Macron & Borne, patrons voyous ? Patrick Buisson rassuriste, Marine Le Pen ne peut pas gagner en 2027; Ça chauffe plus que prévu (et on ne parle pas du climat social); Ressortez les martinets, c'est la fin de l’éducation positive<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Unes des hebdos du 6 avril 2023.
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Revue de presse des hebdos

Cette semaine dans vos hebdos, L’Obs voit déjà la Chine livrer la bataille de Taïwan contre les Etats-Unis, et L'Express voit Poutine en guerre contre l’Occident et Marianne veut débloquer la France, alors que Le Point s’intéresse à nos difficultés à être parents.

Alice Maindron

Alice Maindron

Alice Maindron a enseigné la philosophie à vos chères têtes blondes, et a sévi dans le conseil et la formation. 

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Buisson, rassuriste ? Marine ne peut pas gagner en 2027

Patrick Buisson est formel dans le Point : on est loin de vivre une poussée anti-autoritaire de l’extrême-gauche, façon mai 68. Au contraire, la demande d’autorité est forte dans le pays. Nous serions plutôt en mai 58, avec son fort courant antiparlementaire. Chacun en prend pour son grade : « le spectacle d’anomie et de chaos permanent que donne l’Assemblée nationale, l’effondrement du niveau des députés, sans parler de l’hexis corporelle et vestimentaire des élus Insoumis ». Et pas de de Gaulle à l’horizon…

La démocratie ? Malade de son incapacité à produire de la légitimité : seul un quart des français a élu les députés, et Macron par 38,5% des inscrits.

Les grèves ?Il les qualifie de « moments vintage de reconstitution du monopole syndical sur la revendication sociale. » Une victoire sur les Gilets jaunes. Pas tendre.

Macron ? Il le dépeint comme « impuissant à servir le bien commun, c’est-à-dire garantir les sécurités vitales. » Il n'a pas su inventer une « nouvelle forme d’autorité démocratique » qu’il appelait de ses voeux en 2017.

Marine comme recours ? Elle ne trouve pas plus grâce à ses yeux : elle n’a marqué aucun point ces derniers temps. Elle ne parvient pas à capter le vote populaire, mais plutôt celui d'individus atomisés, une addition des extrêmes, « une jacquerie contre la fin de la société d’abondance. » Elle échoue à attirer le vote Mélenchon : aucune législative partielle ne lui a permis de capitaliser sur le terrain son opposition à la réforme.

À Lire Aussi

Le Point s’inquiète du retour de Daech, L’Obs de la puissance de l’intelligence artificielle et de ChatGPT; pour Elisabeth Borne, les retraites « ça passe ou ça casse » ; L’Express conseille à Emmanuel Macron de se méfier de Marine Le Pen…

Il enfonce le clou, en rappelant qu'elle n'a pas dépassé à la présidentielle le score de 41%, « niveau que lui accordaient les sondages avant son débat calamiteux de 2017. » Pas tendre non plus… Il tape encore plus fort : selon lui les plus grands opposants au RN ce n'est pas le front républicain, mais « le front des retraités : soit 17 millions d’électeurs, 33 % des inscrits mais 45 % des votants au second tour de la présidentielle, dont 3 sur 4 ont rejeté l’ancienne présidente du RN. » Avec l’âge, les boomers ont viré à droite, mais pas à droite toute : le RN est pour eux synonyme de « d’embrasement général avec l’explosion des banlieues, de chaos économique et, maintenant, de guerre sociale avec sa stratégie « classe contre classe ». L’instinct de conservation, plus fort que le sentiment moral !

Les Républicains ? Dans une société droitisée, qui recherche ordre, souveraineté et autorité, « une voie royale s’ouvre donc pour la droite malgré les apparences. Ne lui manquent, en somme, que des idées, une stratégie et un chef… » Les dents vont grincer… Le parti doit réapprendre à rassembler les classes sociales, pour capter « une partie de l’électorat populaire du RN, celle pour qui la question identitaire reste fondamentale. Cela suppose une vraie révolution culturelle qui fasse de la droite autre chose que la chambre d’écho de la gauche ou le simple syndic des intérêts catégoriels des classes favorisées. » 

La seule sortie de crise immédiate que l’historien entrevoit serait que le Président accepte son impopularité, qu'il rompe avec « la temporalité du marché politique » puisque n'étant plus candidat. Pas sûr que lui-même et ses troupes assument… « Endossez, quoi qu'il doive vous en coûter, La charge du bien commun comme un sacerdoce ! »

À Lire Aussi

Le Point a trouvé « plus fort que la Gauche caviar, Les bourgeois mélenchonistes », l’Obs enquête sur « la conquête silencieuse » du RN, l’Express tacle fait le portrait du « vrai Dussopt »...

Déplaire en sortant du « en même temps. » Car pour Buisson, le vieux clivage droite/gauche n’est pas mort : il n'est pas tant politique qu’anthropologique et métaphysique : « la gauche croit en l'homme sans détermination et sans limites, la droite le sait faillible et le soumet à un ordre qui le subsume. » Avec ça vous devriez savoir plus facilement pour qui voter... 

Prendre son risque ? Pour Borne, Macron a déjà enterré la réforme institutionnelle

Le Président ne semble pas vouloir prendre son risque, en menant au bout la réforme des institutions : si l’Obs nous signale que Le Gendre voudrait fusionner le Conseil national de la refondation avec la future commission transparaissant qui planchera sur les institutions dans les mois à venir, le Point cite Elisabeth Borne : « Les institutions ? le président ne m'en a pas reparlé… » 

Climat : ça chauffe, et pas qu’au niveau social

L’Obs nous prévient : la surchauffe sera de 4°C. Mettons à jour nos logiciels : là où les accords de Paris nous invitaient en 2015 à contenir la hausse du réchauffement climatique autour d’1,5°C, les scientifiques ont réévalué leur modèle : le réchauffement sera en fait bien plus élevé, en moyenne de 2,7 à 3°C à la fin du siècle. En moyenne : des disparités a la surface du globe sont à prendre en compte. L'étude de référence de Météo-France nous a appris que pour la France, il faudrait tabler sur une hausse de 4°C. Là encore, ce chiffre n'est qu'une moyenne, entre des hivers plus chauds, et des étés qui se réchaufferont encore davantage. Christophe Cassou, coauteur du rapport du GIEC, nous alerte : « pour l’adaptation, il faut se baser sur les extrêmes. » Car la politique climatique repose sur deux piliers : l'atténuation qui consiste à limiter le réchauffement, et l’adaptation.

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Emmanuel Macron se noie dans la violence ; Xi Jinping fait peur au Point, TikTok à L'Express ; Pradié/Wauquiez : le cadavre de LR bouge encore (un peu) ; Paiement des éboueurs grévistes : Anne Hidalgo joue l'embrouille

C’est donc ce chiffre de 4°C que le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a retenu pour construire les politiques publiques d'adaptation, et ce n’est pas celui du scénario le plus pessimiste. L'Allemagne base son plan sur un scénario de réchauffement local à +6,5 °C. En mai devrait sortir un plan national d'adaptation aux vagues de chaleur : on saura par exemple à partir de quel niveau de température il faut renvoyer les enfants chez eux, mais aussi comment sécuriser les installations nucléaires. Le défi du ministre est énorme, le chantier de l’adaptation ne se réduisant pas à la gestion des canicules : isolation des bâtiments, abandon par l’agriculture de certaines récoltes trop gourmandes en eau, révision de toutes les infrastructures comme les rails, qui se dilatent au-dessus d'une certaine température, submersion des routes départementales suite à la montée des eaux…

Des sujets difficiles, polémiques, que dans son interview à l’Obs, le ministre ne minimise pas : il invite à prendre conscience de l’impact, et de la multiplicité des décisions à prendre. Sur les méga-bassines, il ne jette pas le bébé avec l'eau du bain : dans certains endroits elles assureront la transition avec de nouveaux modes de culture, mais à d'autres elles prolongeront un modèle condamné… 

Mais saurons-nous, alors qu'on attend toujours la mise en oeuvre de «  l'effort massif de purification de l’air » promis par le président-candidat, mettre en oeuvre cette politique d’adaptation, sans renoncer à limiter le réchauffement climatique ? C’est un joli pari que celui de Christophe Déchu, mais sans moyens humains supplémentaires dans son ministère, et un plan qui dispense le monde agricole de tout effort de baisse des émissions de CO2…

Il ne sera pas aidé : dans le Point, le député écologiste Jérémie Iordanoff s’insurge que certains députés votent des amendements RN. LR, Renaissance, Modem, Liot ont pu faire passer des amendements. L’âge adulte, c’est quand on fait quelque chose, même si ça fait plaisir à ses parents… 

La prévention, parent pauvre de la santé en France

On ne manquera pas de faire un parallèle avec la politique de santé : prévenir, guérir, vivre avec la maladie, ce sont les 3 piliers d'une politique de santé publique. Le Point interviewe le Professeur de santé publique du CHU de Lille, Philippe Amouyel, qui déplore : «  nous sommes plus qu’à la traîne en matière de prévention. » Les français vivent plus longtemps (2° position en Europe), mais en moins bonne santé (10° rang européen). « Il faut avoir du courage politique pour injecter en 2022 des fonds dans la prévention qui ne porteront leurs fruits qu’en 2035 ou 2040 » La marge de progression est forte : nous sommes le 20° pays de l’OCDE en pourcentage du budget santé consacré à la prévention… 

Sur le front de l’Est…

L'Express consacre un long dossier à la guerre secrète de Poutine, celle qu’il mène au-delà des frontières de l’Ukraine, contre le monde occidental. Il interviewe Raphaël Glucksmann à l'occasion de la sortie de La grande confrontation. Comment Poutine fait la guerre à nos démocraties. Le député européen nous prévient : « avec la Russie la confrontation est partout à la fois, » et ça dure depuis plus de 20 ans…

Des ingérences dans les campagnes électorales aux fake news, des cyberattaques au financement de mouvement politique hostile à l'Europe, de la corruption des élites à la guerre énergétique, « les Russes visent simultanément les marges et le centre de la société occidentale. » 

L'Obs nous en dit plus sur le « pari américain » de Poutine pour faire la différence en Ukraine : celui-ci ne mise pas seulement sur une Chine qui mettrait tout son poids dans la bataille, mais surtout sur un Occident qui cesserait de mettre le sien. Cette baisse du soutien occidental à l'Ukraine pourrait venir d’une victoire d'un républicain aux élections américaines de 2024, "si possible dans la plus grande confusion politique" nous dit Pierre Haski. Le Kremlin dispose toujours de quelques moyens opaques pour peser sur les débats politiques aux États-Unis, tel que le discours de vérité alternative inventé par le camp Trump. Comment instrumentalisera-t-il son procès en cours ? La réponse pourrait bien avoir des conséquences au coeur de l’Ukraine… 

LePoint n'est pas optimiste : après la conquête territoriale de la Crimée, la grande opération séduction des population semble marcher. Le pouvoir russe a investi plus de 3,75 milliards d'euros par an depuis l'annexion de la péninsule en 2014. Développement des infrastructures routières, intégration au système financier russe, impôt sur les bénéfices des entreprises à 4% alors qu'il est de 6% en Russie, il peut s'enorgueillir d’une baisse du taux de chômage de 7,5 à 4%.

Poutine apparaît à certains comme le sauveur d'une population russophone, celui qui a permis le redémarrage économique. L’hebdo donne la parole à ces habitants qui subissent les attaques de drones ukrainens, sur les centres logistiques implantés par Moscou. De quoi se questionner : comment, en cas de victoire militaire, Kiev pourra-t-il gérer les tendances séparatistes ?

L’Express vous dira comment Kiev se prépare à contre-attaquer. Il donne la parole au très-médiatique Général Yakovleff : « l'armée russe montre une grave incompétence. » On aimerait que ça suffise… 

Ressortez les martinets : c’est la fin de l’éducation positive

Nos chers petits vont pouvoir réapprendre à faire pénitence et c'est le Point qui nous l'annonce. Il décrypte pour nous « le phénomène Caroline Goldman, » cette psychologue qui veut donner des limites à nos enfants. Elle déculpabilise les parents qui ne parviennent pas à mettre en œuvre les préconisations de l'éducation positive qui, si elle a mis l'accent sur l'importance de l'amour et de la bienveillance, en a fait tomber plus d'un dans une forme de laxisme. "Les parents ont été venus à culpabiliser de pouvoir être fâchés ou contrariés, c'est-à-dire de proposer à leurs enfants la réalité de leurs affects » dit la pédopsychiatre Laetitia Guibert.

« Les préceptes proposés par les formateurs en parentalité positive nécessitent une patience et une énergie sans limites de la part des parents. Ce qui est humainement impossible (…) quand on a une vie normale », dit la psychiatre Anne Raynaud.

Caroline Goldman réhabilite la punition, et préconise le « time out », le fait d’isoler un temps l'enfant en colère, dès l’âge de 12 mois. Son ouvrage File dans ta chambre a été vendu à plus de 20 000 exemplaires. Déculpabiliser les parents, ça ne plaît pas à tout le monde : certains de ces confrères l'accusent de promouvoir une éducation « coercitive ». À croire que les professionnels sont aussi doués que nous pour traiter les conflits familiaux… Il faut dire que c'est un vrai business, que l’hebdo décrit. Le rapport que le Dr Raynaud remettra au secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles proposera des voies pour répondre à ce besoin des parents d’être accompagnés de ânière plus professionnelle.

Pendant ce temps-là, dans l’Express, Beigbeder confie que c’est son éducation catholique et l'amour de son épouse qui l’a sauvé.

Il y a comme un problème de management à la tête de l’Etat

A lire vos hebdos, il y a comme un problème de management à la tête de l’Etat. Dans L’Express, ce sont les colères de Borne qui sont évoquées. « Elle est très dure, souvent injuste, incapable de dire merci, » selon un ministre. Mais est-ce seulement de l’exigence, à laquelle elle se soumet elle-même ?

Tout le monde en prend pour son grade, les ministres aussi.Un conseiller du pouvoir confie à l’Obs la nullité des ministres, cause à ses yeux de la mauvaise communication autour de la réforme des retraites : « un bon ministre, ça dirige son administration et incarne des messages. » Pauvre Elizabeth. 

Du côté de l’Elysée, nous apprend Marianne, on a de drôles de façons de mettre en oeuvre la réforme des retraites : « ils virent les « vieux » en les remettant brutalement à disposition de leur corps d’origine », confie l’unique syndicaliste de l’Élysée (qui a quitté le Palais), après le suicide d'un employé, remercié après 23 ans de services. L’emploi des seniors, on disait ? La Cour des comptes a épinglé la présidence de la République dans un rapport : « le dialogue social n'est pas formalisé. »

Juste une question d’échelle ?

Les conseillers eux-mêmes ne sont pas épargnés : l’Express rapporte, dans un papier très écrit, les boires et déboires de Jean Spiri, nouveau directeur de cabinet de Madame. Blacklisté par les plus anciens membres de son équipe, il fait un malaise en pleine rue, trois mois à peine après son arrivée. Derrière ce drame intime, une guéguerre entre les conseillers de Madame, et ceux de Monsieur. Frédéric Michel, directeur de la com’ et conseiller spécial du Président ne serait pas assez à l’écoute de ceux de Madame, qui seraient omniprésents auprès des media. Mais qu’est-ce que c’est que ce bin’s ? 

Des femmes puissantes

L'Express nous faire entrer dans l'univers impitoyable des communautés juives de France à travers un portrait croisé de Delphine Horvilleur et de Haïm Korsia. L’une, égérie du monde juif libéral, l’autre,Grand Rabbin de France, salarié du Consistoire central, qui regroupe les synagogues orthodoxes, plus rigoristes. En son sein, le Consistoire de Paris, qui est allé jusqu’à qualifier les juifs libéraux d’hérétiques. Horvilleur, un peu sorcière ?

Il nous parle aussi de ces femmes puissantes, les milliardaires chinoises : elles représentent 80% des femmes milliardaires, et pourtant aucune n’est membre du bureau politique du PCC. L’indépendance économique, clé de l’émancipation !

Pour Marianne Sophie Binet bouleverse le jeu social : son élection surprise a la tête de la CGT risque bien de mettre à mal la stratégie gouvernementale qui cherche constamment à isoler les contestataires de la CGT des réformistes de la CFDT. Cette ancienne militante de l'UNEF s'y connaît en coalition: elle a rassemblé jeunesse et syndicats contre le CPE. Passée par la JOC "sans être chrétienne », et par le PS, elle est engagée sur les questions féministes. Si elle n’adhère pas à la proposition de médiation de Laurent Berger, qui dit d'elle c'est quelqu'un qui a beaucoup de conviction et qui sait discuter », elle a su battre le candidat de ceux qui rêvent d'un mai 68 au sein même de la CGT, il semblerait que toutes les tentatives de briser l'unité du mouvement intersyndicale échouent… L’Obs y voit un changement d’équilibre des forces, mais attendons les annonces du Conseil constitutionnel…

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