Législatives anticipées 2024 : des scientifiques et ONG redoutent une arrivée du Rassemblement national au pouvoir<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
"L'extrême droite est un grave danger pour l'environnement et le climat", ont prévenu Les Amis de la Terre sur le réseau social X.
"L'extrême droite est un grave danger pour l'environnement et le climat", ont prévenu Les Amis de la Terre sur le réseau social X.
©JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Crise climatique

Plusieurs experts environnementaux et organisations écologistes mettent en garde sur les conséquences d'une éventuelle victoire de l'extrême droite dans la lutte contre le réchauffement climatique.

"Stupéfaits", "secoué", "grave danger"...

Quelques jours après la victoire du Rassemblement national aux élections européennes, les défenseurs de la lutte contre le changement climatique s'inquiètent vivement d'une possible victoire du parti d'extrême droite aux élections législatives anticipées convoquées par Emmanuel Macron dans la foulée de l'annonce des résultats. "Je suis secoué, effrayé, abattu", se désole le paléoclimatologue Jean Jouzel dans Le Monde.

L'association France nature environnement souhaite "éviter que la France ne bascule dans le camp des climatosceptiques et des négationnistes de la crise environnementale". Car le Rassemblement national veut "détricoter les avancées environnementales", alerte l'ONG Greenpeace. "L'extrême droite est un grave danger pour l'environnement et le climat", préviennent, de leur côté, Les Amis de la Terre sur le réseau social X.

Ce qui alarment les spécialistes du climat sont les mesures avancées par le RN. Lors de la campagne présidentielle de 2022, Marine Le Pen avait ainsi promis une vingtaine de nouveaux réacteurs nucléaires, dont dix à livrer dès 2031, un pari irréaliste, selon les industriels eux-mêmes. Elle a également promu un moratoire sur l'éolien, se heurtant ainsi à tous les scénarios de transition énergétique, qui, nucléaire ou pas, soulignent la nécessité des énergies renouvelables si la France veut sortir des énergies fossiles et tenir ses engagements climatiques. La copie d'alors était ainsi jugée "très éloignée, voire contraire" aux objectifs climatiques de la France, selon une analyse faite par franceinfo à l’époque.

Deux ans plus tard, les mesures pour la lutte contre le changement climatique ont encore été jugées "insuffisantes ou contraires" dans le programme du parti d'extrême droite pour les élections européennes, d’après le Réseau action climat. "Le RN ne fait pas mention de la neutralité carbone ni de la sortie des énergies fossiles dans son programme", citait en exemple la coalition d'ONG. La liste de Jordan Bardella se prononçait même contre "l'écologie punitive" du Pacte vert européen, en faveur de l'abrogation de l'interdiction de vente de voitures thermiques neuves en 2035, ainsi que pour l'assouplissement "des obligations européennes de rénovation énergétique des bâtiments" ou encore contre le déploiement d'éoliennes et de panneaux solaires.

Dans le cadre des législatives anticipées, le parti d'extrême droite a prévu une profession de foi qui sera envoyée à tous ses candidats. Celle-ci contient "les huit thèmes de campagne que le RN veut porter", écrit Le Figaro, qui a pu y avoir accès. Aucune mention du changement climatique ou de la protection de l'environnement et de la biodiversité n’y est présente.

Certaines promesses touchent toutefois à ces enjeux, comme "baisser les factures d'électricité, réduire la TVA sur le gaz, le fioul et les carburants". De quoi, au contraire, augmenter l'attractivité des produits énergétiques, dont les énergies fossiles.

Au-delà des programmes, la large victoire du Rassemblement national aux européennes ravive des prises de position climatosceptiques passées. Comme celle du député Christophe Barthès, sur X, en janvier dernier : "Réchauffement climatique ? Dérèglement climatique ? Le 3 janvier 2024, la Suède a enregistré les températures les plus basses depuis 25 ans, avec -43°C." Lors de la campagne présidentielle de 2022, Marine Le Pen elle-même citait l'environnement et le Giec parmi les "prétendus grands enjeux globaux" que la diplomatie française devait délaisser. 

Ainsi, le spécialiste de la gouvernance du climat, François Gemenne, juge auprès de l’AFP que les propositions et sorties du RN ne donnent à la France "aucune chance d'atteindre les objectifs de l'accord de Paris".

"L'exemple de la Suède doit nous interroger, avec un gouvernement très à droite qui dépendait de l'extrême droite... Le résultat, c'est que les émissions de la Suède sont reparties à la hausse », complète le chercheur. « Alors que la Suède historiquement a toujours été le bon élève de l'Europe en matière d'écologie. Donc on voit bien qu'on peut mettre un coup d'arrêt brutal à la transition."

Plusieurs textes sont en attente et leur avenir est incertain. Stratégie nationale bas-carbone, plan national d'adaptation au changement climatique, programmation pluriannuelle de l'énergie... "Il y a un risque réel que la transition puisse être ralentie, voire même qu'elle déraille. Ce qui est essentiel pour la transition du côté des entreprises, des investisseurs, des marchés, c'est des signaux clairs, un cap de long terme qui soit envoyé par le gouvernement", alerte François Gemenne.

"Aujourd'hui, on rebat les cartes, le gouvernement futur va pouvoir refaire ses choix", s'inquiète le président du Syndicat des énergies renouvelables, Jules Nyssen. Alors que, comme l'a rappelé la climatologue Valérie Masson-Delmotte sur X, le Haut Conseil pour le climat venait d’alerter en avril sur "le niveau d'urgence actuel, tant en matière d'atténuation que d'adaptation, qui invite à réaffirmer fermement et sans délai la politique climatique de la France".

Franceinfo

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !