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Le système Li-Fi est une technologie de transmissions de données par les ondes lumineuses.
Le système Li-Fi est une technologie de transmissions de données par les ondes lumineuses.
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Minute tech

Bientôt, le réseau internet passera peut-être par les ondes lumineuses plutôt que par les micro-ondes, comme c'est le cas avec le WiFi. Une technologie qui pourrait servir à de nombreux cas particulier, comme dans les hôpitaux chargés d'ondes parasites dues aux équipements, mais qui pourrait aussi permettre à des objets comme nos voitures de mieux réagir avec leur entourage.

Pierre  Ledru

Pierre Ledru

Pierre LEDRU travaille dans les télécoms depuis plus de 30 ans. Après une expérience de 10 années, expatrié comme assistant technique aux autorités locales des Télécoms au Yémen, il devient formateur puis formateur-développeur à l’institut de formation Alcatel-Lucent. Il possède une grande expérience de la téléphonie et a suivi toutes les évolutions de la ToIP.

Il est également acteur amateur de théâtre et appartient à la troupe du théâtre de la griffe.

Il est notamment l'auteur de Téléphonie sur l'IP (ToIP).

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Bertrand Duperrin

Bertrand Duperrin

Bertrand Duperrin est directeur au sein du cabinet Nextmodernity et blogeur. Il est un des spécialistes français de l’évolution conjointe des modes de travail et des technologies.

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Atlantico : L’institut allemand Fraunhofer a présenté lors du salon professionnel Electronica (du 11 au 14 novembre) son système Li-Fi, une technologie de transmissions de données par les ondes lumineuses. Ce système pourrait-il remplacer le Wi-Fi ? Comment fonctionne-t-il, et est-il vraiment nouveau ?

Pierre Ledru : C’est une technologie déjà existante : la transmission de données via la lumière, autrement ciglée, LiFi (Light Fidelity – à rapprocher du WiFi avec modération) ou VLC (Visible Light Communications). Cette technologie est basée sur l’utilisation de sources lumineuses, des lampes à diodes électro-luminescentes (DEL), dont le scintillement du faisceau de lumière produit (ou modulation d’amplitude du signal lumineux), piloté par un micro-processeur, permet l’équivalent d’un codage binaire à destination d’un photorécepteur chargé de traduire les données ainsi reçues en une image, un son ou tout autre type d’information. Il est cependant d’usage de rappeler qu’A.G. Bell dès 1880 a posé la première pierre de la communication sans fil en utilisant la lumière solaire pour transporter sa voix (le photophone). La technologie VLC, promue par le VLC Consortium (2008), a connu un rebond important en 2011 avec la présentation faite par le professeur Harald HAAS de l’université d’Edimbourg. Pour l’instant, il est sans doute abusif de conclure que cette avancée technologique est destinée à remplacer les ondes radio car beaucoup reste à faire, notamment garantir une bi-directionnalisation de la transmission de données. Cependant pour certaines applications le caractère unidirectionnel du LiFi / VLC n’est pas un handicap et peut rassurer les personnes électro-sensibles.

Dans quels cas concrets le Li-Fi présente-t-il des avantages sur le Wi-Fi ?

Bertrand Duperrin : Déjà - et même si ça va rester un cas marginal - dans un contexte de forte electro-sensibilité. On va notamment penser au milieu hospitalier ou des environnements où les ondes radios peuvent poser problème : peut-être dans certains laboratoires de recherche voire dans la cabine des avions même si, pour ce dernier cas, l’évolution de la réglementation montre que le problème n’était peut-être que  très relatif.

Ensuite dans les contextes où il faut couvrir une zone large et où on dispose d’un grand nombre d’émetteurs lumineux. Les LEDs grands les bâtiments sont un très bon exemple.

Enfin là où il faut une vitesse de connexion très élevée (la lumière se diffuse plus vite que les ondes) : pour diffuser de la vidéo par exemple. C’est très adapté à l’événementiel dès lors qu’il faut tout de même une certaine infrastructure autour.

En fait les situations où on peut tirer parti des qualités du Li-fi (vitesse, possibilité de bénéficier d’un grand nombre d’émetteurs) voire de ses limites, lorsqu’il n’y a pas besoin d’avoir d’échange bi-directionnel. L’exemple de l’automobile est ici intéressant : les LED des phares peuvent permettre à échanger très vite des informations entre un véhicule et son environnement (autres véhicules, infrastructures routières), mais à sens unique. Chacun peut envoyer un message à l’autre mais il n’y a pas possibilité de se répondre.

Si le Li-Fi n’est pas appelé à remplacer totalement le Wi-Fi, les deux pourraient-ils se compléter ? Comment, et dans quelles situations ?

Bertrand Duperrin : Aujourd’hui tout va vite et nous devons nous prémunir contre nos excès. Dès qu’une nouveauté arrive on veut lui faire remplacer l’existant, tout balayer d’un revers de la main. L’idée est davantage de jouer la complémentarité en fonction des besoins et des usages. Typiquement on voit bien que les limites du Li-Fi n’en font pas un concurrent crédible du Wifi dans la plupart des cas. Par contre il peut le compléter voir ouvrir la porte à de nouveaux usages là où le Wi-Fi était mal adapté ou peu contraignant.

Les cas de diffusion "à sens unique" d’information en milieu "controlé" où l’on peut disposer d’un grand nombre de points d’émission. Cela va des routes aux infrastructures telles que les aéroports (pour envoyer des informations en temps réel aux passages) ou les musées ou encore les magasins. Il faut bien avoir en tête le type d’information qu’on peut envoyer : quelque chose de "léger" et qui surtout ne demande pas d’interaction en retour. On peut ainsi envoyer des promotions dans un magasin, des informations sur un produit mais en aucun cas proposer l’achat en un clic derrière. Bref le Li-Fi est bien pour le net (un réseau de diffusion d’information) mais pas pour le web qui est par essence une interface interactive de contact avec l’information.

Une technologie qui passerait par la lumière pose immédiatement la question de sa source... Une telle connexion à internet impliquerait-elle qu'il soit impossible de naviguer sur internet une fois la lumière coupée ? La connexion sera-t-elle perdue à chaque changement de pièce ?

Pierre Ledru : On ne peut pas limiter le LiFi à la navigation sur Internet, rappelons-nous que "surfer sur le web" demande des échanges bidirectionnels (comme avec l’ADSL par exemple) et dans ce cas il faut coupler le LiFi (downstream) à une autre technologie pour les requêtes (upstream) de l’usager vers Internet. Les applications unidirectionnelles quant à elles pourront se multiplier lorsqu’elles seront d’ordre informatif, comme sur les réseaux routiers par exemple afin de transmettre des messages aux conducteurs.

En conclusion, si cette technologie présente l’avantage de ne pas utiliser la radio transmission, il est à noter que les ondes lumineuses, pour être efficaces, nécessitent que les sources (les DEL) soient en permanence alimentées, que les faisceaux lumineux ne soient pas bloqués par un obstacle et que récepteur et émetteur soient correctement alignés, tout ceci limitant sérieusement les bénéfices supposés.

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