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Cette grande bouffée d’air marin que vous respirez est probablement pleine de particules de microplastique
©MARTIN BUREAU / AFP

Atlantico Green

L’air que nous respirons sur nos plages n’est pas aussi sain que nous le croyons et des particules plastiques peuvent se cacher dans l’air que nous inspirons à plein poumons.

Bertrand  Dautzenberg

Bertrand Dautzenberg

Bertrand Dautzenberg est professeur de pneumologie à l'université Paris VI. Il exerce à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris au CHU Pitié-Salpêtrière. Il est également président de l'Office français du tabagisme et auteur de plusieurs ouvrages dont "Le petit livre pour arrêter de fumer"" (Editions First).

 
 
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Atlantico : Des chercheurs de l’Université de Strathclyde en Ecosse viennent de découvrir lors de prélèvementsà plusieurs endroits, comme dans le Golfe de Gascogne, que l’océan relâchait des particules plastiques dans l’air. Comment est-ce possible ?

Bertrand Dautzenberg : Tout d’abord, les chercheurs ont effectué ces prélèvements grâce à des capteurs sur les embruns et dans l’air. Ils ont observé que dans cet air se posant sur la côte, on trouve 25 à 10 particules de plastique par mètre cube d’air. A priori, ces particules sont les mêmes que dans l’eau car celles-ci couvrent les océans, il n’est donc pas étonnant de les retrouver dans l’air.

L’air touché est l’air au-dessus de l’eau, celui soulevé par le vent. Ce n’est pas le brassage du fond d’une mer polluée. Lorsqu’un grand vent d’ouest survient, ce phénomène se constate jusqu’à un kilomètre à l’intérieur des côtes. Cependant, cette pollution ne reste pas sur place. L’étude a constaté cette pollution à Saint-Jean-de-Luz mais elle n’est pas locale : elle vient de plus loin, à plus de 5000 km.

90 % des particules que l’on trouve dans l’air sont des particules de forme allongées, celles que l’on retrouve dans les filtres de cigarettes. Dans les villes, on trouve aussi du plastique à fibres allongées : il vient des filtres de cigarettes ou des particules de tissu et est très toxique pour les poumons par son accumulation.

Il est important que cette équipe continue à mesurer l’augmentation de particules de plastique car cela traduit la pollution des océans. Il n’a pas encore été montré que cela montait dans les nuages mais c’est malheureusement une hypothèse à creuser. Dès qu’on mesure le problème de façon scientifique, on voit la mesure de la toxicité.

Ingérer du plastique n’est certainement pas une bonne chose. Lors d’une balade dominicale au bord de la plage, y-a-t-il un risque pour nos poumons ?

C'est surtout gênant pour ceux qui pratiquent la planche à voile et le surf ou pour ceux qui travaillent en pleine mer : ce sont ces populations qui ont le plus de chance de les accumuler. Dans les poumons, ces plastiques n’ont pas d’effet toxique, mais il est certain que ce n'est pas une bonne chose d'en ingérer. Il n’y a pour le moment pas de données humaines là-dessus, mais ce n’est pas souhaitable d’avoir du plastique dans notre corps Le risque sanitaire à ce niveau est à voir pour les marins mais nous n’avons pas de modélisation pour voir l’impact réel.

Si on respire quelques fibres de plastique, cela n’a aucune importance mais si on respire toute l’année des milliers et des milliers de particules, cela peut causer des problèmes. Dès que l’on a des particules indésirables dans les poumons, elles sont éliminées par les vibrations des cils et par la toux mais si vraiment il y en a trop, ce système d’épuration n’arrivera pas à s'en débarasser.

On n’a pas encore vu des bouts de plastique chez l’homme comme chez le poisson mais on suppose que cela persiste très longtemps. Les parties fines de moins de 2 microns ressortent à 80 %. C’est celle entre deux et 10 microns qui se posent.

Quelles solutions existent pour éviter un tel phénomène ?

C’est simple, il ne faut pas mettre de plastique, de fibres, de tissus en viscose dans l’océan car ils peuvent finir en particules fines que l’on peut respirer. Ils ne sont pas dégradables pendant une dizaine d’années. Ce problème doit être compris et analysé comme les précédents. Le problème du trou dans la couche d’ozone a été abordé il y a 25 ans et nous avons travaillé pour le résorber. C'est pareil pour les pluies acides : il y en a de moins e moins car nous avons pris des mesures pour les supprimer. Des mesures sur le plastique doivent être prises. Cependant avec la crise sanitaire due au Covid-19, on voit le plastique revenir en force…

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