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Tout ce que nous pensions savoir sur l'obésité… est faux et voilà pourquoi
©Paul ELLIS

Idées reçues

Les à priori sur l'obésité seraient faux selon de récentes révélations dans Nature et le Huffpost américain. Ces nouveaux éléments changent totalement la donne et vont permettre de faire face à l'explosion du nombre de personnes touchées.

Réginald  Allouche

Réginald Allouche

Réginald Allouche est médecin et ingénieur. Il assure une consultation principalement axée sur la nutrition et la prévention du diabète de type II. Réginald Allouche a notamment publié en 2022 La nouvelle méthode anti-diabète chez Flammarion et La Méthode hépato-détox aux éditions Albin Michel.

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Atlantico : Selon un article publié le Huffpost américain, et repris par la revue Nature, nos à priori concernant l'obésité serait faux, et nécessiteraient d'être revus. Ainsi, en indiquant que 95 à 98% des régimes ne fonctionnent pas, et en déconstruisant le lien entre santé et obésité, l'article indique que nous nous trompons de cible. Comment évaluer ces affirmations ? 

Réginald Allouche : D'abord il faut bien séparer les cas d'obésité des cas de surpoids. L'obésité correspond à une description claire avec un IMC définit. L'obésité est une maladie. Il y a  un moment un dysfonctionnement de l'organisme qui fait que le corps ne brûle plus assez les calories.
De fait aujourd'hui le discours que l'on tient aux personnes en situation d'obésité n'est pas adapté. Quand on dit aux obèses qu'ils doivent maigrir il faut comprendre que c'est extrêmement compliqué car c'est une maladie qui nécessiterait d'avoir une aide beaucoup plus complète que la simple suggestion de régimes.
Sur le surpoids ce n'est pas tout a fait la même chose car c'est lié à des défauts alimentaires,  un manque d'activité physique… Là le régime pour les gens en surpoids un régime peut marcher car nous ne sommes juste pas dans le même paradigme. D'où la nécessité de faire la différence.
Pour vraiment aider une personne en réelle situation d'obésité il ne suffit pas simplement de lui dire de faire un régime et de se bouger.Il faut avoir une approche beaucoup plus globale et pourquoi pas lui proposer une chirurgie car là on va vraiment l'aider à perdre du poids.
Il y aura quelque chose de significatif et il pourra là se réapproprier son corps. Il verra le résultat. Alors que perdre 50kg avec des régimes c'est un vrai travail de moine zen et ça ne marche que très rarement.

Comment mesurer les dégâts "inutiles" causés par cette lutte contre l'obésité ? Cette lutte entraîne-t-elle finalement plus de mal que de bien pour les personnes concernées ? 

Je ne pense pas qu'il y ait de gros dégâts en dehors des dégâts psychologiques. Mieux manger, pour un obèse, forcément que ça va lui faire du bien in fine.  Mais le soucis c'est qu'il y a très peu de chance que cela marche dans la durée. Au contraire, faire croire que « c'est simple » peut avoir des conséquences psychologiques. Face à l'échec les gens vont se dire "encore un nouvel échec, ça n'a pas marché, je suis incapable…" c'est un cercle vicieux qui s'enclenche alors et cela va pouvoir avoir des conséquences lourdes.
Mais encore une fois les conséquences seront plus psychologiques que physiologiques. En tout cas au début.

L'article du Huffpost considère alors que la lutte contre l’obésité doit se transformer en une lutte pour promouvoir une vie plus saine. Quelles seraient les conséquences d'une telle modification de l'objectif ? 

Mais nous sommes tous d'accord avec ça. Dire cela c'est très bien sur le papier mais dans les faits plusieurs facteurs vont s'y opposer. Tout d'abord un système d'approvisionnement qui favorise les produits industriels gras et sucrés car il va falloir les conserver. On voit bien que la tendance aujourd'hui n'est pas d'acheter ou de manger « local » mais plutôt le contraire. C'est-à-dire que les gens qui cuisinaient ne cuisinent plus, il y a de moins en moins de marchés pour consommer localement (et c'est encore plus vrai dans les grandes villes) et de manière générale le style de vie que nous avons adopté empêche fondamentalement de consacrer autant de temps à l'alimentation qu'on pouvait le faire auparavant.
Et même en considérant que l'on avait le temps et la possibilité interviendrait la question de l'argent. Car à densité égale les produits industriels sont moins chers. C'est tout le système qu'il faut remettre en cause. Nous avons un mode de vie obésogène, c'est une réalité et avoir un mode de vie sain est un vœux pieux.

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