Emmanuel Carrère raconte magistralement la Russie d’après l’invasion, Vladimir Poutine ne connaît le monde que par les notes de son entourage; Le Maire agace Macron, Pécresse désespère LR; Mélenchon feint d’être devenu agneau<!-- --> | Atlantico.fr
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Revue de presse des hebdos

Et aussi : La nouvelle muraille de Chine

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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« Le vertige de la guerre » en Ukraine à la Une de l’Obs avec un grand reportage à Moscou signé de l’écrivain Emmanuel Carrère. « L’éradicateur, A qui le tour ? » à la Une du Point (avec une photo de Poutine) qui consacre son numéro spécial à la guerre en Ukraine. « Oligarques russes, l’heure des comptes » pour l’Express, qui s’intéresse aux « dessous d’une traque mondiale ».

Ukraine : la guerre vue de Moscou par Emmanuel Carrère

 Dans l’Obs, Emmanuel Carrère évoque sa conversation Irina, une femme russe âgée d’une cinquantaine d’années, alors que la Russie vient d’entrer en guerre contre l’Ukraine : « J’essaie de la réconforter, je lui dis que les gens, enfin, les gens, je ne sais pas, mais beaucoup de Français comme moi sont parfaitement capables de faire la différence, d’abord entre les Russes et leur président devenu fou, ensuite entre les Russes qui soutiennent leur président devenu fou et ceux que sa folie épouvante. »

Irina lui répond : « Tu crois vraiment qu’ils font la différence ? Moi, ce que je peux te dire, c’est que les Ukrainiens, je les envie. Ils sont des héros, ils sont prêts à se battre et à mourir. Ils agissent. Nous, on vit dans la peur. Et un peu dans l’espoir. Un peu. »

« Elle parle de sa fille Irina, 13 ans, qui essaie de mener avec ses copines sa vie d’adolescente mais elles ont déjà compris, elles et ses copines, que maintenant commence la vie sans Netflix, la vie sans TikTok, et que ça n’est pas une blague. »

Carrère parle aussi de ceux qui éprouvent un mauvais sentiment vis-à-vis de ceux que les sanctions touchent, ceux que Poutine terrifie et qui beaucoup plus que ceux qui le soutiennent, ont des passeports, des iPhones ou les moyens de boire du champagne… « Ça va être pas mal de se retrouver tous ensemble, tous égaux, comme avant, bien au chaud, vo dnié ! » (Vo dnié, ça veut dire : « dans le trou »).

« Les gens qui m’avaient invité m’ont fait jurer de ne rien écrire qui permette de les identifier. En quelques jours, on a atteint un niveau de paranoïa proche de la Grande Terreur stalinienne. Tout est écouté, plus aucun moyen de communication ne peut être considéré comme sécurisé et, si le doute planait sur ce qu’on risque réellement, une loi vient de le lever, ce vendredi 4 mars, qui réprime les fake news concernant ce qui se passe en Ukraine, avec le barème suivant. Ecrire ou prononcer le mot « guerre » au lieu d’« opération spéciale » : trois ans de prison. Cinq à dix ans si c’est organisé dans le cadre d’un groupe sur internet. Quinze ans si ça a « des conséquences publiques », allez savoir ce que c’est, des conséquences publiques. Cette loi ne vaut pas seulement pour les Russes mais aussi pour les étrangers. Les correspondants de presse se tirent les uns après les autres. »

Ukraine : l’isolement de Poutine

« Aviez-vous le sentiment de l’imminence de cette guerre avant qu’elle n’éclate ? » demande Le Point à Boris Akounine, un intellectuel (auteur d’une Histoire de la Russie, de sa création à la révolution de 1917, en 9 tomes, écoulés à 2 millions d’exemplaires) qui a choisi l’exil, entre la France, l’Espagne et l’Angleterre depuis 2014.

Akounine répond : « Non, c’était totalement inattendu. Deux jours avant, j’ai écrit que j’étais absolument sûr qu’il n’y aurait pas de guerre, que ce n’était qu’un écran de fumée de la part de Poutine. Je pense que c’est la plus grande erreur de jugement de ma vie. J’avais l’habitude de considérer Poutine comme un être rationnel, il a cessé de l’être. Pour la première fois, je pense qu’une guerre nucléaire ne relève plus d’un scénario catastrophe hollywoodien, mais d’une possibilité. »

Selon Akounine : Poutine "vit dans une illusion créée par les dossiers qui lui sont soumis par son entourage. Voilà ce qu’il sait du monde. Il n’utilise pas Internet. Il fonctionne à l’ancienne, avec des dossiers contenant des informations prétendument « secrètes ». Il le lit, donc il le croit. En fait, il est la marionnette de son entourage, ceux qui influencent ses décisions. » 

Bruno Le Maire agace Emmanuel Macron

L’Obs rappelle que « Après avoir déclaré, le 1er mars, que les sanctions économiques allaient provoquer « l’effondrement de l’économie russe », le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a dû publier un communiqué jugeant « inappropriée » sa mention de « guerre économique ». Ces propos belliqueux ont souverainement déplu à Emmanuel Macron, qui s’échine à ne pas apparaître comme un agresseur de la Russie. (…) Commentaire d’une visiteuse du Palais : « Bruno Le Maire en a trop fait. Lui qui vise Matignon après l’élection présidentielle aurait mieux fait de se taire. Il a reculé de plusieurs cases ! »

Pécresse en solitaire

Selon L’Obs, Pécresse fait campagne toute seule A la peine depuis de longues semaines, distancée par Marine Le Pen et dépassée par Eric Zemmour dans les sondages, la candidate LR fait l’objet d’une remise en question de plus en plus explicite de la part de son entourage. « Elle n’écoute personne. Elle fait campagne toute seule (…) », note un stratège pécressiste. Les critiques pleuvent, notamment au sujet de son « conseil de Défense » improvisé sur l’Ukraine.

L’agneau Mélenchon

Selon Le Point, dans le « QG de campagne de Jean-Luc Mélenchon, un petit écriteau accroché à une porte étonne : « Ici, nous sommes sympas avec les journalistes. » Faut-il le rappeler ? Sans doute. Samedi 5 mars après-midi, dans une rue de Lyon, Jean-Luc Mélenchon n’a pas donné cette impression. Le candidat à l’Élysée vient de déposer une gerbe en hommage à Jean Jaurès, qui prononça là, dans le quartier de Vaise, son dernier discours sur la paix avant d’être assassiné, en 1914. Jean-Luc Mélenchon nous avait promis un entretien. » 

« Le matin même, il l’annule. Les raisons sont brumeuses. Deux proches rencontrés la veille et l’avant-veille ont visiblement rapporté au grand chef des Insoumis nos questions à leurs yeux dérangeantes. Il en a « cuit » à Mélenchon, comme il aime le dire. Et samedi, au milieu d’une petite foule, il s’emporte, l’index accusateur : « Vous n’êtes pas un journal. » Et d’exhumer une vieille rancune contre une ancienne journaliste du Point, autrice d’un livre-enquête au cœur des Insoumis qui n’avait guère plu à son leader. »

Soudain, face à nous, le masque souriant du candidat se craquelle. Car, depuis son entrée en campagne, le loup se fait agneau. C’est une stratégie. »

La nouvelle muraille de Chine

La Chine avait déjà sa Grande Muraille, de plus de 21 000 kilomètres de long note l’Express : « Elle bâtit à présent des murs géants contre, cette fois, les épidémies venues de l'étranger, à en croire le discours officiel. Le plus long est toujours en travaux le long de la frontière birmane. Une barrière haute de 3 mètres équipée de caméra de surveillance et couverte de barbelés et de barres de métal. Lorsqu'il sera achevé, dans un an, le mur devrait s'étendre sur 2.500 km et bloquer toute la zone frontalière. »

Le but ? « Mieux contrôler cette frontière poreuse par laquelle transite une partie du trafic de drogue, de pierres précieuses et de jade venu du "triangle d'or" (aux confins de la Birmanie, du Laos et de la Thaïlande). Sans compter les réfugiés birmans fuyant les combats qui opposent dans leur pays la junte au pouvoir et les groupes armés du nord ».  

Et ce n’est pas tout ajoute l’Express : « Ce principe d'étanchéité maximale est en train d'être également appliqué avec la frontière vietnamienne où un autre mur, encore plus haut, est en construction. »

L’homme qui veut réconcilier Le Pen et Zemmour

Paul-Marie Coûteaux, est, selon l’Express, un souverainiste qui espère rassembler autour d'une plateforme commune les candidats d'extrême droite, et même, de droite.

« Ne dites pourtant pas à Paul-Marie Coûteaux qu'il est l'homme des combats d'hier. A 65 ans, cet admirateur de Talleyrand,(…), pourrait faire sienne la phrase suivante, tirée du film Le Souper, dans lequel le diable boiteux lance : "Il faut vous y faire, l'avenir est au passé !" 

« Paul-Marie Coûteaux échange occasionnellement avec Patrick Stefanini, le directeur de campagne de Valérie Pécresse, dialogue avec Philippe Olivier, le conseiller spécial de Marine Le Pen, dîne avec Nicolas Dupont-Aignan, et discute chaque semaine avec Eric Zemmour. » ajoute l’Express 

« Sans laisser toujours un bon souvenir. "Ce qu'il sait faire de mieux, c'est foutre la m****. Quand vous l'avez avec vous, vous pouvez être sûrs que ça va mal se passer", assène le maire de Perpignan Louis Aliot. » 

Pas d’effet Maréchal selon Ciotti

Selon Le Point, « Éric Ciotti ne croit pas que le ralliement de Marion Maréchal stoppera la chute d’Éric Zemmour, en difficulté dans les sondages en raison de ses positions pro-Poutine ».

Véran aimerait rester à la Santé

Si Macron est réélu Véran espère rempiler, selon l’Obs : « J’ai été ministre de la crise sanitaire pendant deux ans, j’aimerais bien maintenant être ministre de la Santé à plein temps, dit-il. Il y a beaucoup de choses à faire dans ce ministère. » Véran songe notamment aux promesses du président de s’attaquer aux déserts médicaux, à la question du grand âge et de la dépendance, et à la réorganisation du système des maisons de retraite, devenue urgente depuis le scandale Orpea.

Une présidentielle sans campagne

« S’il n’y a pas de débat, de bilan, de projet et que le président est réélu, alors ce sera dans une forme d’omission démocratique, avec un risque pour la légitimité au cours du mandat », a attaqué le président du Sénat, Gérard Larcher. A « l’Obs », Bruno Retailleau dit la même chose: « Ce que le peuple n’exprime pas dans les urnes, il pourra – et c’est le risque – l’exprimer plus violemment plus tard dans la rue. »

Ukraine : l’isolement de Poutine

« Aviez-vous le sentiment de l’imminence de cette guerre avant qu’elle n’éclate ? » demande Le Point à Boris Akounine, un intellectuel (auteur d’une Histoire de la Russie, de sa création à la révolution de 1917, en 9 tomes, écoulés à 2 millions d’exemplaires) qui a choisi l’exil, entre la France, l’Espagne et l’Angleterre depuis 2014.

Akounine répond : « Non, c’était totalement inattendu. Deux jours avant, j’ai écrit que j’étais absolument sûr qu’il n’y aurait pas de guerre, que ce n’était qu’un écran de fumée de la part de Poutine. Je pense que c’est la plus grande erreur de jugement de ma vie. J’avais l’habitude de considérer Poutine comme un être rationnel, il a cessé de l’être. Pour la première fois, je pense qu’une guerre nucléaire ne relève plus d’un scénario catastrophe hollywoodien, mais d’une possibilité. »

Selon Akounine : Poutine "vit dans une illusion créée par les dossiers qui lui sont soumis par son entourage. Voilà ce qu’il sait du monde. Il n’utilise pas Internet. Il fonctionne à l’ancienne, avec des dossiers contenant des informations prétendument « secrètes ». Il le lit, donc il le croit. En fait, il est la marionnette de son entourage, ceux qui influencent ses décisions. » 

La traque des oligarques russes

L’Express explique que « Après l'invasion de l'Ukraine, les pays occidentaux ont décidé de sanctionner lourdement les oligarques. Leur espoir : que ces derniers finissent par se retourner contre Poutine ». On peut en douter.

« Le chef du Kremlin a nommé aux postes clefs des hommes d'affaires entièrement dépendants de lui et "patriotes", qui ne remettront pas en question l'invasion, selon la chercheuse Tatiana Stanovaya ».

« J'ai du mal à croire que quiconque dans l'entourage de Poutine puisse émettre un doute ou exprimer des inquiétudes face à sa décision de lancer la guerre. Tous ces hommes d'affaires dépendent entièrement du président et n'ont aucun avenir sans lui. Ils savent que tout ce qu'ils possèdent peut disparaître et qu'ils risquent gros si le chef du Kremlin perd le pouvoir. » ajoute la chercheuse.

Cette « caste de milliardaires, s'est enrichie au-delà de toute mesure en dépeçant les entreprises publiques russes après l'effondrement du pays dans les années 1990, elle est aujourd'hui prise dans la tourmente. »

Mais "Que la Suisse et Monaco se décident à s'aligner sur les sanctions européennes change clairement la donne", se félicite Johan Langerock, conseiller des Verts sur les questions fiscales au Parlement européen. Monaco a d'ailleurs déjà pris part à la grande chasse aux yachts russes en empêchant le Quantum Blue, un mastodonte des mers de 100 mètres de long, propriété de Sergeï Galitsky, de larguer les amarres.

Le nom de la 17e fortune de Russie n'apparaît pourtant sur aucune liste. Mais ces dernières grossissant chaque jour, le Rocher aurait agi par principe de précaution. Pour ce qui est de l'Amore Vero, saisi alors qu'il s'apprêtait à quitter en catimini le port de la Ciotat, les choses sont plus claires : ce yacht est la propriété d'Igor Setchine, le puissant patron du groupe pétrolier russe Rosneft, un proche parmi les proches de Poutine.  

De son côté, remarque l’Express, "Boris Johnson a annoncé des sanctions contre 120 oligarques et organisations russes sur son territoire. Mais il est accusé de ne pas mettre beaucoup de zèle à punir ces généreux donateurs. »

Après l'invasion russe, la Turquie choisit l’Occident

« La guerre en Ukraine met un terme à la politique d'équilibre entre Russes et Américains pratiquée par Ankara ces dernières années. Erdogan bascule face à Poutine après l'invasion russe » raconte l’Express.

« L'invasion de l'Ukraine, un pays avec lequel Ankara entretient d'excellentes relations, a rendu intenable la politique d'équilibre entre la Russie et l’Occident." 

« Lundi 28 février, le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Çavusoglu, a laissé entendre qu'il comptait fermer le détroit du Bosphore à la marine russe, comme le réclame Kiev depuis le début de l’invasion." 

« En épousant les condamnations de l'invasion russe formulées par ses alliés de l'Otan, Erdogan compte bien profiter des dividendes de son ralliement. » explique l’Express.

La Chine soutient Poutine

Le Point souligne que « Douchant les espoirs de ceux qui espéraient en Pékin un médiateur neutre, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a réaffirmé sans ambages ce lundi 7 mars l’entente sino-russe, « solide comme un roc ». Le représentant officiel de la diplomatie chinoise a encore soigneusement évité de parler d’« invasion ». Pas la première once de condamnation évidemment ni le moindre signe de pression sur Moscou pour cesser les hostilités. « 

La gauche veut plus taxer les héritages

 L’Express souligne que « Jean-Luc Mélenchon propose de fixer un héritage maximum à 12 millions d'euros. Yannick Jadot quant à lui souhaite mettre un abattement unique de 200 000 euros sur toutes les transmissions reçues au cours de sa vie, tandis qu'Anne Hidalgo plaide pour une augmentation des taxes pour les patrimoines supérieurs à 2 millions d'euros. A droite, au contraire, les prétendants à l'Élysée veulent alléger la taxation sur l'héritage pour les classes moyennes aisées et les plus fortunés. Valérie Pécresse est en faveur d'un relèvement de l'abattement sur les droits de succession. »

Les Français, eux, sont, contre toute attente, farouchement opposés à toute augmentation de cette fiscalité. En janvier, un sondage d'OpinionWay-Square pour "Les Echos" montrait que 81% des Français interrogés désiraient une diminution de la taxation sur les héritages. (…)  61% des sympathisants de la France insoumise questionnés souhaiteraient voir une diminution de cette fiscalité.

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