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François Hollande réalise une percée significative.
François Hollande réalise une percée significative.
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Dans la course à la primaire socialiste, François Hollande semble marquer des points ces derniers temps. Réélu, sans grande surprise, à la tête du Conseil général de la Corrèze, l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste s’affiche aujourd’hui comme l’un des concurrents les plus sérieux de Dominique Strauss-Kahn !

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Qui François Hollande séduit-il à gauche ?

Guillaume Peltier : Dans le sondage IFOP France Soir du 4 avril dernier, il progresse de 7 points auprès de l’ensemble des sympathisants de gauche (22% contre 15% en février et 11% en janvier, contre 37% pour DSK, en baisse de trois points et 18% pour Martine Aubry), mais il s’agit d’un phénomène d’autant plus marqué si on l’analyse auprès des seuls sympathisants socialistes, comme l’illustre le tableau ci-dessous.

Avec 25%, soit une hausse de 10 points en un mois, François Hollande réalise une percée significative auprès de celles et ceux qui seront appelés, à l’automne prochain, à choisir leur candidat à l’élection présidentielle. D’autant plus que Dominique Strauss-Kahn chute de sept points, atteignant son plus mauvais score, que Martine Aubry stagne dangereusement autour de 15% et que Ségolène Royal s’effondre sous la barre des 10%.

Avis des sympathisants du Parti socialiste


Comment analyser cette percée ?

Jérôme Fourquet : Elle intervient après l’annonce de sa candidature et après que DSK a à la fois envoyé de nouveaux signaux tout en ne décidant pas davantage. François Hollande, lui, avait annoncé qu’il se présenterait s’il était réélu aux cantonales, il l’a été et deux jours plus tard il l’a fait. Il apparaît cohérent et déterminé. 

Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn sont, eux, dans une partie de ping pong « je n’y vais pas si tu y vas » qui n’évolue pas.

Quels sont les forces et les faiblesses de François Hollande selon les catégories de population ?

GP : Selon le sondage IFOP/France-Soir, ses zones de force se situent auprès des 50-64 ans (35%) et des plus de 60 ans (30%), susceptibles de davantage se mobiliser lors des primaires que les catégories populaires auprès desquelles il ne recueille que 15% en moyenne.

JF : François Hollande fait mouche chez ceux qui s’intéressent encore à la politique, et beaucoup moins chez ceux qui ne suivent ça que de loin comme les jeunes ou les catégories socio-professionnelles moins favorisées. Il souffre d’un certain déficit sur le terrain de la notoriété. Il n’est pas aussi grand public que Dominique Strauss Kahn ou Ségolène Royal. Ceux qu’il séduit sont ceux qui sont capables de décrypter un minimum les atouts de sa candidature, comme les soutiens dont il dispose au sein du PS en raison de sa longue expérience comme premier secrétaire.

C’est d’ailleurs cette même expérience qui aux yeux des jeunes le prive du bénéfice du renouveau. Pour les 18-24 ans, il est perçu comme un élément du système. 

GP : Malgré ses élans programmatiques relatifs à la jeunesse, il souffre d’une vraie faille chez les jeunes : chez les moins de 35 ans, il n’arrive qu’en 3ème position derrière DSK (38%), Ségolène Royal (21%), et à égalité avec Martine Aubry (17%) !

Quelle différence peut-on établir entre la structure de popularité de François Hollande en 2011 et celle de Ségolène Royal en 2006 ?

JF : A l’époque du choix du candidat socialiste en 2006, seuls les adhérents du PS votaient ce qui évidemment induisait une problématique différente pour les candidats en lice.

Ségolène Royal en 2007 savait séduire les catégories les plus détachées de la politique. Elle surperformait sur la province et les milieux populaires et dans une moindre mesure, sur les jeunes et les femmes. Son discours assez peu formaté détonnait par rapport aux canons du PS.

Quelle est la carte de la popularité de François Hollande ?

GP : Géographiquement, il séduit plus les habitants du Sud-Ouest (27%) que ceux du Nord-est (13% seulement), terre de mission qu’il devra « labourer » dans les mois qui viennent s’il souhaite pouvoir l’emporter.

JF : Le grand Sud-Ouest, c’est chez lui. Les retraités et les fonctionnaires y sont surreprésentés. C’est une région un peu protégée des aspects les plus brutaux de la mondialisation tels que les délocalisations ou la désindustrialisation.  Le discours modéré de François Hollande y est mieux perçu que dans d’autres régions plus exposées qui attendent peut-être des discours plus tranchés ou plus combattifs. 

Dans le Nord-Est, la sociologie de la gauche est différente, plus populaire et plus ouvrière. Ce sont des endroits où le vote pour le non au référendum sur la constitution européenne était très élevé.

Le Nord, c’est enfin la région où la concurrence de Martine Aubry se fait le plus sentir.

Quels sont les marges de progression de François Hollande pour consolider sa candidature dans la course aux primaires socialistes ?

GP : Combler ses retards sociologiques et géographiques évoqués plus haut semble devoir être sa priorité dans la campagne interne, sans oublier l’élément fondamental des alliances pour profiter de l’éloignement de DSK de la barre des 50%. Que feront les amis de Ségolène Royal, de Martine Aubry, d’Arnaud Montebourg ou de Manuel Valls en cas de duel Strauss-Kahn/Hollande ?

JF : François Hollande a besoin de soigner sa gauche. Il obtient de meilleurs résultats sur les sympathisants socialistes que sur les sympathisants de gauche en général (25% contre 22%). Sur les sympathisants du front de gauche, il est au coude à coude avec DSK et Martine Aubry. En revanche, sur les sympathisants de Lutte Ouvrière et du NPA, il n’est qu’à 16% contre 28% pour DSK et 24% pour Aubry.

GP : Une certitude aujourd’hui : le président du Conseil général de la Corrèze, terre de présidentiables et peut-être de présidents, sait que lui aussi peut battre Nicolas Sarkozy, à l’instar de Dominique Strauss-Kahn selon les dernières intentions de vote présidentielles dans lesquelles il recueillait entre 22% et 24% au premier tour, et de 54% à 56% au second…

JF : Les chances de sa candidature dépendent largement de sa capacité à prendre la main sur le calendrier des mois à venir. Face à Dominique Strauss Kahn, on est sur un affrontement qui porte essentiellement sur la forme, pas sur des différences idéologiques comme il pouvait en exister entre Mitterrand et Rocard. Le combat Hollande/ DSK/ Aubry se fera sur le style et sur le rythme de la campagne. Il n’y a pas de conflit idéologique entre eux.

Guillaume Peltier pour la Lettre de l'opinion

Jérôme Fourquet pour l'IFOP

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