Transition énergétique ratée, choc géopolitique et appartenance à la zone euro : les leçons du naufrage allemand<!-- --> | Atlantico.fr
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L’Allemagne a un positionnement central. D’un point de vue géographique et économique, c’est la puissance européenne autour de laquelle tout tourne.
L’Allemagne a un positionnement central. D’un point de vue géographique et économique, c’est la puissance européenne autour de laquelle tout tourne.
©Christof STACHE / AFP

Machine arrière

Avec 0,3% de croissance, l’Allemagne entre en phase de récession. Sa transition énergétique est au point mort, voir elle fait machine arrière.

Pierre-Emmanuel Thomann

Pierre-Emmanuel Thomann

Pierre-Emmanuel Thomann est docteur en géopolitique.

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Atlantico : Avec 0,3% de croissance, l’Allemagne entre en phase de récession. Sa transition énergétique est au point mort, voir elle fait machine arrière. Qu’est-ce que l’Allemagne a raté ? 

Pierre-Emmanuel Thomann : Il y a une raison avant tout géopolitique. Marquée par la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne ne pouvait pas se positionner comme une puissance d’équilibre car elle n’a pas de force militaire. Elle s’est développée comme puissance économique, avec l’Union européenne comme marché d’extension. C’est vraiment sa zone d’échange. Elle exporte également avec les Etats-Unis et la Chine.

Par ailleurs, l’Allemagne a abandonné son alliance énergétique avec la Russie. Elle n’a plus accès au pétrole et au gaz russe bon marché. Pour l’Allemagne, une relation énergétique forte permettait d’apaiser les conflits. C’est ce qu’elle a fait pendant longtemps avec la Russie. Elle aurait dû développer le nucléaire au lieu de privilégier le gaz russe.

Depuis les attentats de septembre 2001, le monde change. Nous le voyons depuis 2014 et le début de la crise entre la Russie et l’Ukraine ; nous ne sommes plus dans l’extension du modèle occidental. La mondialisation devient une répartition violente de géopolitique. La crise ukrainienne accélère la multipolarisation. 

Quand l’Allemagne s’enrhume, c’est toute l’Europe qui tousse. Ses partenaires économiques, y compris la France, souffrent aussi…

L’Allemagne a un positionnement central. D’un point de vue géographique et économique, c’est la puissance européenne autour de laquelle tout tourne. En résulte une forte interdépendance crée autour de l’euro. Quand l’Allemagne va mal, les autres pays en pâtissent.

Le premier partenaire de chaque pays européen, c’est l’Allemagne. Mais pour l’Allemagne, ce sont les Etats-Unis et la Chine. Avec son modèle d’exportation vers l’extérieur de l’Union Européenne, Berlin veut un marché ouvert. Ce qui n’est pas forcément le cas de la France.

Aujourd’hui, on est dans la rivalité des puissances où les Etats-Unis ont des politiques très protectionnistes. Ça change totalement la donne !

Peut-on parler aujourd’hui du naufrage allemand ? Quelles leçons tirées du choc allemand ?

L’Allemagne a encore une industrie forte même si elle est en difficulté. Le problème c’est que l’euro a provoqué la désindustrialisation de ses partenaires : la France et l’Italie. La question, c’est de savoir s’ils vont réussir à enrayer cette tendance. Est-ce qu’enfin la France et l’Allemagne peuvent s’entendre sur une stratégie économique de réindustrialisation ? Une politique industrielle ? Des frontières plus fortes pour éviter des investissements prédateurs ? Ce n’est pas sûr car l’Allemagne a une vision très ouverte, très libérale. Elle perd des points vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine. C’est pour cela qu’elle veut élargir l’Union comme avec la Géorgie. Le centre de l’Union Européenne basculerait à l’Est. Pour la France, ce serait une position catastrophique.

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