Les jeunes Européens se méfient aussi bien des États-Unis que de la Chine mais pas pour les mêmes raisons <!-- --> | Atlantico.fr
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Une étude du Pew Research Center permet d'en apprendre plus sur les préoccupations des jeunes Européens vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine.
Une étude du Pew Research Center permet d'en apprendre plus sur les préoccupations des jeunes Européens vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine.
©SAUL LOEB / AFP

Géopolitico Scanner

Une récente enquête du Pew Research Center montre que l’interventionnisme américain et l’expansionnisme chinois sont au coeur des préoccupations des jeunes Européens vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine.

Cyrille Bret

Cyrille Bret

Cyrille Bret enseigne à Sciences Po Paris.

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Atlantico : Selon une enquête du Pew Research Center, les jeunes Européens se méfient aussi bien des États-Unis que de la Chine mais pas pour les mêmes raisons. Quelles sont, dans les deux cas, les raisons qui poussent les jeunes européens à être critiques ?

Cyrille Bret : Les jeunes Européens constituent en l’occurrence l’avant-garde de la conscience politique. D’abord, l’étude montre qu’ils ont des opinions sur les phénomènes mondiaux. Les jeunes Européens sont aussi des jeunes Globaux. Ensuite, ils reprennent et développement la critique de la génération précédente à l’égard de la République Populaire de Chine (RPC) : l’expansionnisme et la remise en cause des droits humains sont leurs principales critiques. Il s’agit d’un saut quantitatif dans la critique car la génération précédente s’inquiétait de ces questions. Le changement vient de l’attitude de la RPC durant la crise COVID 19 et le tournant autoritaire du dernier mandat du président chinois. En ce qui concerne les Etats-Unis, la nouvelle génération européenne tranche avec la précédente : pour les années 1990 et 2000, les espoirs étaient placés dans l’hyperpuissance américaine pour assurer la paix et la démocratie dans le monde. Aujourd’hui, après la Guerre du Golfe et la présidence Trump, c’est précisément ce statut autoproclamé de gendarme global qui préoccupe.

L’interventionnisme américain et l’expansionnisme chinois perçu par les sondés est-il en accord avec la réalité géopolitique actuelle et passée ?

Cyrille Bret : La perception des jeunes Européens est assez fidèle à la conjoncture politique. En ce qui concerne les Etats-Unis, elle est très marquée par l’alternance Républicains/Démocrates à la tête du pays car la confiance dans le pays s’est améliorée avec la présidence Biden. De même les épisodes récents de la présidence Xi en RPC ont marqué les opinions publiques, notamment la « diplomatie du loup solitaire » et l’absence de condamnation ferme de l’invasion de l’Ukraine. En revanche, la perception est déformée en ce qui concerne les tendances structurelles. Il est étonnant notamment que les inquiétudes se portent sur des phénomènes partisans et politiques alors que les défis sont également écologiques et économiques. Etant donnée leur culture écologique, les jeunes Européens seraient fondé à placer la protection de l’environnement comme un motif de défiance envers les deux pays.

Que nous apprennent ces données de la vision des relations futures avec les deux pays ? Quelle incidence géopolitique cela peut-il avoir ?

Cyrille Bret : L’impact peut être immense car les jeunes Européens n’entrent manifestement pas dans le « piège de Thucydide » selon l’expression du géopoliticien Graham Allison. Ils refusent de se laisser enrôler dans une logique de bloc qui conduirait à une confrontation globale entre un Occident emmené par les Etats-Unis et un « Sud Global » sous la houlette chinoise. Malgré la solidarité avec l’Ukraine, très forte en Europe, les jeunes Européens adoptent une attitude critique à l’Ouest comme à l’Est. C’est prometteur car c’est la promesse d’une voie géopolitique proprement démocratique et européenne.

Quelles leçons tirer de ces perceptions de la jeunesse européenne vis-à-vis de la Chine et des Etats-Unis?

Cyrille Bret : Ce qui me frappe, c’est avant tout l’ouverture internationale des Européens de cette génération. Alors même qu’on aime à les caricaturer comme narcissiques et soucieux de leur confort, on peut constater que leur conscience politique et internationale est très poussée. Et très informée. La jeunesse européenne n’est pas dépolitisée. Loin de là.

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