Opération "Mos Maiorum" : la "grande rafle" de l'Europe sur les migrants illégaux qui scandalise les internautes <!-- --> | Atlantico.fr
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Un agent de Frontex, l'agence européenne de contrôle des frontières européennes.
Un agent de Frontex, l'agence européenne de contrôle des frontières européennes.
©Reuters

Revue de blogs

25 pays européens, du 13 au 26 octobre, mènent une action coordonnée dans 25 pays pour effectuer des contrôles sur les immigrants dits illégaux. Le nom officiel de l'opération est Mos Maiorum. Les réseaux sociaux l'appellent "la grande rafle" et les activistes se mobilisent.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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Ce n'est pas la première fois que l'Europe coordonne une opération ponctuelle dans tout l'espace Schengen contre l'immigration illégale, mais c'est la première fois qu'elle provoque une réaction également coordonnée sur les réseaux sociaux. Et qu'elle met beaucoup d'Européens très mal à l'aise. Les urgences et déclarations entrent en collision frontale : d'un côté, la CE, et jusqu'à l'ONU, veulent mettre fin aux naufrages de bateaux de migrants qui se déroulent chaque jour en Méditerranée. Trois milles personnes se sont noyées en tentant d'arriver en Italie ou en Espagne depuis le début de cette année. De l'autre, les pays membres d'Europe du Sud veulent "arrêter l'invasion", et l'Italie, la plus concernée, est actuellement à la présidence de l'Europe.

"Mos Maiorum" signifiait, dans la Rome antique, "mœurs des anciens" ou "coutumes des ancêtres". Les moeurs modernes, et en particulier celles de l'ONG britannique State Watch, a fait fuiter en juillet le document préparatoire de l'opération. Depuis, la mobilisation des activistes "anti rafle" s'est organisée en ligne, et si bien, qu'elle a aussi semé la panique chez des résidents étrangers à priori non concernés. Quelques chancelleries ont organisé des réunions d'information pour rassurer leurs ressortissants en Belgique. 

Une des affiches en 8 langues sur les "rafles" de l'opération "Mos Maiorum"

Quel est exactement le but de ce "ratissage" dont le pivot estFrontex, l'agence européenne de contrôle des frontières européennes ? Le blog Sans papiers ni frontièresrésume : "C’est à la fois une opération de fichage/recensement puisque des centaines de personnes vont être contrôlées (avec prise d’empreintes, inscription sur les fichiers européens, etc.) mais également une sorte d’enquête à l’échelle Afrique/Asie/Europe pour connaître les nouvelles routes empruntées par les migrant.e.s, les nouveaux pays de départ et de passage ce qui va permettre aux pays européens, en collaboration avec les pays voisins, de renforcer leur contrôle et de nouveaux dispositifs".

Veille Cartole site des géomaticiens qui travaille à la cartographie des mouvements de populations, n'y croit pas trop : "Derrière l’objectif de démantèlement des réseaux criminels de passeurs, se profile le risque d’une interpellation massive de personnes en situation irrégulière".

PourToute l'Europe, le malaise est aussi dans les institutions :"Le deuxième problème, c'est la base légale. Il n'y a pas eu de contrôle en amont, de discussions au Parlement européen. Or il y a bien des questions qui se posent notamment en référence au respect des droits fondamentaux. Par exemple pour le droit d'asile, derrière un émigrant irrégulier, il peut toujours y avoir un demandeur d'asile potentiel."

C'est autour du hashtag MosMaiorum que la "riposte" s'est organisée, selon des techniques désormais bien rôdées de cyberactivisme. Il est demandé de signaler les contrôles vus durant ces deux semaines (gares, stations de bus, frontières, etc.) pour avertir les personnes "à risques" à l'avance, à la manière des avertissements pour les radars routiers, mais aussi de comprendre une opération floue, de prendre des photos si on assiste à un contrôle, de situer le lieu et les circonstances. Une carte virtuelle , la "Nadir'agrège tous les signalements et documents publiés sous ce hashtag en temps réel pour tenter de constituer une vue d'ensemble européenne de l'opération et d'en garder une trace. Actuellement, elle signale des contrôles dans une gare suédoise, au point de passage Allemagne-Autriche, en Pologne et à Barbès.

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