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Voeux d’apaisement d’Emmanuel Macron pour la nouvelle année
©LUDOVIC MARIN / AFP

Apaisement ?

L'Elysée a annoncé ce week-end qu'Emmanuel Macron travaillait sur les voeux qu'il présentera aux Français le 31 janvier. Des voeux qui interviennent dans un contexte politique pour le moins tendu.

Maxime  Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est un haut fonctionnaire français, qui a été conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions relatives à l'immigration, l'intégration des populations d'origine étrangère, ainsi que les sujets relatifs au ministère de l'intérieur.

Il commente l'actualité sur son blog  personnel

 

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Atlantico : Selon vous, est-ce une stratégie qui peut fonctionner ? Que faudrait-il vraiment dire aux Français pour les apaiser ? 

Maxime Tandonnet : C’est difficile car l’image d’un haut dirigeant, chef de l’Etat ou Premier ministre, s’imprègne profondément dans l’opinion. Il est aussi difficile d’en modifier le cours que d’arrêter un paquebot lancé à vive allure. Il faut des décennies pour la changer. Après le mouvement social de décembre 1995, M. Juppé fut extrêmement impopulaire. Il fallut une quinzaine d’années et son retour comme ministre des Affaires étrangères, pour opérer une reconquête de l’opinion. Le président Macron n’a jamais pris une posture apaisante. Il s’est présenté en président Jupiter, donc autoritaire, déterminé à « transformer » la France contre tous les obstacles. Le discours d’apaisement ne sied pas au personnage qu’il s’est donné.

De fait, à tort ou à raison, l’image dominante qu’il donne dans la France profonde est celle d’un représentant des élites, éloigné du peuple. Pour apaiser les Français, il lui faudrait trouver des accents de sincérité, nouveaux, renouant le lien avec la France profonde, reconnaître les erreurs et les souffrances engendrées par des décisions mal préparées, convaincre de sa volonté de remettre à plat la réforme des retraites et de se placer à l’écoute de la nation autrement que par des opérations de communication telle que « le Grand Débat ». 

La situation actuelle (grèves, blocages, tensions etc.) est-elle trop tendue pour présenter de tels voeux ? La société française est-elle trop fracturée pour que le Président puisse apaiser quoi que ce soit ?

C’est vrai que l’exercice des vœux est compliqué dans une situation de crise sociale, et sans doute assez vain. Les vœux sont en principe l’occasion d’une parole présidentielle prenant du recul et de la hauteur. Ils consistent à tirer un bilan de l’année passée et à ouvrir sur de nouveaux horizons. Or, quand le pays est en ébullition comme c’est le cas aujourd’hui, une parole distanciée est impossible à tenir. Personne ne comprendrait, dans une situation aussi tendue, que le chef de l’Etat parle d’autre chose que du drame actuel et de ses conséquences dans la vie quotidienne.

Cependant, à ce sujet, que peut-il en dire de plus ? Nul ne l’imagine annonçant un retrait du projet et la remise en chantier de la réforme des retraites. Le chef de l’Etat peut donc difficilement faire autre chose qu’essayer de combiner « fermeté » et « ouverture au dialogue ». Mais ce discours paradoxal sera ressenti comme illusoire. Dès lors, en effet, dans le contexte actuel, on voit mal comment, sauf surprise, ces vœux pourraient exercer un effet apaisant. 

Que peut faire Emmanuel Macron pour rendre son discours audible ? Est-il condamné avant même de présenter ses voeux ?

Il faudrait qu’il provoque une énorme surprise, suffisamment fracassante pour n’être pas perçue comme une simple opération de communication supplémentaire, par exemple l’annonce d’élections législatives anticipées ou d’un référendum sur le projet de retraite, ou bien, à une échelle moindre, un changement complet de gouvernement. Il faudrait aussi qu’il réussisse à briser la cloison de verre qui le sépare des Français et le fait percevoir majoritairement, à tort ou à raison (c’est un fait) comme un personnage distant, narcissique et insincère, obsédé par sa réélection. Une parole simple et directe, consistant à dire que son unique ambition, aujourd’hui, est d’exploiter au mieux les 28 mois qu’il lui reste à la présidence de la République, avec les Français, à leur écoute et dans leur seul intérêt, qu’il n’a aucune intention, contrairement à la réputation qui lui est faite, de renouveler son mandat à l’Elysée, apparaîtrait comme une main tendue au pays. Tout ceci est évidemment peu probable. 

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