exécuter en l’exécuteant, et finit par lui révéler qu’il n’est autre que ... la Mort !

POINTS FORTS

• Les comédiens tiennent la promesse d’un tête-à-tête serré et à huis clos : Kyan Khojandi en désespéré, à la vie sans relief ni attache, et bien sûr Éric Elmosnino, qui suscite à la fois l’inquiétude et l’hilarité, tant sa désinvolture étudiée et désabusée fait mouche. On en peut s’empêcher de penser à Michel Simon en « démon de seconde catégorie » dans La Beauté du diable (René Clair, 1950)...

• Quelle bonne idée d’avoir imaginé ce personnage de la Mort en VRP débutant, coaché par un certain « Jean-Jacques » ! Les auteurs tirent toutes les conséquences d’un postulat s’inspirant de « l’uberisation » des sociétés contemporaines. Cela donne lieu à des scènes tragi-comiques, des dialogues loufoques, absurdes et des réparties savoureuses, sans oublier les ultimes rebondissements, où tout finit bien... et mal à la fois !

QUELQUES RÉSERVES

Une mise en route un petit peu laborieuse, une fois l’effet de surprise consommé.

ENCORE UN MOT...

• En 1h22 (pile), quelques questions importantes sont abordées : demander à être tué est-ce être assassiné ? Peut-on renoncer à être supprimé par autrui et accepter de se suicider ? 

• La pièce, transverse entre les genres artistiques, montre bien comment, pour une certaine catégorie d’individus empêchées dans leur expression, les chansons populaires et de variété parviennent à traduire leurs états d’âme. Comme le dirait Claude Lelouch dans ses célèbres aphories (« L’amour c’est mieux que la vie ») : « La vie, c’est le temps qui reste à vivre » !

UNE PHRASE

• Bertrand : « Mais pourquoi on dit la Mort, si vous êtes plusieurs ? »
La Mort : « On est plein ! Pourtant, on dit la Mort, comme on dit la Police ! »

• La Mort [expliquant pourquoi on l’a affecté aux suicidaires] : « On commence par les passagers qui ont envie de venir... »

• La Mort [hésitant à tuer Bertrand] : «  Et si on allait se faire le mec du dessus ? »
Bertrand : « C’est une fille ! »
La Mort : « C’est pas grave, ça meurt aussi ! »

L'AUTEUR

• Mathieu Delaporte est auteur, réalisateur et producteur. Il a déjà à son actif, Le Prénom, nominé aux Molière, qui sera adapté au cinéma, et quatre autres longs métrages, interprétés par les plus grands (M. Kassovitz, M .Foïs, L. Lafitte, A. Fleurot, G. de Tonquédec, F. Luchini).

• Au théâtre, il a écrit Tout ce que vous voulez avec son complice Alexandre de la Patellière, puis adapté Par le bout du nez de l’espagnol R. Madaula. Delaporte écrit, et passe pour la première fois à la mise en scène avec de la Patellière  pour 1h22.

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