La bulle Daytona qui fait s’envoler Belmondo, le cadran qui vient du fin fond des étoiles et la caravelle des conquistadors du temps : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Si vous aviez acheté il y a un an la Daytona portée par Jean-Paul Belmondo dans différents fils du début des années 1970, vous n’auriez payé que 60 000 euros. Cette fois, aux enchères, l’amateur cinéphile qui la voulait a dû poser 145 000 euros sur la tab
Si vous aviez acheté il y a un an la Daytona portée par Jean-Paul Belmondo dans différents fils du début des années 1970, vous n’auriez payé que 60 000 euros. Cette fois, aux enchères, l’amateur cinéphile qui la voulait a dû poser 145 000 euros sur la tab
©Reuters

Atlantic-tac

Et aussi le retour en selle d’Emile Péquignet, la soixante-huitarde au carré de Longines et le Panthéon mérité par M. Breguet…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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CORUM : Un cadran âgé de quatre milliards d’années…

Pendant des siècles, les guerriers Namaquas des confines namibiens ont utilisé des fragments d’une météorite polymétallique – aujourd’hui rebaptisée Gibeon, du nom de la ville la plus proche de son impact, qui s’est produit il y a plusieurs millions d’années – pour se créer des pointes de flèches, des lances et des bijoux. L’âge de la météorite est lui-même estimé à quatre milliards d’années : c’est donc un symbole d’éternité – venu des confines de l’espace – que Corum a voulu enfermer dans le cadran de son Admiral’s Cup Legend 42 Dual Time (double fuseau horaire). Chaque cadran est différent parce que chaque « tranche » de cette météorite affiche une structure métallique originale. Née d’une étoile filante, cette série (boîtier en or rouge de 42 mm) est limitée à 75 pièces…

PÉQUIGNET : Quarante ans d’horlogerie « à la française »…

En 1973, alors que s’amorçait la future crise du quartz, qui allait emporter et pratiquement renverser toute l’horlogerie européenne, et alors que les montres françaises agonisaient, un jeune Jurassien avait l’audace de créer sa propre marque, sous son propre nom (Émille Péquignet). En quelques années, elle allait conquérir le monde et redonner à l’horlogerie française ses lettres de noblesse, axées autour d’un certaine élégance dans le design et d’une « touche » française inspirée par la mode et l’air du temps. Grand cavalier lui-même, Emile Péquignet devait dédier aux beaux-arts de l’équitation une collection Equus qui prouvait les affinités entre les belles montres et les belles montures. Voici une dizaine d’années, Emile Péquignet avait passé la main à une équipe qui s’avérera bien peu digne de sa confiance et qui mènera la maison droit dans le mur, en klaxonnant, jusqu’au dépôt de bilan. Une nouvelle équipe de repreneurs a eu l’intelligence de faire table rase des aberrations de cette décennie de rodomontades et de forfanteries à la limite du charlatanisme. C’est le retour aux racines de la marque, avec le retour d’Emile Péquignet lui-même, que l’ancienne équipe avait interdit de séjour dans la manufacture qui portait son nom ! Témoin de cette renaissance : la nouvelle collection Equus, très réussie dans sa proposition féminine, en deux tailles ultra-plates (30 mm et 38 mm de diamètre), avec des attaches dont la forme rappelle un étrier et avec des cadrans d’une grande pureté, dont la petite seconde en nacre et cernée de diamants prix publics à partir de 750 euros).

LONGINES : L’élégance d’une tête de montre au carré…

L’avantage des grandes marques, c’est qu’elles peuvent compenser leurs lacunes créatives pour la descente dans les rayons de leur musée : pour ne pas se tromper, rien ne vaut un coup d’œil dans le rétroviseur ! La nouvelle Heritage 1968 ne se cache d’ailleurs de son inspiration vintage, dans le goût d’un temps où le carré était chic, audacieux et parfois même avant-gardiste. La nouvelle « soixante-huitarde » de la manufacture suisse se décline en deux tailles (26 x 26 mm et 33 x 33 mm), en or rose ou en acier, avec un cadran gris et des chiffres romains qu’on croirait sortis d’un film de l’époque. Même la glace dépasse de la carrure, « à l’ancienne ». Seule concession à la modernité : un mouvement mécanique à remontage automatique d’excellente facture, ainsi qu’une date.

ZENITH : « Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal »…

Il n’est pas fréquent qu’on vous présente une montre par son verso, mais l’envers de la Christophe Colomb de Zenith mérite un regard approfondi. La manufacture a déployé différentes micro-techniques de décoration (émaillage, gravure, miniature) pour célébrer l’esprit d’une montre dédiée aux voyages. On reconnaît au revers, en plus de la « bulle » qui abrite le système de contrôle de la gravité (une sorte de gyroscope, comme dans les anciens chronomètres de marine), les caravelles de Christophe Colomb, lui-même nanosculpté, et toute une ambiance de gréements, d’embruns et de tropiques qui rappelle le poème de Jose Maria de Heredia. Si on ajoute à cette qualité décorative quelques raffinements mécaniques comme le remontage par fusée-chaîne (une vraie chaîne, façon chaîne d’ancre, comme sur les montres du XVIIe siècle) et une hyper-fréquence (36 000 battements) inhabituelle dans les mouvements contemporains, on devine tout de suite qu’on est face à un de ces « ovnis » que les collectionneurs s’arrachent…

ROLEX : La bulle Daytona commence à enfler très très fort…

Pour comprendre ce que signifie le cliché du fameux « feu des enchères », il faut avoir vécu la vente de 50 Rolex Daytona organisée par Christie’s pour le cinquantième anniversaire de ce modèle iconique. Au marteau, Aurel Bacs, la star absolue des enchères de montres : il a réussi à tenir 120 minutes pour disperser ces cinquante lots, en adjugeant 100 000 CHF par minute (12 millions de francs suisses au total, soit 10 millions d’euros). Soit 240 000 francs suisses de prix moyen par lot (190 000 euros), à peu près dix fois de ce que vaut une Daytona de collection et vingt fois ce que vaut une Daytona neuve chez un concessionnaire Rolex. Le record a été battu par une référence 6263 de 1969 (ci-dessous), adjugée à plus d’un million de dollars (800 000 euros) à un amateur exotique. Une pluie de records du monde et des prix de « bulle », qui annonce l’affaissement sensible de la « bulle » Patek Philippe et la promotion de nouvelles marques dans le cœur des collectionneurs. Même la Daytona « Belmondo », présentée par Atlantic-tac en décembre 2012, a plus que doublé de prix en un an : acquise l’hiver dernier pour 60 000 euros par un fonds d’investissement, elle a trouvé preneur chez Christie’s à 145 000 euros ! Pour l’anecdote : ces Daytona réf. 6263 – rebaptisées « Paul Newman » du nom de l’acteur qui en avait porté une dans un film – avaient énormément de mal à se vendre au début des années 1970, les amateurs « éclairés » et très snobs leur préférant de magnifiques Pulsar à quartz, alors autrement plus statutaires

Voir l'article : Un super-héros en slip moulant, un super-acteur et quelques super-diamants : toute l’actualité des montres...

BREGUET : Et si on panthéonisait notre « grand horloger » ?

Quand l’horlogerie française dominait le monde, entre le XVIIIe et le XIXe siècle, elle portait la marque Breguet et elle imposait le français dans tous les métiers de l’horlogerie. Il est resté quelque chose de cette splendeur passée. Atlantic-tac a raconté la semaine la légende noire de la montre de Milord L’Arsouille (image ci-dessous). Vendue 7 000 francs (français) à Lord Seymour en 1831, ce qui était une somme considérable pour l’époque, elle vient d’être revendue par Sotheby’s Genève un peu plus d’un million de francs suisses (833 000 euros). On retrouvera bientôt cette montre de poche dans les vitrines du musée Breguet, qui reconstitue peu à peu son patrimoine dispersé au fil des années. Abraham Louis Breguet était l’horloger le plus considérable de son temps et sans doute un des plus grands de toute l’histoire de l’horlogerie : on fêtera en 2023 le bicentenaire de mort. N’aurait-il pas sa place au Panthéon, avec les « grands hommes » de la République, des sciences et des arts ?

Voir l'article : Le fantôme de Milord l'Arsouille, le fétiche post-moderne de Mika et l'hyper-design épuré par les Suisses pour les Allemands : c'est l'actualité des montres

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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