Quand Boba joue du jet-pack et quand Alain réjouit les jours : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Une évocation microsculptée du plus célèbre chasseur de primes de la galaxie (Kross Studio)…
Une évocation microsculptée du plus célèbre chasseur de primes de la galaxie (Kross Studio)…
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Atlantic-Tac

Mais aussi quelques ritournelles galactiques, une grande fraîcheur boréale, un instrument nautique indestructible, des enchères qui vont battre des records et un shopping de luxe à la kalashnikov…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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MILUS : Coquetteries esthétiques…

On chérit d’autant plus la marque Milus qu’elle est, à ce jour, la seule marque suisse jamais revenue de l’« enfer » chinois – comprenez la seule marque suisse initialement rachetée par des investisseurs chinois, « plantée » par eux comme il se doit [on ne connaît pas un seul exemple de succès dans ce genre d’opérations], puis rapatriée en Suisse par des investisseurs locaux ! Le meilleur étant maintenant que les montres Milus, ayant retrouvé honneur et dignité, sont particulièrement intéressantes. Témoin, la dernière Snow Star Boreal Green, esthétiquement descendante de la Snow Star des années 1940 [du temps où l’US Navy équipait ses pilotes avec des montres Milus et de quelques pièces d’or, pour qu’ils puissent négocier ces valeurs sûres s’ils étaient abattus en territoire ennemi], mais rajeunie avec un cadran vert très boréal, celui des forêts profondes du grand nord de l’hémisphère nord. Un vert qui fait vibrer d’une certaine lumière le cadran d’une montre automatique protégée par les 39 mm d’acier de son boîtier. Notez, pour la coquetterie esthétique, les chiffres rouges de la date : c’est le détail chic « à l’ancienne » qui fait mouche. La coquetterie commerciale, ce sera le prix, contenu autour des 1 700 euros pour un chef-d’œuvre de la simplicité Swiss Made contemporaine.C’est une des meilleures affaires de ce printemps 2022, a fortiori avec un cadran vert, la couleur tendance de la saison…

LOUIS ÉRARD x ALAIN SILBERSTEIN : Allégories géométriques…

Encore Alain Silberstein ! La semaine dernière, Atlantic-Tac vous présentait la montre Type 1 développée avec la jeune marque indépendante belge Ressence. Le revoici cette semaine avec un duo de montres « régulateur » (affichage séparé des heures, des minutes et des secondes) imaginé avec Louis Érard. Impossible de ne pas reconnaître dans ce Diptyque, au premier coup d’œil, la patte du meilleur designer horloger de sa génération, les couleurs primaires dans le goût du Bauhaus, les aiguilles « géométriques » et le dépouillement d’un cadran qui pourrait passer pour austère si chaque jour de la semaine n’était repéré par un pictogramme (à six heures, au-dessus de la date) : chaque jour affiche un visage différent, avec son humeur et, bien sûr, son humour. Cette codification très allégorique et fortement symbolique du temps qui passe est proposée par Louis Érard – maison indépendante récemment relancée par Manuel Emch – dans un coffret de deux pièces facturé autour des 8 000 euros – même le prix en francs suisses est symbolique : 7 777 CHF ! Comme il n’y aura que 178 Diptyque mis sur le marché et que les précédentes éditions s’arrachent maintenant sur le marché secondaire à des prix multipliés par deux ou trois, il est fort possible que cette série soit épuisée avant même que vous ayez fini de lire cette chronique…

MB&F x REUGE : Ritournelles galactiques…

Cette MusicMachine 1 n’est pas, à proprement parler, un « objet du temps », mais elle est signée par un « laboratoire créatif » qui a créé quelques-unes des montres les plus intéressantes de ces dernières années (MB&F, soit Maximilian Büsser & Friends) et elle a été réalisée par la dernière grande entreprise spécialisée dans ce qui était une des spécialités mécaniques les plus célébrées de la Suisse – les « boîtes à musique », qui sont construites avec la même minutie et avec les mêmes techniques que les mouvements d’horlogerie. Fidèle à son concept de « jouets de garçon », ancrés à la fois dans les codes contemporains et dans les traditions mécaniques de la culture horlogère, cette MusicMachine est une « boîte à musique » profilée comme un vaisseau spatial futuriste : on la remonte mécaniquement pour lui faire jouer, sur des « rouleaux » tout ce qu’il y a de plus classique, des ritournelles qui le sont moins, comme la Marche impériale de la Guerre des étoiles ou Another brick in the wall des Pink Floyd. Le fameux Imagine de John Lennon qui tinte comme sur les piano-bars mécaniques d’avant les juke-boxes électroniques, c’est tout de même une autre ambiance [on aura un aperçu de ces musiquettes dans la vidéo ci-dessous]. Bien entendu, quand on dit « jouet de garçon », cette MusicMachine à poser sur tout bureau vraiment chic est un jouet pour happy few, puisque la série a été limitée à 33 pièces dans chacune des couleurs retenues (bleu, rouge, noir) et que le prix de vente devrait légèrement dépasser les 20 000 euros – soit le prix d’une très belle montre suisse, le tout faisant à peu près 38 cm de large pour 47 cm de long et pesant trois kilos. Un constat : ces ritournelles modernes jouées à l’ancienne détendent les nerfs, mais elles ne sont pas encore remboursées par la Sécurité sociale…

RALF TECH : Émotions viriles…

Le meilleur moyen de se faire remarquer, c’est encore de porter une montre particulièrement furtive : c’est justement la spécialité horlogère de la jeune marque indépendante française Ralf Tech, une des références secrètes de bon nombre d’unités spéciales et de troupes d’élite, en France comme à l’étranger. La nouvelle WRX Electric Black Camo Phantom [est-ce que ce ne serait pas plus chic, pour une marque tricolore, d’écrire tout ça en bon français ?] se propose ainsi d’équiper les poignets avec une montre aussi reconnaissable que reconnue, mais en toute discrétion : cette WRX étanche à 1 000 m est équipée d’un mouvement « électrique » suisse (mécaquartz hybride, avec au moins douze ans de réserve de marche !) et elle dispose d’assez de repères luminescents pour y voir clair en opération. Attention : poignets de poulet s’abstenir, on donne ici dans le 47,5 mm de diamètre et 6 mm d’épaisseur – c’est un « instrument professionnel », mais quelle gueule au poignet ! Est-ce un hasard si les nageurs de combat du fameux Commando Hubert de la Marine nationale ne jurent que par Ralf Tech ? Pour faire comme eux, l’équipe de Ralf Tech ne vous délestera que de 2 000 à 2 200 euros selon les versions : dans dix ans, lors de la première révision conseillée pour cette WRX, vous vous apercevrez que vous n’avez guère dépensé que moins de vingt euros par mois, soit beaucoup moins d’un euro par jour, pour une montre aussi indestructible quoique capable de générer des émotions fortes à votre poignet…

KROSS STUDIO : Aventures hyperspatiales…

Le plus redoutable chasseur de primes de la galaxie est de retour au poignet : si vous n’avez pas une once de culture Star Wars, vous ne comprenez rien à ce dont il est question quand on parle de Boba Fett, qui apparaît dans la première séquence La Guerre des étoiles (aujourd’hui, épisode IV) et qui aura même ensuite droit à sa propre série, le Livre de Boba Fett (2021). Trop d’enfants ont vibré aux aventures de ce guerrier au visage masqué par un surprenant casque spartiate pour que Boba Fett ne soit pas devenu un des personnages principaux de la saga Star Wars, capable même d’éclipser d’autres héros de la série. Un des plus remuants ateliers de la jeune horlogerie suisse, Kross Studio, le place au centre de sa dernière création, avec un « tourbillon » mécanique qui fait virevolter le vaisseau du chasseur de primes au centre du cadran, sur sa plateforme d’atterrissage et sous le dôme de cristal qui coiffe une montre en titane de 45 mm. Le tout mécanique comme il se doit (220 composants), mais avec une attention artistique très pointue pour reproduire, en mini-sculpture, le vaisseau et sa plateforme, mais aussi son missile préféré (c’est l’aiguille des secondes) ou le jet-pack qu’il actionne pour voler plus vite (c’est l’aiguille des heures). On baigne ici dans la rétronostalgie la plus assumée pour adulescents (adultes restés adolescents) post-modernes, la seule règle du jeu étant d’avoir les 120 000 euros nécessaires pour offrir à son poignet les fétiches identitaires de ce chasseur de primes.

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• ENCHÈRES : vous en entendrez forcément parler. C’est ce week-end que début la traditionnelle session de printemps des enchères horlogères à Genève (Suisse). Un peu plus de 1 500 montres de collection vont changer de main, moyennant une très grosse centaine de millions d’euros, flambés sur l’autel de la passion horlogère par quelques dizaines de milliers d’amateurs venus du monde entier, sur place ou en ligne, pour se voir adjuger des montres dont le commun des mortels ne comprend pas en quoi elles peuvent différer des montres de Monsieur Tout-le-Monde – sauf qu’elles valent parfois quelques millions d’euros. Le cœur des collectionneurs a ses raisons que la raison ne connaît pas… •••• KALASHOPPING : ce nouveau concept désigne le fait de faire son shopping horloger, kalashnikov à l’épaule, en parlant sans payer les pièces de joaillerie dont on vient de s’emparer. La vidéo ci-dessous démontre avec quel calme quatre malfrats ont pu braquer la boutique Chanel de la rue de la Paix, au cœur de Paris, en pleine après-midi, à quelques dizaines de mètres du ministère de la Justice, avant de s’enfuir en moto : celui qui faisait le guet dehors, au centre du carrefour, avait tranquillement sa Kalashnikov à l’épaule, comme tout chasseur du dimanche a son calibre 12 pour traquer les lapins ! C’était une scène ordinaire de l’insécurité à Paris, capitale internationale du luxe, du calme et de la volupté… •••• ELKA WATCHES : une bonne nouvelle, la renaissance de la marque Elka Watches, relancée en hommage à celle qui existait dans les années 1960 [Elka faisait alors développer ses montres par les plus grandes marques suisses, comme Ulysse Nardin], mais aussi parce que son re-créateur s’appelle tout simplement Hakim El Kadiri, « El Ka » pour ses copains ! Ce jeune vétéran des batailles horlogères – 23 ans passés du côté du Swatch Group – connaît toutes les ficelles du métier : on ne s’étonnera donc pas du néo-classicisme revendiqué de ses premières montres, de toute façon très inspirée par l’esprit des montres Elka des sixties (ci-dessous), dont elles reprennent les codes, pour les remixer en mode mixte, masculin ou féminin, au choix – le tout Swiss Made avec d’excellents mouvements mécaniques nés dans les meilleures manufactures suisses. On vous en reparlera dès le lancement prochain de la campagne de sociofinancement sur Kickstarter…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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