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L'islamisation de la Turquie 
refroidit ses relations avec Israël
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Diplomatie

Les relations diplomatiques entre la Turquie et Israël se tendent. L'affaire de la flottille turque, interceptée avec force par les Israéliens, y est pour beaucoup. Mais, est-ce l'unique raison de ce refroidissement soudain ?

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Il n’est pas aisé de comprendre la ligne directrice de la politique turque dernièrement. Faite de coups et d’à-coups, cette politique va dans toutes les directions, posant un pas en avant pour faire marche arrière la seconde d’après. Ainsi, on a appris récemment l’existence de manœuvres militaires turques dans le Kurdistan iraquien concomitamment à des manœuvres identiques de l’Iran dans la même région. Les Turcs attaquant pour leur part les membres du PKK et les Iraniens les membres du PJAK, un mouvement kurde d’opposition armé contre l’Iran militant en faveur davantage d’autonomie pour les kurdes iraniens. Sur ce volet, les Turcs et les Iraniens étaient frères d’armes réunis dans un combat quasi identique.

Des relations diplomatiques tendues

Parallèlement, on a vu la star de la diplomatie turque, le ministre des affaires étrangères, Ahmet Davotuglu, déclarer l’Ambassadeur d’Israël persona non grata et réduire ainsi significativement les relations diplomatiques entre les deux pays, dernière étape avant une quasi rupture des relations diplomatiques. Cette initiative faisait suite à un rapport de l’ONU qui considérait que les forces israéliennes avaient recours à une force disproportionnée dans l’affaire de la flottille turque en route pour Gaza. Les Turcs ont d’ailleurs annulé toutes les manœuvres militaires communes, programmées avec le Tsahal, manœuvres qui avaient été réduites à une peau de chagrin depuis cette même malheureuse affaire de la flottille.

Enfin, on a vu la Turquie accueillir avec bienveillance la demande américaine d’installer sur son territoire une rampe de missile anti balistiques pour le cas où l’Iran devait décider de faire tomber une pluie de missiles transcontinentaux sur l’Europe. Symétriquement, les Turcs ont adopté une attitude attentiste sur le cas syrien limitant leurs critiques des exactions du régime d’Assad à des remontrances verbales à peine agressives.

La Turquie laïque de Mustafa Kemal semble loin...

Mais enfin à quoi jouent les Turcs ? Sous l’effet de la menace croissante iranienne, les pays arabes du golfe persique ne cessent de pousser la Turquie moderne vers ses démons passés Ottomans afin que reprenne le grand Califat sunnite de la sublime porte pour qu’une Turquie sunnite face contrepoids à la puissance chiite de l’Iran émergent. Les Turcs sont en effet en train de voir leur société se métamorphoser en une société davantage orientale qu’occidentale. Il y a trente ans, rares étaient les femmes voilées sur la grande place Taksim à Istanbul. Aujourd’hui, rares sont les femmes non voilées sur cette même place. L’Islam des classes devenues moyennes longuement mis à l’écart de la société laïque turque est en passe de marquer un virage radical dans la Turquie qui fut naguère séculier et Kémaliste. Qui ne se souvient pas de l’accueil triomphal réservé au premier ministre Erdogan après sa joute verbale contre le Président Peres d’Israël à Davos ?

Un général Turc sur dix est aujourd’hui en prison pour faits de tentatives de putsch. L’accès aux écoles d’officiers militaires est dorénavant ouvert à des élèves diplômé des écoles privées religieuses. Le dernier bastion du Kémalisme, l’armée est sur le point de tomber.

La Turquie d’Erdogan ne peut envisager d’assumer le leadership du monde arabe du golfe persique en adoptant une attitude conciliante vis-à-vis d’Israël. D’où cette radicalisation croissante de sa politique envers l’État Hébreux.

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