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"Une certaine désinvolture" de Bertrand de Saint-Vincent est à retrouver aux éditions du Rocher.
"Une certaine désinvolture" de Bertrand de Saint-Vincent est à retrouver aux éditions du Rocher.
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A lire et à relire, au moins pour cette « Vie à la hussarde », bel hommage à Antoine Blondin.

François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour pour Culture-Tops

François Duffour est chroniqueur pour Culture-Tops et avocat au Barreau de Paris.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

 Sous la forme d’une quinzaine de nouvelles, l’auteur déambule dans le XXème siècle mondain, souvent lettré et presque toujours désabusé, en mettant en scène des personnages imaginaires ou réels, des situations connues et d’autres inédites, des lieux à la mode passant pour des personnages à part entière ; ainsi l’Old Cataract, l’hôtel mythique d’Assouan immortalisé par Agatha Christie dans Mort sur le Nil qui aura vu défiler Churchill, Farouk, Mountbatten, Saint-Ex et Malraux, sans oublier Mitterrand qui y passera son dernier Noël… le bar du Ritz ou celui du George V, le Country Club de Montgomery. 

Cette balade mélancolique conduira le lecteur à Saint-Tropez à l’époque de BB et de Gunter Sachs quand Françoise Hardy, la plus belle fille du monde sortie du Grand Meaulnes, vient tout juste de se mettre à chanter ; en croisière aussi de Venise à Izmir, à Eton avec William and Kate que Madame Middleton a coaché pour le job, au cœur de la forêt amazonienne avec Diana. De cette superficialité manifeste émergent Scott et Zelda Fitzgerald, les très fameux « hussards », Nimier enfermé trop jeune dans le fracas de tôle de son Aston-Martin, Jacques Laurent et Michel Déon qui nous « écrit d’Italie », Blondin auquel l’auteur consacre le plus long chapitre de son ouvrage et bien sûr Sagan qui boit et fume beaucoup aussi et ne peut pas sortir de chez elle sans égratigner sa Jaguar. Encore Morand qui est un peu la synthèse du tout, « l’homme pressé qui promène son spleen entre la Suisse et Tanger ».

POINTS FORTS

  •  L’improbable concentration de noms propres en quelques 180 pages, noms de personnes et noms de lieux, sans jamais lasser le lecteur qui appréhende bien par leur seule évocation et son ordonnancement égrenés de quelques citations opportunes les contours de ce XXème siècle brillant, aventureux et suicidaire.
  • La plume de l’auteur, ciselée, au service d’une écriture synthétique, quelquefois elliptique.
  • Le portrait d’Antoine Blondin, compagnon  de route de Déon, auteur d’Un Singe en hiver et de Monsieur Jadis dans lesquels il est beaucoup question d’alcool, stupéfiant chroniqueur du Tour de France qui permettra d’associer les belles lettres à cette grande fête populaire, entre littérature et moules-frites. 
  • Le portrait de François Nourissier, suggéré sans que son nom soit jamais cité, celui d’Aurélien Béranger aussi.

QUELQUES RÉSERVES

Une certaine superficialité, mais est-elle vraiment condamnable alors qu’il est précisément question de l’évocation d’un monde souvent superficiel, le traitement étant en quelque sorte inhérent au propos, adapté.

ENCORE UN MOT...

Bertrand de Saint-Vincent traîne ses guêtres depuis 30 ou 40 ans dans ce Tout Paris qu’il a déjà croqué ici ou là, de chroniques en nouvelles, dans un livre paru sous ce titre. Œuvrant pour le Figaro, il passe pour un chroniqueur mondain, nostalgique d’une époque libre de pensée et d’esprit, élégante, esthète et distanciée, un brin fantasque, éclectique à souhait, éloignée de toute forme de vulgarité, amoureuse des mots déclinés en prose.

Sans être de l’école de l’un ou de l’autre, il se nourrit sans doute un peu du snobisme de Proust ou de celui de Robert de Montesquiou, emprunte beaucoup de la mélancolie d’un Zweig sans songer à se suicider grâce à Dieu, plutôt celle d’un Sandor Marai quand il jette un dernier regard désabusé sur le monde d’hier en s’offrant cette ultime balade dans les lieux de la ville qui ont tant compté pour lui dans Dernier jour à Budapest. A lire, ne serait-ce que pour l’hommage rendu à Blondin, magistral et subtil.

UNE PHRASE

“ En attendant la dernière salve, je me souviens de cette époque où j’étais un jeune écrivain prometteur. J’avais vingt ans. Vif, brillant, j’alignais les bons mots, faisant preuve d’un sens de la répartie, d’une nonchalance naturelle, qui, telle la patte d’un grand couturier, signait mon style. Enfin, c’est ce que j’imaginais. Pourquoi y avait-il déjà en moi ce sentiment enfoui, que tout était fini ? Cette impossibilité d’y croire, cette certitude de la vanité des choses.” Page 9

L'AUTEUR

Bertrand de Saint Vincent est journaliste et chroniqueur littéraire. Il a fait ses armes au Quotidien de Paris sous la direction de Philippe Tesson, son mentor, et tient depuis 2008 une chronique quotidienne dans Le Figaro, ce qui lui vaut par ailleurs le statut de directeur adjoint de la Rédaction en charge des pages « Culture ». Auteur de plusieurs ouvrages, il s’est fait remarquer notamment pour une biographie de Jacques Laurent, publiée en 1995 chez Julliard et son recueil de chroniques intitulé Tout Paris publié en 2011 chez Grasset.

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