Des milliers de documents piratés dans les ordinateurs de la police chinoise montrent l’ampleur de la répression contre les Ouïgours<!-- --> | Atlantico.fr
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Centre de détention de Tekes. 25 septembre 2018.
Centre de détention de Tekes. 25 septembre 2018.
©Xinjiang Police Files

Documents accablants

Ces milliers de documents, publiés par des médias internationaux, témoignent de l’obsession sécuritaire dans les camps d’internement en Chine

« Si les élèves n’écoutent pas les consignes, les policiers armés peuvent effectuer des tirs de semonce. Si les élèves ne cèdent pas à la dissuasion, s’ils continuent de faire monter la tension, tentent de s’échapper ou de s’emparer des armes des agents, ceux-ci les tueront ». Dans le « centre de formation professionnelle » réservé aux minorités musulmanes, à Shufu, dans la « région autonome ouïgoure » du Xinjiang, les consignes sont claires. 

Le "centre d’éducation et de formation professionnelle" du district de Shufu. Photo satellite du 15 janvier 2022 (Maxar) / Xinjiang Police Files

Cette « instruction pour éliminer toute perturbation et tentative d’évasion pendant les cours » date de 2018. Elle est extraite d’un lot de 100 000 documents qui ont été piratés dans les ordinateurs de la police chinoise. 

Ces documents, les « Xinjiang Police Files »  ont été livrés à l’anthropologue allemand Adrian Zenz et ont été vérifiés hors de Chine par un groupe de quatorze médias internationaux. Ils sont extraits des ordinateurs du bureau de la sécurité publique des districts de Konasheher, dans la préfecture de Kachgar, et de Tekes, dans celle d’Ili.

« Les fichiers internes de Konasheher contiennent les informations personnelles de 286 000 habitants du district, indiquant qu’entre 12,1 % et 12,5 % des adultes des minorités ethniques subissent en 2018 une forme d’internement, en rééducation, en détention ou en prison », établit Adrian Zenz. Le nouveau « centre de formation professionnelle » de Konasheher détient alors 8 000 personnes. Ce taux de détention dépasse ceux du stalinisme. Et « il est 64 fois plus élevé que le taux d’emprisonnement national de la Chine », écrit l’anthropologue allemand. 

Différentes unités de police dans le centre de détention de Tekes, le 14 février 2018. Xinjiang Police Files

Près de 5 000 photos de Ouïgours fichés, âgés de 3 à 94 ans, ont également été publiés. 2 884 internés ont pu être authentifiés avec certitude.

Selon Adrian Zenz, l’obsession sécuritaire du Parti Communiste Chinois ne peut avoir de fin. « L’ennemi, ce ne sont plus seulement ceux qui s’engagent dans la résistance violente, mais les personnes potentiellement “indignes de confiance”, car l’Etat échoue à vérifier leur état d’esprit. La seule solution est donc l’internement », écrit-il. 

Le Monde

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