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Un "nouveau Rembrandt" a été créé : généré par un algorithme, et imprimé en 3D avec 148 millions de pixels pour ressembler parfaitement à un "vrai"
©The Next Rembrandt

Art moderne

"The Next Rembrandt" est le nom donné à cette œuvre composée à l'aide d'algorithmes. Après avoir analysé le style de l'artiste, la machine a recréé, à la façon du peintre, le portrait d'un homme posant de trois-quarts.

Tout beau, tout frais, un nouveau Rembrandt a été dévoilé en début de semaine. Mais il ne s'agit pas d'un tableau qui aurait échappé à la sagacité des experts ou que l'on aurait découvert dissimulé au fond d'une grange. Ce n'est donc pas une œuvre du maître décédé il y a 347 ans mais... celle d'un ordinateur.

« The Next Rembrandt » est le portrait d’un homme vêtu de noir, portant un large chapeau, une collerette blanche et arborant une moustache et une barbichette. Tout laisse à penser que le tableau est tout droit sorti des ateliers du peintre mais ce n'est pas le cas. C'est le fruit d'un travail de 18 mois entre des historiens, des analystes de données et des développeurs, chargés d’étudier les liens entre la science, les données et l'art.

Des centaines d'oeuvres de l'artiste analysées

« Nous utilisons souvent l'analyse de données pour rendre les procédés économiques plus efficients, mais nous y recourons beaucoup moins quant à tout ce qui touche l'âme humaine », explique Ron Augustus, directeur marketing chez Microsoft, dans une vidéo. En partant de ce constat philosophique, l'entreprise d'informatique, avec l'appui de la banque ING, l'université de technologie de Delft et deux musées néerlandais, s'est lancé le défi de peindre « le prochain Rembrandt ». Les chercheurs ont donc programmé un ordinateur pour qu'il analyse les centaines d’œuvres de l'artiste et qu'il puisse imiter son travail. « Nous utilisons la technologie et l'analyse de données comme Rembrandt utilisait ses pinceaux et ses brosses pour créer quelque chose de nouveau », relate Ron Augustus.

L'espacement des yeux et la position du nez ont été calculés

Pour copier le style du peintre hollandais, plus de 300 de ses peintures ont été scannées en haute-définition et en 3D, puis ces images ont été décortiquées par un algorithme qui en a analysé toutes les informations. L'idée, en utilisant des scanners 3D et le deep learning, est de permettre ainsi au logiciel d'apprendre via un grand nombre d'exemples. Une fois que la machine a analysé les tableaux du peintre, elle a regardé certaines caractéristiques, comme le genre, l'âge et la direction du regard des portraits de Rembrandt. Le programme développé avec l’aide de Microsoft a ainsi dégagé les grandes tendances de l’œuvre du peintre pour dresser le portrait-robot d’un sujet type : le tableau devait représenter un homme de 30 à 40 ans, blanc, avec une barbe ou une moustache, des vêtements noirs, une collerette, portant un chapeau et regardant vers la droite. Ensuite, une analyse de données spécifiques a permis de recréer, à la façon du peintre, l'espacement des yeux, la position du nez, de la bouche. Enfin, un dernier algorithme a traduit la forme et les traits du visage.

148 millions de pixels basés sur 168,263 fragments de peinture

Mais une peinture n’est pas seulement une image en deux dimensions. Les analyses des tableaux des grands maîtres ont depuis longtemps révélé qu’ils étaient composés de multiples couches de peintures superposées les unes aux autres en raison des multiples coups de pinceau. L’algorithme utilisé a donc logiquement pris en compte ce facteur, et a ainsi permis de générer des cartes des tableaux du peintre hollandais. A la manière des cartes topographiques qui montrent les différences d’altitude d’un paysage, le programme a réalisé une carte mettant en évidence les différences d’épaisseur entre les différentes zones du tableau, explique Science et Avenir. Cette dernière analyse effectuée, l’impression a été lancée. C’est ainsi que 13 couches furent imprimées successivement avec une encre à UV spéciale afin d’obtenir ce relief si particulier que l’on retrouve dans les toiles du maître, sa pâte. Le résultat, est une toile composée de 148 millions de pixels, basée sur 168,263 fragments de peinture du maître, qu’un œil non averti pourrait aisément prendre pour une peinture originale de Rembrandt... « Nous voulions créer une machine qui travaillerait comme Rembrandt, avec l'objectif de mieux comprendre l'essence d'un chef d'œuvre. Mais je ne pense pas que l'on puisse remplacer Rembrandt, il est unique », a déclaré Emmanuel Flores, directeur du projet, à BBC News.

« C'est une tromperie réalisée par des fous »

Certains critiques d'art n'ont pas réellement apprécié cette démarche technologique, notamment le virulent journaliste du Guardian, Jonathan Jones. « Ils ont confondu le plus poétique et le plus minutieux portraitiste de l'Histoire avec une machine. C'est une tromperie réalisée par des fous. On ne peut pas reproduire le génie de Rembrandt. Son art n'est pas un ensemble d'algorithmes ou de tics stylistiques qui peut être recréé par une imitatrice mécanique. Les historiens de l'art hollandais et les musées qui semblent avoir prêté leur autorité à une telle entreprise sont des imbéciles ! »

L'art déchaîne toujours et encore les passions. 

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