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Votre vie civilisée, non merci ! Des femmes d'une tribu d'Amazonie décident de retourner vivre dans la forêt après avoir essayé la modernité
©wikipédia

Mauvaise expérience

En décembre 2014, trois membres de la tribu Awá située en Amazonie (Brésil) avaient tenté de vivre dans un petit village rustique situé à la lisière de la forêt. Aujourd'hui, deux d'entre eux sont repartis rejoindre leur tribu, préférant leur ancien mode de vie.

Mondialisation oblige, tous les peuples du monde se rapprochent les uns des autres, communiquent, échangent… Tous ? Non, il reste une poignée d'irréductibles, quelques dizaines de tribus vivant en autarcie qui ne connaissent que peu voire pas du tout le monde extérieur au leur. 

Tribu la plus menacée au monde

Alors que la tribu amazonienne Awá, la plus menacée au monde selon l'ONG de défense des droits des tribus Survival, voit son existence mise en péril à cause de la déforestation et du braconnage illégaux, les quelque 450 membres de ce groupe n'ont pas beaucoup d'options : prendre les armes contre ceux qui menacent leur territoire, s'enfoncer dans la jungle pour fuir ou enfin s'intégrer à la civilisation qui grignote chaque jour un peu plus leur forêt. Cette dernière proposition a été expérimentée par trois membres (un homme et deux femmes) de la tribu en décembre 2014, indiqueThe Washington Post. Les trois individus avaient été placés dans un village très rudimentaire à la lisière de la forêt, un petit pâté de maison d'argiles que nous pourrions aisément confondre avec un véritable village tribal. À la différence près qu'on pouvait y trouver une télévision, des toilettes, un lit : le confort rustique mais réel de tout village "civilisé".

Si l'homme du trio a trouvé une femme au village et a décidé de s'y installer, les deux femmes du groupe n'ont connu que les maladies -la tuberculose tout particulièrement-. Pour cause, ces peuples isolés du monde ne sont pas immunisés contre les bactéries et virus qui transitent tout autour de nous. Ainsi, un simple rhume peut être fatal. En ce mois de septembre 2016, les deux femmes ont mis un terme à leur calvaire. Elles ont emporté une hache, une machette et les oiseaux qu'elles avaient apprivoisés, ont ôté les vêtements qu'on leur avait donnés et sont reparties dans les profondeurs de la jungle pour retrouver leur tribu, est-il indiqué sur le site de l'ONG Survival. Le message est on ne peut plus clair : ils ne veulent pas de notre civilisation.

Rejet de notre civilisation

"Il s'agit d'un rejet. Ce qui leur importe n'est pas la télévision, mais d'être chez eux, dans la forêt, au milieu du gibier, des rivières et des animaux",assure à The Washington Post Rosana Diniz, coordinatrice au Conseil missionnaire pour les indigènes (Cimi), une ONG humanitaire catholique. Comment ne pas la croire, quand on voit les photos du rapport fusionnel que les membres de cette tribu ont avec la nature qui les entoure ? Une grande partie de ces indigènes regrettent d'avoir voulu quitter la forêt. C'est le cas de Wamaxua, interrogé par l'ONG Surival : "Quand je vivais dans la jungle, je menais une bonne vie. Maintenant, lorsque je rencontre certains membres de ma tribu qui n'ont pas encore vu le monde extérieur, je leur dis 'ne partez pas ! Restez dans la forêt… Il n'y a rien de bon pour vous là-bas'".

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Les armes pour se faire respecter

Et ils ne sont pas les seuls à ne pas vouloir de notre civilisation. Les plus emblématiques d'entre eux sont les Sentinelles, un peuple de chasseurs-cueilleurs dont nous avions précédemment parlé vivant sur la petite île éponyme de 72m², dans l'archipel des îles Andaman, dans le golfe du Bengale, au large de l'Inde. Ce peuple appartenant au groupe ethnique des Négritos -que l'on estime à quelque 250 âmes- vit dans l'autarcie la plus totale, à l'âge de pierre – il connait le feu, mais ne sait pas le créer – et dans des conditions inchangées depuis des milliers d'années. Jusqu'alors, les tentatives de contact se sont toutes soldées par des échecs.

On imaginait mal que ce peuple ait pu survivre au puissant tsunami de 2004 et pourtant, c'est en observant l'attitude des oiseaux et la marée descendante qui précède le raz-de-marée qu'ils ont pu survivre en se réfugiant dans les hauteurs de l'île. Il s'agit notamment du seul peuple pour lequel aucune aide humanitaire n'a pu être apportée à la suite du cataclysme. Pour cause : ces guerriers armés de lances, d'arcs et de flèches se montrent très agressifs envers les navires au large de l'île et les aéronefs qui s'aventurent parfois à survoler la zone. En 2006, un bateau de pêche s'était aventuré trop près du rivage, et ses deux occupants avaient été tués par ces indigènes. Un hélicoptère chargé de récupérer les corps avait même par la suite fait l'objet de tirs de flèches.

Comme le racontaitThe Independent en 1993, seul l'universitaire Trilokinath Pandit a pu approcher ce peuple inhospitalier. Un contact filmé qui remonte à 1991, durant lequel le Britannique a dû se démunir de tous ses apparats occidentaux pour se mettre à l'égal de ses hôtes. Depuis, l'Inde a renoncé à toute tentative de contact avec ces indigènes, respectant ainsi leur choix de vivre sur un bout de terre où le temps n'a rien changé depuis des milliers d'années.

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