Quand le quetzal se remplume et quand s’allument dix LED : c’est l’actualité de rentrée des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Une mécanique horlogère montée sur quatre roues (Label Noir x L’Épée 1839)…
Une mécanique horlogère montée sur quatre roues (Label Noir x L’Épée 1839)…
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Atlantic Tac

Mais aussi des fuseaux nostalgiques de l’aluminium, un double anneau des secondes, un bolide horloger retouché en noir, un retour des 24 Heures du Mans et un salon horloger en perspective…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LEDERER : L’élégance de l’ultra-précision…

Nous avions considéré cette montre axée autour de l’ultra-précision révolutionnaire de son mouvement comme une des montres de l’année 2020. Ses menus défauts esthétiques en ont été magistralement corrigés : non contente d’être encore plus pointue sur le plan de la chronométrie [le haut niveau de précision d’une montre au fil des jours], la version 2021 peut se flatter d’une élégance aussi superlative que les moindres finitions de sa mécanique. Les deux trains de rouage séparés – ils se corrigent en s’améliorant mutuellement – se dévoilent grâce à deux compteurs des secondes déportés sur la gauche d’un cadran superbement guilloché. On va vous épargner les détails techniques qui ont permis de parvenir à ce niveau de précision, mais il faut savoir qu’on est ici dans la lignée des grands chronométriers du XVIIIe siècle, mais avec les contraintes d’espace et de fiabilité qu’impose une montre-bracelet. Dans la tradition des pièces réalisées par Abraham Louis Breguet et améliorée au XXe siècle par George Daniels, ce chronomètre à impulsion centrale témoigne à ce jour d’une des plus importantes avancées des beaux-arts de la mécanique horlogère au XXIe siècle : il permet à au maître-horloger Bernhard Lederer, Allemand d’origine qui a installé son atelier en Suisse, d’inscrire son nom à la suite de ces grands anciens. Les grands collectionneurs vont adorer ce chronomètre, mais les petits vont se contenter de l’admirer compte tenu de son prix (un peu plus de 130 000 euros) qui peut sembler élevé, mais qui semble justifié par les qualités de la montre et la distinction dont elle témoigne au poignet..

THE ELECTRICIANZ : Allumez le feu…

N’allez pas croire que les horlogers suisses se contentent de la réédition perpétuelle des glorieuses « icônes » lancées par leurs aînés : certains d’entre eux innovent et explorent les chemins – parfois pavés d’échecs – d’un nouvel avenir pour des métiers qui ont résisté à toutes les révolutions technologiques depuis quatre siècles. On n’en voudra donc pas à la jeune équipe de la jeune marque indépendante The Electricianz (ELZ pour les initiés) d’avoir réveillé la mécanique traditionnelle d’une montre-bracelet en lui ajoutant une dizaine de LED qui éclairent à la demande le cadran et qui se permettent même de mettre brièvement en lumière la course des secondes : il suffit d’appuyer sur le poussoir à gauche du boîtier pour déclencher cette féérie lumineuse, plus proche du sabre laser de Star Wars que du ballet des aiguilles patiemment polies à la moelle de gentiane – les générations horlogères passent, les valeurs changent ! Une fois retombées les paillettes lumineuses de cette féérie, la montre reste une montre d’allure traditionnelle, avec un design malgré tout avant-gardiste. Cette Hybrid Mechanical Time Display (43 mm, mouvement automatique) est actuellement en souscription sur Kickstarter, où elle semble lancée sur une orbite qui la mènera près du demi-million d’euros [après deux jours de campagne, on est déjà à 550 % du financement demandé]. The Electricianz – qui ne bénéficie pas du Swiss Made pour d’obscures raisons bureaucratiques – est un des jeunes ateliers horlogers les plus créatifs de la Suisse horlogère : c’est peut-être le bon moment pour s’initier aux avancées de la nouvelle génération horlogère…

BVLGARI : Des fuseaux nostalgiques…

Cette Bvlgari Aluminium GMT fait preuve d’un optimisme réjouissant : elle se pose en signal de reprise du nouvel âge des voyages internationaux qui ne manqueront pas de reprendre dès la fin de l’actuelle pandémie. Il suffit d’y croire, mais, même si le redécollage prendra du temps, on pourra toujours prendre du plaisir avec cette montre de voyageur : nées dans les années 1990 et vite devenues légendaires, les Aluminium de Bvlgari n’ont rien perdu de leur séduction, ni de leur identité – boîtier fin et léger du fait de l’aluminium [c’était même la première montre de luxe proposée dans ce métal], lunette large et bleu, bracelet en caoutchouc doublement gravé Bvlgari, cadran sobre, etc. La version GMT (pour Greenwich Mean Time, système de gestion du temps universel officiellement abandonné depuis 1972, mais les horlogers suisses sont durs à la détente) reprend cette année tous les codes classiques des montres à fuseaux horaires : quatrième aiguille à grosse pointe pour indiquer un second fuseau horaire sur la bague intérieure des vingt-quatre heures et division bicolore des heures (théoriques) de jour et de nuit, le tout réglage par la couronne de remontage. Détail sympathique et séduisant : la montre, qui est étanche à 100 m, est restée dans ses 40 mm d’origine, ce qui est imposant et l’époque et juste normal aujourd’hui. Avantage annexe : le prix relativement accessible de cette Aluminium GMT (environ 3 500 euros) ne manquera pas de lui ouvrir le chemin de nouveaux poignets au sein d’une nouvelle génération qui découvrira avec surprise que, lors du lancement de la montre, en 1998, les Boeing 747 d’Alitalia parcouraient le ciel du monde entier avec une énorme Bvlgari Aluminium peinte sur leur nez…

XR BY : Pour la plus grande gloire de l’artisanat français…

Le nom de cette nouvelle marque française peut sembler énigmatique, mais on le décode facilement : XR pour les initiales de son créateur, le franc-comtois Xavier Rousseau, né dans une famille d’horlogers bisontins, lui-même cadranier et ingénieur en micromécanique. C’est à un autre fils de notre Franche-Comté qu’il a emprunté la devise qui donne du sens à sa démarche : « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue ». Son idée à lui est d’associer à sa marque d’autres créateurs, d’où le « by » qui place d’emblée sa maison dans le sillage d’un des artisans de génie qui ont fait reconnaître leurs métiers d’art horlogers comme un des éléments du patrimoine de l’humanité. Rien de moins. Pour sa première proposition, voici donc XRby… Rose Saneuil, une artisane française en marqueterie, diplômée de l’École Boulle et basée à Paris. Celle-ci nous propose sa vision du quetzal, oiseau de liberté aux couleurs chatoyantes. Symbole sacré des anciens Mayas, dont le magnifique plumage couleur émeraude est à peu près impossible à rendre en photo. Rose Saneuil a donc choisi d’exprimer cette extravagance de la nature en jouant sur des matières, issues du vivant, comme l’érable moucheté, la loupe de mythe, le sycomore jaune, la paille vert d’eau, le parchemin, le sycomore vert amande, le charme vert amande, le sycomore ondé, le charme vert sapin, le paille vert kaki, le tulipier, la paille, le cuir de veau et le sycomore noir, et les élytres de scarabées aux nuances inimitables. Autant d’éléments (216 au total et 16 matières utilisées) à disposer avec un soin minutieux : on image les heures de travail pour réaliser un seul cadran ! Le mouvement automatique qui anime cette montre est signé Schwarz Étienne, une mini-manufacture dont on commence beaucoup à parler. Les

montres portent fièrement leur estampille « Made in Jura Mountains » [pourquoi ce choix de l’anglais, c’est absurde et ridicule !], parce qu’intégralement réalisées dans le massif jurassien où on ne parle que français. XRby : l’horlogerie française relève la tête, y compris pour ce qui concerne les métiers d’art – seuls les initiés savaient jusqu’ici que les grandes marques suisses devaient recourir aux artisans français pour leurs créations dans ce domaine. Sauf que les marques suisses feraient payer pour une telle montre trois ou quatre fois le prix demandé par XRby (un peu moins de 20 000 euros). Après Rose Saneuil, d’autres grandes figures françaises de ces métiers d’art seront mobilisées par XRby…

LABEL NOIR x L’ÉPÉE 1839 : À fond la caisse…

L’atelier genevois Label Noir, spécialiste de la personnalisation des icônes horlogères [le grand chic est de noircir ou de recolorer les Rolex] s’est allié avec le très créatif pendulier suisse L’Épée 1839 pour tenter les amateurs de belles mécaniques horlogères avec un bolide Time Fast D8. C’est une horloge de table avec des roues, mais il n’alourdira pas votre empreinte carbone qui vous ferait le plein : cette mécanique fonctionne à… l’huile de coude, puisqu’on ne la remonte qu’une fois par semaine, en déplaçant les roues arrière, exactement comme les voiturettes à rétro-friction de notre enfance. Attention, cependant : ce « jouet de garçon », facturé autour des 31 000 euros dans son rhabillage en noir mat par Label Noir, est un chef-d’œuvre de haute mécanique, dont les moindres rouages sont conçus et fabriqués avec la même précision que ceux d’une montre de grand luxe. Pour les détails du mouvement, jetez un œil sur le cockpit : sous la bulle, les secrets d’un ensemble de rouages qui se coulent dans la carrosserie. L’heure se lit sur des rouleaux latéraux, la remise à l’heure de l’horloge s’effectuant en tournant le volant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. 38 cm de long pour cette pièce entièrement travaillée à la main par des « carrossiers » spécialisés.

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• GENEVA WATCH DAYS : ne manquez pas, la semaine prochaine, le seul et unique salon horloger tenu physiquement en Suisse en 2021. Une cinquantaine de marques – grandes et petites, nouvelles ou confirmées – ont prévu de se retrouver à Genève, sur les bords du lac, pour faire découvrir leurs nouveautés de l’année aux détaillants, aux médias et aux collectionneurs. Beaucoup d’excellentes surprises sont au programme… •••• SOCIOFINANCEMENT : les campagnes de crowdfunding – en bon français, « sociofinancement » – de cette rentrée sont bien lancées. Sur Kickstarter, en plus de la souscription pour la montre hybride proposée par The Electricianz (voir ci-dessus), on remarque des opérations à six montres comme la montre NASA Apollo 15 de l’équipe californienne Xeric (qui a déjà raflé treize millions de dollars avec sa douzaine de campagnes précédentes), ainsi que la campagne pour la « plongeuse » plus noire que noire des Tchèques de Chronotechna ou l’offre hongkongaise de Selten Watch Co, qui ose le cadran en météorite pour une montre automatique vendue 250 euros… •••• RESERVOIR : pour porter une montre qui a effectivement « couru » les Vingt-Quatre Heures du Mans, la jeune maison indépendante française Reservoir a trouvé la solution – embarquer une série limitée (24 pièces, forcément) de sa montre GT Tour IDEC Sport Racing à bord des voitures de cette écurie. L’une de celles-ci – Oreca n° 48 – ayant terminé à la sixième place de la catégorie LMP2 à l’issue de l’édition 2021, la série est donc « baptisée » en course et on peut s’offrir le luxe de porter au poignet une montre passée par l’enfer du Mans (ci-dessous)…

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• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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