Zelensky, président super-héros (sauf sur le front de la corruption en Ukraine…); Macron candidat Top Gun; Biden président fragilisé par la polarisation de l’opinion américaine; Poutine, dictateur à la balle dans le pied<!-- --> | Atlantico.fr
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La guerre en Ukraine est au coeur de l'actualité et des Unes des principaux magazines cette semaine. Le Point et L'Express ont enquête sur Volodymyr Zelensky.
La guerre en Ukraine est au coeur de l'actualité et des Unes des principaux magazines cette semaine. Le Point et L'Express ont enquête sur Volodymyr Zelensky.
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi : La ruée vers l’école privée à Paris.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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« Héros de la liberté Volodymyr Zelensky » à la Une du Point, « La bascule du monde » à la Une de l’Obs qui a choisi une photo déjà vue dans le monde entier, celle d'une icône, celle d'une femme effrayée devant un immeuble en ruine. « Qui pour arrêter Poutine ? » à la Une de l’Express. Les trois hebdos proposent des numéros spéciaux consacrés à la guerre en Ukraine où reportages, analyses, interviews se côtoient et dominent le traitement de l’actualité.

Marine Le Pen contre le JDD

Selon l’Obs, Marine Le Pen a indiqué sur Twitter qu’elle se réservait le « droit de saisir la justice » contre une « manœuvre » du « Journal du Dimanche ». En cause : sa « tribune » consacrée ce dimanche au conflit ukrainien dans laquelle elle critiquait la « négation des préoccupations légitimes de la Russie » par « des puissances étrangères ». Une position qui colle à celle de Moscou dans sa justification d’envahir son voisin. Mais selon la candidate et son conseiller Hervé Juvin, il s’agissait là d’un « document préparatoire », transmis par l’eurodéputé au « JDD » avant le début des frappes russes.

Claude Bartolone va-t-il soutenir Emmanuel Macron ?

L’Obs remarque que « tout au long du quinquennat, le chef de l’Etat a multiplié les attentions à l’égard de de Claude Bartolone l’ancien président de l’Assemblée nationale. En décembre 2019, il lui a personnellement remis les insignes d’officier de la Légion d’honneur. « Si le projet d’Emmanuel Macron répond aux aspirations du peuple de gauche, s’il a tiré les leçons de la crise en termes de services publics et de partage des richesses, alors je m’exprimerai en sa faveur. » Celui qui se dit « toujours socialiste » jure qu’il attend « de voir », mais semble plutôt bien disposé. »

Mélenchon et Poutine

« Mélenchon n’a jamais rêvé d’un « Poutine français », à l’instar d’Eric Zemmour remarque l’Obs. Il n’a jamais non plus été reçu par le chef d’Etat russe lui-même au Kremlin comme le fut Marine Le Pen. Mais il a toujours éprouvé une certaine admiration pour ce grand pays qui tient tête aux EtatsUnis. Au point que, depuis une bonne douzaine d’années, il a acquis la solide réputation d’être « poutinolâtre ». Sur tous les plateaux télé, il s’en défend, jure qu’il ne voue aucun culte à cet ex-colonel du KGB. »

Dans l’Express, Anne Hidalgo s’en prend vertement à Jean-Luc Mélenchon. Selon elle, « il est devenu l'allié et le soutien de Vladimir Poutine. C'est lui qui a dit que Poutine était un héros pour la Syrie, aux côtés de Bachar el-Assad. C'est lui qui a soutenu le régime de Nicolas Maduro au Venezuela, qui tirait à balles réelles sur son peuple. Les Français n'ont pas envie d'un homme qui n'a que deux préoccupations : la mort du PS - qui, pourtant, l'a bien nourri -, et son obsession anti-américaine.  (…) Cette guerre en Ukraine montre le vrai visage de Jean-Luc Mélenchon. Qui peut imaginer se réveiller un matin avec un président de la République qui transforme les agresseurs en agressés, avec un leader de la gauche comme lui ? Nous serions alors les vassaux de la Chine et de la Russie. C'est un populiste, ce n'est pas la gauche, en tout cas pas la gauche républicaine »

Eric Zemmour et Marine Le Pen, selon Anne Hidalgo « sont d'extrême droite et lui d'extrême gauche. Ils sont tous les trois populistes et, en bons populistes, ils ont tourné casaque sur la question ukrainienne, parce qu'ils ont vu que les gens ne les suivaient pas. La réalité, c'est qu'ils ont été des agents qui ont servi les intérêts de Poutine plutôt que ceux de la France, »

Pour Macron : la campagne « en même temps » que la guerr

L’Obs analyse la position délicate dans laquelle se trouve Emmanuel Macron :« A un mois du premier tour de l’élection présidentielle, et alors qu’Emmanuel Macron doit mener bataille pour sa réélection, le conflit ukrainien percute de plein fouet les dernières semaines de son quinquennat. Lui dont le mandat a déjà été perturbé par la crise des « gilets jaunes » et par deux années de pandémie est de nouveau rattrapé par l’histoire. Le voilà donc aujourd’hui sommé de résoudre une équation inédite pour un président, du moins dans le passé récent de notre pays : comment mener une campagne électorale pendant un conflit armé ? Comment apparaître comme un candidat audacieux, voire disruptif, et, en même temps, comme un leader capable de rassembler et surtout de rassurer une opinion française stupéfiée par la menace nucléaire brandie à Moscou ? « 

« On pensait faire une campagne sous Covid, on se retrouve à faire campagne en temps de guerre », résume un cadre de La République en Marche (LREM). D’une guerre à l’autre, de celle contre un virus invisible à celle bien réelle qui ensanglante l’Ukraine, le chef de l’Etat, également président du Conseil de l’Union européenne depuis le 1er janvier, jongle désormais entre conseils de défense et réunions d’urgence avec ses homologues internationaux. La course à l’Elysée a beau avoir débuté, le dossier ukrainien occupe désormais, et c’est peu de le dire, l’écrasante majorité de son emploi du temps. »

La Pologne face aux réfugiés

L’Obs souligne que la Pologne était déjà une terre d’accueil pour 1,5 million d’Ukrainiens avant l’invasion de Vladimir Poutine. L’Union européenne doit se préparer à une crise humanitaire « aux proportions historiques, a déclaré Janez Lenarcic, commissaire européen à l’Aide humanitaire et à la Réaction aux crises, la plus grande sur notre continent depuis de très nombreuses années ». Si le conflit persiste, il pourrait y avoir plus de « sept millions de déplacés ».

La volte-face de Berlin

Cent milliards d’euros débloqués pour moderniser l’armée. constate l’Obs : « Minimum 2 % du PIB désormais consacrés chaque année à la défense. Mille lance-roquettes et 500 missiles sol-air fournis aux Ukrainiens. Le feu vert donné à l’Union européenne pour exclure plusieurs banques russes du système d’échanges bancaires internationaux Swift. La certification du gazoduc Nord Stream 2 suspendue… Berlin tire un trait sur deux sacro-saints piliers de sa politique : la neutralité militaire et la « diplomatie du chéquier ».

Ukraine : Volodymyr Zelensky nouveau héros

Comédien devenu chef d’Etat sans aucune expérience politique, le président de l’Ukraine impressionne la planète par son sang-froid et son courage note l’Obs.

Le Point dresse un portrait nuancé de Volodymyr Zelensky , 44 ans, président de l’Ukraine, unanimement salué pour son courage face à l’invasion de son pays par la Russie.

Le Point ne cache pas les échecs de celui qui a été élu en avril 2019 avec plus de 73% des voix : « Il arrive au pouvoir avec un programme porteur d’espoirs. Il promet deux choses : l’éradication de la corruption et la fin de la guerre dans l’est de l’Ukraine. Deux échecs. En dépit de quelques réformes, le pays vit à l’ère des pots-de-vin. Exemple : en mars 2020, le frère du chef de l’administration présidentielle est filmé en train de monnayer des postes au sein du gouvernement. « Dans ce domaine, nous en sommes toujours au Moyen Âge », déplore l’analyste politique Mykola Davydyuk. Selon l’ONG Transparency International, l’Ukraine se classe au troisième rang des pays les plus corrompus en Europe, après la Russie et l’Azerbaïdjan. Les fauteurs ? Les oligarques habitués à confondre leurs profits avec les caisses de l’État. Zelensky rechigne à rompre avec l’un d’entre eux, Igor Kolomoïski, 59 ans, son sponsor durant la campagne électorale, qui aurait détourné 5,5 milliards de dollars de PrivatBank, la première banque d’Ukraine. Kolomoïski demeure sous le coup d’une inculpation aux États-Unis pour « corruption aggravée ». Mais dans son pays, il n’est nullement inquiété. » 

La Russie vue par un ex-conseiller de Gorbatchev

L'ex-conseiller, et porte-parole de Gorbatchev, Andreï Gratchev, juge l’attitude de Poutine. Selon lui, l’homme du Kremlin « se trompe. Il pense que la société russe est prête à accepter son mode de fonctionnement « poutinien » alors qu’elle est ouverte sur le monde et l’Europe. Je pense qu’il va se retrouver de plus en plus en porte-à-faux vis-à-vis de sa population. La nouvelle nomenklatura au pouvoir à Moscou tente de présenter sa propre survie comme l’un des intérêts vitaux de la nation russe. Pour durer, elle se barricade et fait de la Russie une forteresse assiégée. Car c’est derrière un rideau de fer qu’on est le mieux protégé et qu’on peut arrêter les horloges et le temps politique. » 

Selon Gratchev, Poutine aurait lancé cette guerre, en partie pour protéger son pouvoir. « Mais malheureusement pour lui, l’inverse est en train de se produire. Les Américains qui se désintéressaient de l’Europe sont en train de revenir. (…) Et les sanctions vont faire beaucoup de mal à son économie. » 

Ukraine : une mauvaise passe pour Biden

Pour Le Point, Joe Biden « a beaucoup à perdre dans un conflit qui intéresse peu les Américains. Selon un sondage AP-Norc, seuls 26 % d’Américains souhaitent que les États-Unis y jouent un rôle majeur. Selon Gallup, à peine 36 % approuvent la façon dont le président américain la gère, alors qu’il répète qu’il n’y enverra pas de troupes. « Les Américains ne veulent pas d’intervention militaire, mais ils ne veulent pas non plus que Poutine s’en sorte en toute impunité, analyse Peter Feaver, professeur de sciences politiques à l’université Duke. Ce que fait Biden est plus difficile que ce qu’a fait Bush après le 11 septembre 2001. La polarisation est aussi bien supérieure. Beaucoup d’Américains désapprouvent sa politique, même s’ils ne veulent pas vraiment qu’il agisse autrement. » 

La crise en Ukraine, conforte Emmanuel Macron

Le Point estime que «  Mécaniquement, cette crise gravissime et inédite conforte Emmanuel Macron, déjà favori de la compétition. Pour ce jeune président profondément pro-européen, qui cherche à marquer l’Histoire de son empreinte, cette guerre est aussi sa chance, son heure de vérité, le moment de sceller son destin sur la scène internationale. » 

« Prêt à prendre « tous les risques », fasciné par le courage de son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, 44 ans comme lui, il garde en mémoire l’audace de François Mitterrand se rendant en 1992 à Sarajevo, assiégé par les Serbes, et celle de Nicolas Sarkozy sautant en 2008 dans son Airbus A330 pour empêcher les chars russes de violer la Géorgie. « Macron, c’est Top Gun ! » soupire un pécressiste. Père de la nation, président en exercice du Conseil de l’Union européenne, surfant de réunions de l’Otan en sommets bruxellois… Le costume est parfait pour une réélection. »

Ukraine : Poutine a ressuscité l'Otan

L’Expresssouligne que « Affaiblie par le mandat de Donald Trump, l'Alliance atlantique parle aujourd'hui d'une seule voix, condamnant l'invasion russe et massant ses troupes dans les pays proches de l’Ukraine. »

Sous la présidence de Donald Trump, « la Maison-Blanche laissait régulièrement planer le doute sur le respect de ses engagements militaires auprès de ses alliés européens et Trump a promis à plusieurs reprises de quitter l'Otan en cas de réélection. Son mandat avait laissé l'Alliance atlantique "en état de mort cérébrale", selon la formule controversée d'Emmanuel Macron de novembre 2019. » 

«  Deux ans plus tard, Vladimir Poutine l'a ressuscitée : ses 30 pays membres, Turquie comprise, condamnent à l'unisson l'agression russe et massent des troupes dans les pays proches de l’Ukraine. »

« Contrairement à Trump, qui avait fait revenir des milliers de soldats américains depuis l'Europe, Joe Biden vient d'envoyer 7 000 militaires sur le Vieux Continent, principalement en Pologne et en Estonie. Des avions de chasse français, espagnols et danois patrouillent dans le ciel des pays Baltes, la Suède et la Finlande se rapprochent d'une adhésion à l’Otan. »

La ruée vers l’école privée à Paris

A lire dans l’Express parmi les rares sujets qui ne sont pas consacrés à l’Ukraine, celui de l’école privée dans la capitale. L’enseignement privé sous contrat y attire 37 % des élèves du secondaire.

« La situation est d'autant plus brûlante que la mixité sociale est un défi constant. "Les collèges de la capitale comptent 16 % d'élèves d'origine sociale défavorisée. Or, dans le privé, on n'en retrouve que 3 %... Contre 23 % dans le public. Cet écart est le plus élevé de France", explique Julien Grenet, chercheur spécialiste des inégalités scolaires. »

« De plus en plus de parents, plutôt marqués à gauche, attachés à la mixité et jusqu'ici "pro-public" se résignent à rédiger des lettres de motivation pour inscrire leurs enfants dans des institutions religieuses : il s'agit là de la seule alternative... pour éviter le collège public de secteur. En cause, une forme de ségrégation sociale, criante à certains endroits. "Ces parents se retrouvent face à un choix cornélien : opter pour un "ghetto privé" ou pour un "ghetto public". Sachant que ni l'un ni l'autre ne reflète la réalité sociale de leur quartier", déplore Julien Grenet. »  

L'opération Barkhane n’est pas un échec

L’Express porte un regard positif sur l’opération Barkhane: « La paresseuse assertion selon laquelle la France aurait échoué au Mali mérite, quelques jours après l'annonce par Emmanuel Macron de la fin de l'opération Barkhane, qu'on lui fasse un sort. D'abord, on ne peut sérieusement parler de succès ou d'échecs sans revenir à l'objectif original de l'opération lancée par François Hollande en janvier 2013 : empêcher une troupe djihadiste - qui progressait rapidement vers Bamako après avoir occupé et martyrisé plusieurs villes du Mali - de s'emparer de la capitale. La victoire fut d'autant plus incontestable et précieuse qu'aucune autre puissance n'aurait été capable de dépêcher de tels moyens humains et matériels de grande qualité en quelques heures et que, sans elle, une capitale musulmane aurait été conquise pour la première fois par des djihadistes. On ajoutera que, depuis, ces derniers n'ont investi ni Bamako ni aucune agglomération malienne ou sahélienne majeure. »

« L'opération Barkhane est un échec pour ceux qui pensent à tort qu'elle eut aussi pour mission d'y résoudre la corruption, la gabegie sociale, le clanisme ou encore les rivalités interethniques (en l'espèce liées aux Touareg du Nord). »

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