Exploiter les minerais du fond des océans pourrait nous sauver de la crise énergétique… mais à quel prix ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une machine géante à chenilles utilisée pour draguer les fonds marins à la recherche de minéraux.
Une machine géante à chenilles utilisée pour draguer les fonds marins à la recherche de minéraux.
©GIANLUIGI GUERCIA / AFP

Atlantico Green

Les fonds marins sont l’un des environnements les moins connus de la planète, mais on sait qu’ils regorgent de ressources minérales. Leur exploitation soulève néanmoins de grandes questions liées à l'environnement.

Walter R. Roest

Walter R. Roest

Walter R. Roest est chercheur à l'IFREMER. Ancien membre de la Commission des Limites du Plateau Continental, ONU. Unité de Recherche Géosciences Marines. Département Ressources physiques et Ecosystèmes de fond de Mer - REM. Ifremer.

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Atlantico : Les fonds marins sont l’un des environnements les moins connus de la planète, mais on sait qu’ils regorgent de ressources minérales, dont des terres rares importantes pour notre production de batteries. Où se situent-elles ?

Walter R. Roest : On distingue trois types de ressources minérales dans les grands fonds marins. Nous avons les nodules polymétalliques. Il s’agit de concrétions minérales qui se trouvent sur le fond de l’océan et qui contiennent des terres rares. Il y a aussi les encroûtements qui contiennent beaucoup de fer, on les trouve par exemple sur les flancs des monts sous-marins en Polynésie française. La dernière ressource minérale se trouve dans les sulfures hydrothermaux, sur des sites volcaniques actifs et passifs qui peuvent contenir du cuivre.

Aujourd’hui, il n’y a pas d’activité minière commerciale dans les grands fonds marins. Il y a seulement des démonstrateurs qui analysent si tout cela est techniquement et économiquement faisable et si cela est compatible avec une protection adéquate de l’environnement. Mais les scientifiques sont d’accord pour dire que nous n’avons pas assez de connaissances aujourd’hui pour estimer correctement l’impact d’une extraction minière sur l’écosystème.

Certains pays sont proactifs dans le développement des méthodes d’extraction des terres rares comme la Belgique, la Norvège, le Portugal ou l’Allemagne. En France, l'Ifremer est titulaire de deux contrats d’exploration auprès de l’Autorité internationale des Fonds Marins : un contrat concernant les nodules polymétalliques dans le Pacifique Nord et un autre pour l’exploration de sulfures en Atlantique.

Que pourrait impliquer l’extraction de terres rares des fonds marins ?

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Si on ouvre des mines dans les fonds marins, l’impact sera réel pour l’environnement. Il faut bien être conscients que les fonds marins ne sont pas désertiques, il y a de la vie et cette population joue un rôle dans de nombreuses choses. Si on les perturbe, on ne connaît pas forcément les conséquences. Des bactéries vivent sur et dans les sédiments, produisent par la chimiosynthèse l’énergie qui est à la base de la vie dans ces environnements hostile, et il faut savoir comment elles vont être affectées.

L’argument utilisé par les sociétés et les pays qui regardent les ressources minérales des grands fonds comme un potentiel est que l’économie verte (renouvelables, stockage d’énergie..) a besoin de minerais. Ces derniers étant de plus en plus difficiles à trouver à terre. La réalité est qu’il est possible que les ressources des grands fonds puissent contribuer à cette transition, mais il faut voir cela dans une vision globale. Par exemple, si l’on récupère des nodules, on récupère une partie des sédiments du fond marin, il faut donc faire le tri entre les minerais et les sédiments. Il faut alors trouver un moyen correct pour redéployer les sédiments, mais avec les courants, ils peuvent se disperser sur une distance importante. Sommes-nous alors vraiment capables de limiter l’impact sur la surface que l’on va exploiter ? Les écosystèmes évoluent lentement et ce ne sont pas des espèces qui s’adaptent facilement…

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