Quand une icône se décongèle et quand se dessine un bouquet napolitain : c’est l’actualité des montres en mode ventôse<!-- --> | Atlantico.fr
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Un affichage qui remet les phases de la Lune au cœur de la montre (Code41).
Un affichage qui remet les phases de la Lune au cœur de la montre (Code41).
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Atlantic-Tac

Mais aussi des facettes minimalistes d’un carré noir dans le carré noir, une Lune duodécimale, un tonneau recalé pour décaler tout le monde, une fusée lunaire en plein Paris et une plongeuse qui brasse des centaines de milliers d’euros…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ICE-WATCH : Boulot, maillot, tonneau…

Encore un mystère de l’horlogerie contemporaine : si les boitiers « tonneau » restent très minoritaires dans l’offre masculine [on peut estimer que moins de 10 % des montres proposées par toutes les marques sont de forme « tonneau »], ils le sont encore plus dans l’offre féminine contemporaine – alors que cette forme est une des plus appréciées par les femmes qui aiment les montres ! Allez comprendre… Jamais en panne d’une idée d’avance, Ice-Watch l’a compris avec sa nouvelle collection Boliday, un néo-anglicisme qui combine habilement « business » (disons « boulot ») et « holidays » (« vacances »), voire même « bold » (« audacieux ») pour caler la montre dans un univers contemporain qui a tendance à marier vie privée et vie professionnelle, loisirs et télétravail, sérieux et décontraction, tailleur executive woman, maillot de bain ou robe de soirée avec la même montre. La preuve par le cadran de style haute horlogerie, qui s’institue en pied de nez à la belle horlogerie classique (affichage du jour, de la date et des vingt-quatre heures de la journée). Ceci pour la forme (boîtiers de 34,5 mm), mais, pour la couleur, Ice-Watch a voulu se lâcher dans le néo-chic pétaradant, avec une palette de treize nuances mises en valeur par l’aluminium anodisé : pour moins de 170 euros, on joue comme on aime et on change souvent de Boliday avec cette collection d’un même… tonneau ! Avec de confortables bracelets en silicone, il fallait bien cette audace pour réveiller l’entrée de gamme de l’horlogerie européenne, déjà dynamitée par Ice-Watch il y aura bientôt vingt ans (la marque a été fondée en 2007).

BELL & ROSS : Facettes minimalistes…

Si les collections BR (boîtiers « carrés ») ont toujours été à l’avant-garde stylistique des propositions de Bell & Ross, la série des BT Cyber est à l’avant-garde de cette avant-garde ! À plus forte question quand il est question, comme avec cette BR 03 Cyber Ceramic d’allier un matériau aussi contemporain que la céramique noire, aux audaces formelles voulues par Bruno Belamich, le designer de Bell & Ross. Il a choisi pour cette BR 03 Cyber Ceramic des angles et des facettes qui évoquent les bombardiers furtifs et les chars d’assaut de nouvelle générale. L’enchevêtrement mécanique du mouvement automatique « squeletté » ne fait qu’ajouter sa complexité pour souligner la fausse simplicité d’une céramique qui est tout sauf banale : on échappe ici à la dialectique subtile du « rond dans le carré » des autres BR pour découvrir le « carré dans le carré » de ce boîtier octogonal taillé en 42 mm de large [un jour, même les rouages de ce genre de mouvements finiront par afficher des engrenages à géométries non linéaires]. Bien entendu, le large bracelet en caoutchouc noir, parfaitement intégré dans ce boîtier sans « cornes », ajoute à la dimension profondément sombre aux lignes minimalistes de cette surprenante BR 03 Cyber Ceramic. Une montre qui donne un avant-goût de la post-modernité horlogère…

DIOR : Re-naissance d’un icône…

« Chiffre rouge » : une forme de légende néo-horlogère, née d’une montre unisexe créée voici exactement vingt ans par Hedi Slimane, qui était alors le directeur artistique de Dior. Une montre qui avait tout d’une future icône, sauf que la maison Dior a pris une autre orientation horlogère [plus féminine, plus précieuse et plus joaillière], ce qui a mis en sommeil le potentiel de cette Chiffre rouge, qui n’était plus connue que d’une poignée de nostalgiques de ce boîtier asymétrique et de sa couronne rouge déportée à quatre heures. En pleine effervescence créative, Dior a exhumé cette Chiffre rouge de ses archives pour la moderniser par un travail subtil sur les formes, sur les couleurs et sur les citations « couture » de rigueur dans la maison – une mission pas facile, compte tenu de la densité du contenu horloger de la création initiale d’Hedi Slimane, un des rares designers de mode à comprendre quelque chose à l’horlogerie. L’audace asymétrique du boîtier est toujours présente : elle se trouve même renforcée par l’élargissement non symétrique du boîtier. La couronne crantée est un peu moins rouge, mais tout aussi spectaculaire à quatre heures : l’aiguille des secondes passée en rouge répond ici au chiffre rouge du guichet de la date, sachant que le « 8 », chiffre fétiche chez Dior, passe en rouge une fois par mois [rappelons que le rouge était, pour Christian Dior, la couleur même de la vie] ! Note couture : le cannage du cadran et du bracelet se trouve de modèle en modèle [la nouvelle collection en compte… huit, bien sûr, cinq dans l’immédiat et trois d’ici à la fin de l’année]. Deux tailles relativement unisexes (38 mm et 41 mm) mais tout de même assez « genrées » pour trouver leur place aux poignets qui conviennent. Assez de déclinaisons mécaniques, du chronographe au tourbillon, avec des « calibres » horlogers de réputation, pour rassurer les puristes. Beaucoup de créativité joaillière au programme pour garantir l’élégance d’une esthétique capable d’accompagner toutes les situations, du quotidien à l’exceptionnel. La nouvelle Chiffre rouge redevient l’icône qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : ce ne sont pas les amateurs qui le regretteront – même les amoureux de l’ancienne version vintage n’y trouveront rien à redire…

HERMÈS : Douze lunes…

Un ciel nocturne de nacre relaquée de bleu et piquée de sept diamants sur fond d’étoiles plus lointaines : la Lune s’est promène dans un croissant semé d’étoiles, tandis qu’une ronde de 70 diamants en « sertissage descendu » [technique qui met le mieux en valeur les facettes de ces pierres] enserre cette mise en lumière. Les 38 mm de cette précieuse montre Arceau Petite lune Ciel étoilé en acier (remontage automatique) n’ont rien d’ostentatoire : Hermès joue dans l’élégance maîtrisée d’un luxe aussi discret que statutaire (comptez tout de même dans les 17 000 euros pour suivre les évolutions de cette splendeur tout au long du mois lunaire) : hier 25 janvier, première des douze pleines lunes de l’année 2024, c’était la Lune du loup. Un bracelet en alligator bleu saphir s’assortit aux irisations d’un cadran qui semble reposer sur l’étrier – Hermès oblige de son boîtier aux attaches asymétriques…

BEAUREGARD : Vertige napolitain…

Le corail rouge est tellement associé, depuis l’Antiquité, au savoir-faire des artisans italiens qu’on le nomme aujourd’hui « corail rouge de Naples ». C’était un des « trésors » qui ont permis de créer d’innombrables joyaux, des fastes de la Pompéi antique à la Renaissance : on disait que la tête de Méduse tranchée par Persée s’était transformée en corail rouge au contact des algues de la Méditerranée. C’est un matériau naturel, d’un rouge orangé vif, à la croissance très lente (un centimètre par an) que les pêcheurs napolitains doivent à présent chercher jusqu’à cent mètres de fond et qu’ils n’ont le droit de ramasser que quatre mois par an. Chaque pétale de corail rouge de cette Lili Bouton est taillé à la main, poli et serti par les artisans de l’équipe d’Alexandre Beauregard, à Montréal (Canada), jusqu’à former un bouquet de trente-trois pierres qui seront cerclées de trente-six diamants d’une montre de 33 mm finalement assemblée en Suisse : c’est ainsi que Beauregard est la plus francophone et la plus « suisse » des marques nord-américaines. L’extraordinaire précision de cette montre joaillière se mérite au prix fort (comptez 37 000 euros, avec un mouvement électronique), mais la qualité de la réalisation d’une telle splendeur est époustouflante au poignet : on oublie la prouesse technique pour imaginer nos ancêtres les Romaines avec de tels joyaux au poignet – elles auraient adoré !

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté

•••• ESKA : « Atlantic-Tac » vous parlait la semaine dernière de la nouvelle marque indépendante d’origine française Eska et de la relance d’une copie conforme de la légendaire montre de plongée Amphibian 600. Rebaptisée Amphibian 250, la nouvelle montre de la nouvelle équipe d’Eska est déjà un immense succès sur Kickstarter : le compteur des précommandes a dépassé les 300 000 euros en vingt-quatre heures, un bel exploit pour une équipe inconnue qui n’avait jusqu’ici comme seul atout que la force d’une communauté de « nostalgiques » des montres de l’ancienne maison Eska. Mission accomplie, donc, cette Amphibian s’annonçant comme une des montres les plus intéressantes de ce début 2024. Son prix de souscription sur Kickstarter (888 euros) est lui aussi une bénédiction, compte tenu du rapport qualité-prix de cette « plongeuse » très désirable… •••• CODE41 : lancement réussi pour la fusée lunaire de nouvelle génération Moon Inception : la jeune marque indépendante suisse Code41 a réussi sa mise sur orbite, avec quelques gags de communication [comme une fusée lunaire posée sous le regard des policiers devant l’Arc-de-Triomphe de l’Étoile, à Paris : ci-dessous] et surtout avec un excellent démarrage de la souscription sur le site de la montre – on ne va plus tarder à dépasser les 550 000 euros, avec 350 montres déjà précommandées au prix de lancement (un peu moins de 3 500 euros, contre 4 500 euros de prix public ultérieur). Comme il reste moins de 150 pièces à vendre, un bon conseil : ne traînez pas si cette montre à phases de lune d’un nouveau style vous tape dans l’œil !

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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