#distractinglysexy : les femmes sont-elles trop sexy pour travailler dans un laboratoire scientifique ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Elisabetta : "#distractinglysexy J'ai pleuré quand des malades d'Ebola sont morts, ou quand ils se sont rétablis. J'ai des émotions et je les gère. Et vous devriez, vous aussi."
Elisabetta : "#distractinglysexy J'ai pleuré quand des malades d'Ebola sont morts, ou quand ils se sont rétablis. J'ai des émotions et je les gère. Et vous devriez, vous aussi."
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Revue de blogs

Les propos sexistes du Prix nobel Tim Hunt ont eu une jolie conséquence sur les réseaux sociaux : une collection réjouissante de selfies de femmes scientifiques en pleine action.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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@VagendaMagazine. "Nous appelons toutes les femmes scientifiques a télécharger des photos d'elles au travail avec le hashtag  #distractinglysexy (sexy au point de distraire)"

L'appel est venu après la déclaration stupéfiante de Tim Hunt, 72 ans, Prix nobel 2001, lors d'une conférence pour journalistes scientifiques à Séoul. On ignore quelle mouche idiote l'a piqué. Sa position : la présence des femmes dans les laboratoires est mauvaise pour la science, parce qu'elles sont "sexy au point de distraire", qu'on tombe amoureux d'elles, qu'elles tombent amoureuses de vous, et que tout cet amour compromet les progrès de la science. En plus, "elles pleurent dès qu'on les critique". Le malheureux, s'il avait su. Dans un siècle où les universités et les gouvernements essaient tous désespérement d'encourager les filles à choisir des filières scientifiques, il a du démissionner. Heureusement pour lui, personne n'a évoqué le harcèlement sexuel apparemment courant, selon une étude de Nature envers les jeunes chercheuses.

Mais on lui doit un superbe fil Twitter de riposte,#distractinglysexy, tout en humour qui est aussi un documentaire involontaire et très rare sur les femmes scientifiques au travail au début du XXIe siècle : dans les labo, dans des fouilles de l'âge de bronze, en train de découper des satelittes au chalumeau, d'examiner des excréments de fauves ou de gérer des déchets hautement toxiques.

"Amoureuse de ma centrifugeuse"  via 11 juin

Elisabetta : "#distractinglysexy J'ai pleuré quand des malades d'Ebola sont morts, ou quand ils se sont rétablis. J'ai des émotions et je les gère. Et vous devriez, vous aussi."

Stéphanie : "Je ne sais pas comment les hommes ont pu continuer à fonctionner en me voyant dans ma tenue de Bunny en train d'intégrer un satellite" @StephEvz43

EmilyRemnant : "Heureusement, toutes les abeilles travailleuses sont des femelles. Sinon...."

"Attention : laboratoire mixte. Interdition de tomber amoureux ou de pleurer" (sur Twitter, via Daily Edge)

"Beka : Ce jour-là, j'ai rempli cette fosse de l'âge de bronze de mes larmes féminines"

Après coup, Grange Blanche, le blog d'un cardiologue, a moins ri, mal à l'aise, à cause de l'effet de meute :

"Il a très largement mérité que ses consœurs chercheuses se moquent de sa bêtise avec #distractinglysexy, mais certainement pas son renvoi ou que certains s’en réjouissent. Cet homme de 72 ans a connu une époque ou l’on pouvait raconter des idioties en public, par bêtise, par manque d’à propos, par humour déplacé, ou sous l’effet de l’alcool (ou autre), sans risquer le tribunal populaire et l’autocritique en place publique. Des excuses suffisaient à l’époque. Cette époque est bien révolue, la sanction est immédiatement exécutée sous la pression de la meute.(...) L’effet de meute des réseaux sociaux a provoqué une réaction en chaîne qui me paraît totalement disproportionnée avec la faute initiale."

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