Explosion du marché de la triche dans les études en ligne : de quoi fragiliser les diplômes obtenus sur internet ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Avec la révolution de l'apprentissage en ligne, la fraude se développe elle aussi en parallèle.
Avec la révolution de l'apprentissage en ligne, la fraude se développe elle aussi en parallèle.
©DR

Le minute tech

Les cours en ligne se développent à grande vitesse. Ils représentent environ mille milliards de dollars aux Etats-Unis. Mais avec cette révolution de l'apprentissage, la fraude se développe elle aussi en parallèle.

Yves Epelboin

Yves Epelboin

Yves Epelboin est professeur honoraire à l’UPMC-Sorbonne Universités où il a été directeur du numérique pour l’enseignement de 2007 à 2013. Il a co-écrit un ouvrage sur les MOOC, s’exprime sur ce domaine dans la presse et est expert auprès de la Communauté Européenne sur l’enseignement numérique.

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Atlantico : Les cours en ligne sont très attractifs et permettent de recevoir une bonne éducation sans avoir besoin de se déplacer. Un inconvénient majeur semble être la fraude qui représente un marché à part entière aux Etats Unis. Qu'en est-il en France ? Quelles sont les techniques de fraude ? Peut-elle représenter un marché à part entière ?

Yves Epelboin : Je ne suis pas convaincu que la fraude soit un « marché à part entière » où que ce soit. Je ne l’ai jamais vue évoquée à aucun congrès spécialisé dans ce domaine. Les principales plateformes de MOOC délivrent des certificats qui vont de la simple attestation de participation, c’est à dire sans aucune valeur, jusqu’à des certificats vérifiés qui font appel à des technologies sophistiquées de contrôle ou à la bonne vieille méthode classique d’examens en présentiel. FUN, en France, se limite pour le moment à de simples attestations et étudie les diverses technologies possibles. Les universités qui proposent un enseignement à distance emploient la forme classique de contrôle en salle, quitte à ouvrir des salles d’examen en différents points du globe. On tient même compte du décalage horaire le cas échéant. Les techniques de fraude sont les mêmes, quelque soit la forme d’enseignement : usurpation d’identité et/ou emploi de documents interdits ou, en présentiel copie sur le voisin. Les méthodes de surveillance visent à les déjouer. Personne ne peut garantir une efficacité à 100%, pas plus d’ailleurs dans l’enseignement traditionnel ou à distance.

La fraude peut-elle représenter un obstacle à la délivrance de diplômes officiels et reconnus issus de cours en ligne ? Où en est la reconnaissance des diplômes en France et dans le monde ?

L’enseignement à distance existe partout dans le monde. Certaines universités sont plus en avance que d’autres. La fraude n’est pas un problème particulier. Elle n’est pas supérieure à ce qui peut se passer dans un amphithéâtre. Les diplômes obtenus par la voie de l’enseignement à distance sont reconnus comme les autres. Ils ne présentent pas de spécificité particulière de ce point de vue. La méthode de fraude la plus courante est le forgeage de faux diplômes, ce qui amène les universités à mettre en place des services pour attester (après accord de la personne concernée) de leur véracité lorsqu’un employeur ou une autre université le demande. En soit aujourd’hui la simple fourniture d’un diplôme sur papier n’a plus grande valeur.

Aux Etats Unis le marché des cours en ligne représente environ mille milliards de dollars. Où est le marché des MOOCs en France ? A-t-il le même succès ? Comment expliquer cette envie d'apprendre ?

L’enseignement à distance est bien plus développé aux Etats-Unis qu’en France. Cela s’explique par des droits d’inscription élevés, l’enseignement à distance permettant de réduire les coûts à condition de s’adresser à un nombre suffisant d’étudiants. Les universités sont motivées par le fait que c’est un moyen pour attirer de nouveaux clients donc d’augmenter leur revenu à investissement quasiment constant. Ces motivations ne concernent guère la France où le coût des études est modeste, le plus souvent, et où l’enseignement à distance s’adresse principalement à des personnes engagées dans leur vie professionnelle qui cherchent à acquérir de nouveaux diplômes.

Le marché des MOOC en France va plutôt bien. La plateforme nationale FUN est la seconde d’Europe après Futurelearn en Grande Bretagne. Dans le privé il existe de nombreuses initiatives privées, plus orientées formation continue, comme Openclassrooms, qui fonctionnent très bien. Si on tient compte du handicap linguistique par rapport à l’américain - l’expérience montre un rapport de 1 à 10 pour le même cours sur la même plateforme US - nous avons peu à leur envier.

Il existe diverses motivations pour apprendre : la première et la plus fréquente est la volonté d’améliorer sa situation professionnelle et son employabilité : un MOOC bien choisi peut être un supplément précieux dans la recherche d’un emploi. La seconde est la recherche de connaissance. Des MOOC, sans aucune ambition professionnelle, comme l’impressionnisme ou l’histoire de la guerre de 14-18 ont rencontré un grand succès en France.

Quelle est l'efficacité d'un cours en ligne ? Est-ce que l'on arrive à avoir la même qualité qu'un cours plus traditionnel donné par un professeur présent physiquement ?

Le taux d’échec de l’enseignement en ligne est élevé. Cela tient notamment à l’isolement des étudiants et la difficulté à avoir des échanges personnels avec les enseignants et les autres participants mais la web visioconférence commence à pallier à cet obstacle. La principale difficulté tient à au fait que la plupart de ces étudiants  travaille et cela demande beaucoup de courage et d’abnégation ainsi que beaucoup de compréhension de son environnement familial pour pouvoir consacrer le nombre d’heures nécessaire afin de suivre un enseignement.

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