Implants neuronaux : une révolution s’enclenche<!-- --> | Atlantico.fr
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Le 28 août 2020, l'entrepreneur futuriste Elon Musk a présenté les progrès réalisés par sa startup Neuralink dans le domaine de l'interconnexion des cerveaux avec les ordinateurs, affirmant que ce travail est vital pour l'avenir de l'humanité.
Le 28 août 2020, l'entrepreneur futuriste Elon Musk a présenté les progrès réalisés par sa startup Neuralink dans le domaine de l'interconnexion des cerveaux avec les ordinateurs, affirmant que ce travail est vital pour l'avenir de l'humanité.
©AFP / Neuralink

La Minute Tech

Une nouvelle forme de technologie permet la connexion (plus ou moins) directe entre le cerveau et une interface ordinateur, informe Bloomberg.

Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Atlantico : Une nouvelle forme de technologie permet la connexion (plus ou moins) directe entre le cerveau et une interface ordinateur, informe Bloomberg. Cette dernière (qui intéresserait particulièrement Elon Musk, dans le cadre de Neuralink) n'est pas sans présenter de potentielles utilités intéressantes, notamment sur le plan sanitaire. A quoi peut-on penser, exactement, grâce à cette technologie ?

Laurent Alexandre : Il y a deux types d’interface entre le cerveau et les ordinateurs. Il y a des casques que l’on met sur le crâne sans implants à l’intérieur du cerveau. Il y a donc la possibilité d’avoir des technologies non invasives. Mais il y a aussi les technologies avec des implants à l’intérieur de la boîte crânienne et qui sont beaucoup plus précis à diriger. Ce dispositif est notamment utilisé pour des personnes paralysées afin de leur permettre d’interagir avec l’extérieur et de compenser leur handicap.   

Dès lors que l'on souhaite réparer l'humain à l'aide de la technologie, de nouvelles opportunités se présentent... mais peuvent parfois sembler appartenir à la science-fiction. Dans combien de temps, en théorie, pourrait-on utiliser une pareille interface neurale pour guérir (ou contourner) certaines pathologies ?

De manière expérimentale, les interfaces entre le cerveau et les ordinateurs sont utilisées depuis quelques années, notamment afin de pouvoir connecter un bras robotique pour les gens paralysés ou pour faire parler via un ordinateur des personnes qui n’ont plus la possibilité de s’exprimer. Cela concerne des petits volumes de patients implantés. Ces technologies ne sont pas encore industrialisées et standardisées. Ces procédures sont spectaculaires, notamment pour les interfaces qui permettent de faire remarcher des paralytiques. Cela a notamment été démontré cet été par une équipe franco-suisse. Une espèce de pont entre les implants dans le cerveau et la moelle ont permis par la pensée d’activer les muscles de la jambe et ont permis de pouvoir marcher.

Nous sommes donc à une étape avant l’industrialisation et la généralisation. Il faudra encore quelques années pour que l’on puisse avoir une utilisation plus générale et plus large.

Faut-il craindre l'avènement de ce type de technologie ? Quelles sont les éventuelles limites ou appréhensions à garder en tête ?

Lorsque l’on utilise des technologies qui sont invasives, que l’on met des implants à l’intérieur de la boîte crânienne, il faut faire attention à ne pas abîmer le cerveau, à ce que les matériaux n’entraînent pas de réactions inflammatoires et durent suffisamment longtemps.

En revanche, s’il s’agit d’implants qui ne rentrent pas directement dans le cerveau et qui sont simplement posés, notamment via des casques, sur la boîte crânienne, les risques sont beaucoup plus faibles et cela est beaucoup moins préoccupant.

Quels pourraient être les progrès informatiques nécessaires afin de changer profondément des vies avec l’espoir de rétablir la parole ou d’autres fonctions via ces implants neuronaux ? L’intelligence artificielle pourrait-elle apporter des solutions dans ce cadre ?

Ce qui serait le plus révolutionnaire serait la possibilité de développer toutes les fonctions que l’on corrige aujourd’hui sans entrer dans la boîte crânienne, en laissant les capteurs sur le scalp. Dans beaucoup de cas, la précision n’est pas suffisante. Il est nécessaire de rentrer à l’intérieur du crâne.

Est-ce qu’il sera possible demain de suppléer toutes les fonctions que l’on espère suppléer sans rentrer dans la boîte crânienne grâce à l’amélioration informatique pure ? Cela reste encore aujourd’hui incertain. Il est difficile de l’affirmer.

Ces implants neuronaux et ces nouvelles technologies permettent de traduire les signaux cérébraux en texte grâce aux ordinateurs. Est-ce que des avancées dans le domaine de l’informatique ou de l’IA pourraient permettre de faire un bond considérable dans ce domaine et apporter de l’espoir aux patients ?  

Cela fait quelques années que l’on a expérimenté la possibilité de communiquer entre un cerveau et un ordinateur. Cela s’apparenterait à une forme de télépathie grâce à des casques mis sur le crâne.

Mark Zuckerberg avait annoncé l’industrialisation de cette technique pour 2017. Cela n’a pas encore été le cas.

Pour des raisons technologiques, juridiques et politiques, ces technologies permettant une forme de télépathie sont moins faciles à implémenter que Mark Zuckerberg l’avait envisagé.   

Les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle ont été rendus possibles et facilités grâce à des sociétés comme OpenAI. Est-ce que pour la technologie des implants neuronaux, qui touche à la santé et qui comporte plus de risques, le rythme des avancées sera différent ?    

Dès lors que l’on utilise des implants qui sont à l’intérieur du crâne, il faut une autorisation par les autorités réglementaires. Il faut que les dispositifs soient acceptés par la FDA aux Etats-Unis et par les différentes agences réglementaires en Europe et dans les autres pays. Les procédures n’ont donc pas le même rythme que le développement de l’intelligence artificielle.

Il s’agit de la raison principale pour laquelle les industriels ont parfois sous-estimé le temps qu’il fallait pour développer ce genre de technologies mais le potentiel semble illimité et est prometteur. Même si Mark Zuckerberg n’est pas le seul à avoir du retard. Elon Musk avait annoncé que les implants Neuralinks seraient mis au point beaucoup plus vite qu’à l’heure actuelle. Il n’y a toujours pas eu d’implantations dans l’espèce humaine alors qu’il avait garanti que cela serait fait avant 2020.    

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