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Rentrées fiscales plus faibles que prévu : bienvenue en Austérie
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Le nettoyeur

Bercy a confirmé vendredi que le budget de l'Etat avait affiché l'an dernier un déficit de 74,9 milliards d'euros, en recul sur un an, mais supérieur aux prévisions gouvernementales.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Quelle surprise ! Le déficit de 2013, à 74,9 milliards d'euros, est plus élevé que le chiffre prévu par la loi de finances de 72,1 milliards. La raison ? Des rentrées fiscales plus faibles que prévues. Les dépenses ont été plus faibles de 100 millions au montant prévu.

Bref, rien de surprenant.

Rien de surprenant car la première chose à comprendre sur les déficits - chose non comprise par nos dirigeants, à la fois français et européens - est que le principal critère qui détermine les déficits est non pas l'impôt ou la dépense, mais la croissance.

S'il y a croissance élevée, il y a, toutes choses égales par ailleurs, plus de rentrées fiscales et moins de dépenses sociales. S'il y a croissance faible, pour les mêmes raisons, il y a moins de rentrées fiscales (puisque moins d'activité économique) et plus de dépenses sociales. Si on veut réduire les déficits, il faut augmenter la croissance.

De plus, étant donné que la dépense fiscale est toujours les revenus de quelqu'un, et que les impôts sont toujours extraits des revenus de quelqu'un, baisser la dépense et augmenter les impôts risque plus d'augmenter le déficit que de le faire baisser. C'est exactement ce qui s'est passé. Le déficit est plus important que prévu. Pourquoi ? Rentrées fiscales plus faibles que prévues. Pourquoi ? Politique d'austérité, qui fait baisser la croissance.

Dans une telle situation, si les partisans de l'austérité ne changent pas de méthode, on rentre dans un cercle vicieux : l'austérité appelle plus d'austérité qui appelle plus d'austérité. Ce qui dans un contexte de taux souverains historiquement bas ne se justifie pas d'un point de vue d'endettement public. C'est ça qui a plongé la Grèce dans une désastreuse récession.

Cette réalité têtue pose des problèmes à nos deux camps idéologiques.

La droite, d'abord : non, quand on est en sous-régime économique, il ne faut pas baisser la dépense publique. Et une baisse de la dépense publique ne peut pas, à elle seule, relancer la croissance. Au contraire, elle l'affaiblit.L'obsession de la droite, et en particulier des syndicats patronaux, pourtant en plein accord avec le corporatisme à la française, avec la baisse de la dépense, est désastreuse. On est là typiquement face à une idéologie qui va à l'encontre des intérêts même de ceux qui la défendent.

Mais la gauche aussi : pourquoi, plus précisément, les rentrées fiscales sont-elles plus faibles que prévues ? Parce que le gouvernement a augmenté les impôts. Ca remet sur le tapis la fameuse idée de la courbe de Laffer, selon laquelle il est possible, dans certaines circonstances, d'augmenter les recettes publiques en baissant les impôts, car cette baisse d'impôts relance l'activité économique. La version “forte” de l'idée de Laffer - que les baisses d'impôts sont un déjeuner gratuit qui ne lèse personne - est rarement vraie. Mais la version “faible” - qu'il y a une dynamique entre impôts et croissance, et qu'augmenter trop les impôts peut affaiblir à la fois l'économie et les recettes fiscales - est presque toujours vraie. Etant donné l'imposition drastique qui existe en France, et les taux souverains français historiquement bas, il y a de plus en plus de raisons de faire une politique, non pas à la Merkel ou même à la Thatcher, mais à la Reagan - c'est à dire avec des baisses drastiques, complètes, généralisées des impôts.

Mais sans baisser la dépense.

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