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Trente ans après les "bonnes questions"...
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Onde Marine

Le Pen pose des "bonnes questions" mais apporte de "mauvaises réponses". La sentence de Laurent Fabius date de 1984. Elle ne cesse depuis lors de hanter la vie politique française.

Francis Puyalte

Francis Puyalte

Francis Puyalte est journaliste.

Né en 1943, il a travaillé pour Paris-Jour, L'Aurore et Le Figaro. Il est aujourd'hui grand reporter.
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Depuis une trentaine d’années, les responsables politiques de droite et de gauche font le même constat : le Front national pose les bonnes questions, mais leur donne de mauvaises réponses. Une formule lancée par le Premier ministre de 1984, Laurent Fabius, et devenue une antienne. Une rengaine. Jean-François Copé l’a encore ressortie l’autre jour lors d’un débat télévisé. L’avant-veille, Pierre Moscovici l’avait déjà servie aux auditeurs d’une station de radio. UMP et PS se rejoignent donc sur cet aphorisme.

21 avril 2002 : séisme... sans suite

Entre-temps, le « séisme » d’avril 2002 aurait pu être vécu comme un coup de semonce. Pourtant, il ne semble pas avoir suscité de mesures «antisismiques » dans le paysage politique français. Les questions restent bonnes, mais les réponses se font attendre. À en croire la montée en puissance du Front national, ni la majorité ni l’opposition n’auraient donc les bonnes réponses à ces bonnes questions. Il n’y en a peut-être pas, hélas, en démocratie. En tout cas, sur le terrain de l’insécurité ou du chômage, l’absence de solutions aux problèmes peut être interprétée comme l’aveu d’impuissance de ceux qui sont au gouvernement ou qui espèrent y être. Trente ans, c’est long...

On peut certes douter de la fiabilité de ce sondage du Parisien qui place Marine Le Pen en tête du premier tour des élections présidentielles avec 23% des voix, surtout à 14 mois de l’échéance et sans l’hypothèse DSK. On peut croire à une maximisation du phénomène, ce qui serait une grande première. Mais on ne devrait pourtant pas en être surpris. Il s’annonçait à visage découvert. Déjà, en 1995, dans son livre Demain le Front ?, Dominique Jamet écrivait : « malgré la réprobation unanime, la condamnation générale, la marée monte, et l’on peut se demander si le Front national n’est pas en train, fort démocratiquement, de gravir les marches du pouvoir ».

Parti politique pas comme les autres, sans représentant au Parlement malgré ses scores (frôlant les 50% dans plusieurs petites villes de province, comme Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, Cluses en Haute-Savoie ou Noyon dans l’Oise), le FN fait désormais moins peur au pays réel qu’au pays virtuel. Le départ à la retraite du Diable y est sans doute pour quelque chose. En rassurant les uns, ils frustrent les autres.

Que faire pour lutter contre le FN ?

Comme on ne va pas s’auto-flageller pour autisme, on se renvoie la patate chaude. «C’est de la faute à Sarkozy», déclare Martine Aubry. Toujours nuancé, Jean-Luc Mélenchon crie au « fascisme ». Jean-François Copé dénonce des « incantations stériles ». Plus finement, Cécile Duflot voit dans le phénomène « l’expression d’une révolte dont il faut traiter les causes ». Il serait temps, merci Madame !

Tous sont à peu près d’accord pour dire que le FN « surfe sur les peurs » ou « souffle sur les braises ». Que la mondialisation est la cause du mal, qu’on n’y peut rien changer. Que toute l’Europe pousse la barre à droite depuis quelques années, jusqu’en Scandinavie, autrefois si préservée de ce virus métamorphosant le peuple en « populisme ».

« De plus en plus de Français se sentent dépossédés de leur pays », vient de déclarer l’impolitiquement correcte Marine Le Pen. En 1987, Alfred Sauvy, polytechnicien, économiste, sociologue et démographe publiait l’un de ses derniers livres, L’Europe submergée, Sud Nord dans 30 ans. Un cri d’alarme, qui s’appuyait sur l’arithmétique pour démontrer l’impossibilité d’assurer le financement des retraites, à son niveau actuel, au début du troisième millénaire (sauf réforme imposée) et pour prévoir l’état du continent européen vers les années 2020. « Je ne suis pas visionnaire, disait-il, mais un simple comptable. ».

Déchiffrer le SOS des électeurs frontistes

À l’abri des fins de mois difficiles et de la loi des bandes, les responsables politiques français semblent chercher les parades afin de se préserver d’un revers électoral annoncé pour 2012. L’une d’elles a fait ses preuves et devrait les inspirer. Elémentaire. Il suffit de savoir déchiffrer le SOS des sympathisants du Front national, qui ne voient pas du tout Marine Le Pen accéder à l’Elysée et ne le souhaitent sans doute même pas. Et de leur proposer des solutions concrètes. Leur faire d’autres promesses... Lors de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy l’avait bien compris. Et il avait alors été fort bien compris. On connaît la suite.

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