"Un (autre) toi" de Joyce Carol Oates : réédition d’une quinzaine de nouvelles sinistres… Déprimés, s’abstenir. Mais n’oublions pas les autres œuvres - éblouissantes - de J.C. Oates<!-- --> | Atlantico.fr
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"Un (autre) toi" de Joyce Carol Oates est publié aux éditions Philippe Rey.
"Un (autre) toi" de Joyce Carol Oates est publié aux éditions Philippe Rey.
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Le livre "Un (autre) toi" de Joyce Carol Oates est à retrouver aux éditions Philippe Rey.

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Laroque Latour est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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UN (AUTRE) TOI

De Joyce Carol Oates

Publié aux éditions Philippe Rey

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Auché

Parution le 6 octobre 2022

342 pages

22 €

Notre recommandation : BON

THÈME

Une quinzaine de nouvelles inégales portant sur de minuscules tranches de la vie quotidienne, évoquant la déception et le ressentiment, le vieillissement, la mort et la dégénérescence engendrée par le passage du temps. Comme d’habitude, J.C Oates met beaucoup d’elle-même dans la plupart de ses personnages et parsème ses textes de références autobiographiques touchant à la mort de son mari ou à sa carrière universitaire, sans oublier d’aborder régulièrement les grandes angoisses de notre temps que sont l’écologie, la pollution et le réchauffement climatique qui lui tiennent particulièrement à cœur.

POINTS FORTS

De courtes fictions très contemporaines dont certaines s’apparentent à des variations sur un thème commun puisque plusieurs récits se répondent (Les amies, En attendant Kizer, Dernière interview) Ils ont pour cadre central un restaurant végan, le « Purple Onion » où s’est (peut-être) déroulé un attentat kamikaze et proposent trois interprétations de la même supposition sans pour autant éclairer le lecteur.

Quant à la première nouvelle qui donne son titre au volume, il faut la rapprocher de la dernière Les impondérables, puisqu’elles présentent deux facettes d’une même femme, dont les destins bien différents n’ont tenu qu’à la réussite d’un examen universitaire

L’humour et l’autodérision d’une veuve qui vieillit sans enfants alors qu’elle a superbement réussi une carrière littéraire qui aurait mérité le Nobel.

La minutie des descriptions servie par les multiples répétitions, parenthèses et italiques qui sont la marque du style de J.C. Oates dont l’esprit reste vif et la mémoire intacte. A noter que la plupart des narrations sont à la seconde personne du singulier ce qui augmente le côté intimiste du récit.

QUELQUES RÉSERVES

On peut penser que les éditeurs de J.C. Oates ont exploité le nom d’un grand écrivain pour optimiser des nouvelles déjà parues et il faut reconnaître que le choix n’est pas toujours judicieux. 

Si certaines histoires relèvent du très grand J.C.Oates (dont Deuil nocturne qui m’amène à renoncer à la mention « à la rigueur » d’abord envisagée)quelques nouvelles, pratiquement incompréhensibles, auraient gagné à ne pas être rééditées. 

Apparences trompeuses, peurs irraisonnées, occasions manquées, solitude et incommunicabilité, nostalgie sans remède, regrets, vieillissement (fauteuils roulants, déambulateurs, cannes, cancer et Alzheimer) le syndrome du survivant est un peu trop présent dans ce recueil …. Déprimés, s’abstenir !

ENCORE UN MOT...

J.C. Oates a écrit suffisamment d’œuvres éblouissantes pour que l’on ne perde pas son temps avec ce sombrerecueilsans grand intérêt qui aurait dû s’appeler « sinistrose »

UNE PHRASE

P.323 Les impondérables

(L’auteur doit répondre à son auditoire après avoir donné une conférence dans sa ville natale et ça sent le vécu :)

- « On te demande où tu trouves tes idées et quel âge tu avais quand tu as publié ta première nouvelle. Si tu prépares un plan de roman à l’avance ou si « tu commences juste à écrire ». On te demande si tu tapes directement sur ordinateur ou si tu écris à la main. On te demande si tu retravailles tes textes. On te demande si tu sais que tu as fini de les retravailler. Quel conseil tu aurais pour les écrivains débutants. Quel conseil tu donnerais sur le recours à un agent. Quel a été le meilleur conseil qu’on t’ait donné. Si tu souffres parfois du « syndrome de la page blanche ». Quel est ton remède au « syndrome de la page blanche ». Si tu as des enfants. Si tu regrettes de ne pas avoir d’enfants.

L'AUTEUR

J.C. Oates a figuré deux fois parmi les finalistes du prix Nobel de littérature. 

A 84 ans, elle a publié plus de soixante-dix titres, romans, essais, nouvelles, théâtre et poésie, sans compter les romans policiers écrits sous pseudonyme. Parmi ses œuvres les plus anciennes, citons Eux (Stock, 1971), Reflets en eau trouble (Ecriture, 1993), Blonde (Stocke, 2000), Les chutes (Philippe Rey, 2005).

Ci-dessous les liens pour retrouver quelques-unes des chroniques concernant des livres de J.C. Oates :

Démembrer
Carthage
Blonde
Ma vie de cafard
Paysage perdu
Cardiff près de la mer
Poursuite
Le petit paradis

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