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Le nombre de smartphones en utilisation simultanée a dépassé le milliard.
Le nombre de smartphones en utilisation simultanée a dépassé le milliard.
©Reuters

Le Nettoyeur

Tours de retransmission indépendantes nourries par le solaire qu'on peut poser partout, mobiles à quelques euros, abonnement prépayés avec paiement par mobile : tout cela va créer un tsunami du mobile dans les pays en développement.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Une des nouvelles les plus frappantes de 2013 est le fait que le nombre de smartphones en utilisation simultanée a dépassé le milliard. C'est énorme. Un milliard de gens ont maintenant ces terminaux intelligents sur eux toute la journée.

Ca montre aussi la puissance de la technologie et l'accélération du progrès (en tous les cas informatique). Le smartphone tel qu'on le connaît date de 2008, avec le lancement de l'App Store apple. En cinq ans — un clin d'oeil — nous sommes passés d'un produit pionnier à une catégorie qui englobe maintenant un milliard de gens et qui transforme à la fois nos vies et des pans entiers de l'économie. C'est une transformation incroyable, peut-être plus importante encore que les transformations de l'informatique personnelle et d'Internet.

Mais, d'un autre côté, un milliard, c'est très peu. Il y a 6,5 milliards de cartes SIM actives (donc d'abonnements mobiles) dans le monde. Selon une estimation d'Ericsson, avec les doublons, ça correspond à 4,5 milliards d'utilisateurs du mobile de par le monde. Si le chiffre d'un milliard d'utilisateurs de smartphone est ébouriffant, le chiffre de 4,5 milliards d'utilisateurs de mobile est tout simplement stupéfiant. Presque le monde entier a accès au mobile — seuls ceux qui sont dans l'extrême pauvreté en sont encore privés. Et, au fur et à mesure que les technologies s'améliorent et baissent de prix, on peut penser que, eux aussi, auront accès à terme à cette technologie. Nous ne sommes plus dans les années 60.

Au Kenya, les agriculteurs familiaux utilisent leurs mobiles pour suivre les prix du marché et obtenir de meilleurs prix pour leurs récoltes. Ils payent principalement par mobile, ce qui a transformé la vie locale : un des principaux problèmes de l'argent dans les pays pauvres est la sécurité — comment cacher et transformer son épargne. A terme, cette “informatisation” de l'argent permet d'insérer ces personnes dans le système financier, avec toutes les conséquences salutaires pour le développement, dont le microcrédit n'est que la partie émergée de l'iceberg.

Mais tout cela a une conséquence aussi logique qu'implacable : l'avenir du mobile n'est pas chez nous.

Un milliard d'utilisateurs de smartphones. 4,5 milliards d'utilisateurs de mobiles — dont la plupart, avec la baisse des prix, sont de futurs utilisateurs de smartphones.

Les utilisateurs actuels de smartphones, c'est nous : les habitants des pays développés — l'Europe de l'ouest, l'Amérique du nord, le Japon, quelques régions de la Chine et de l'Inde. Mais les utilisateurs futurs de smartphones, c'est eux : le reste de la Chine et l'Inde, et tous les pays émergents en général.

Le premier volet de l'histoire du smartphone, dans les pays riches, est déjà fini. Dans le reste du monde, il commence.

Les plateformes, les priorités des grands acteurs de cet écosystème — fournisseurs de plateformes, développeurs, fabricants, opérateurs — vont s'orienter vers les besoins de ces consommateurs, qui ont des priorités et des habitudes différentes des nôtres.

C'est évidemment une bonne chose : la révolution informatique a transformé nos sociétés et a catalysé une explosion de communication, de coopération et de productivité qui a renforcé nos économies. Depuis le début, les pays en développement étaient séparés de ce processus, à cause du coût et des nécessités d'infrastructures prohibitifs de la révolution informatique. Avec le mobile, c'est différent. Tours de retransmission indépendantes nourries par le solaire qu'on peut poser partout. Mobiles à quelques euros. Abonnement prépayés avec paiement par mobile. Tout cela va créer un tsunami du mobile dans les pays en développement, qui va à son tour transformer ces sociétés et profondément développer leurs économies.

C'est formidable. Mais il faut s'y faire : l'acteur principal de la pièce, ce n'est plus nous.

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