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Toujours culpabiliser l’autre lorsque l’on est soi-même responsable : comment contrecarrer cette "méthode" bien perverse mais devenue si fréquente
©Pixabay

Bonne feuilles

Nombre d'entre nous aimeraient avoir une baguette, un philtre ou un pouvoir magique afin que ceux auxquels ils s'adressent se passionnent pour leurs propos, leur personnalité, ce qu'ils font ou les domaines auxquels ils souhaiteraient les intéresser. Combien aimeraient connaître la méthode idéale pour séduire, convaincre et persuader ? Pourtant la réponse à la question "Comment fasciner ?" n'a été que rarement explicitée. Extrait de "Le pouvoir de fascination. Les secrets de la séduction" de Jacques H. Paget, publié aux éditions Plon. 2/2

Jacques H. Paget

Jacques H. Paget

Avocat de formation, expert en négociations et conférencier international, Jacques H. Paget possède une solide formation sur l’illusionnisme. Conseiller auprès des dirigeants d'entreprises sur les principes psychologiques de persuasion utilisés en illusionnisme de haut niveau, il l'auteur du Pouvoir de l'illusion. Les clés de votre réussite (Plon, 2005), Les Grands Secrets du monde de l'illusionnisme (Eyrolles, 2005), Comment persuader les autres dans toutes les situations (Leduc.s Editions, 2012) et du Pouvoir de la force mentale. Les clés d'un moral d'acier (Plon, 2013).

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À l’échelle individuelle, évitez désormais de donner prise à tout sentiment de culpabilité. C’est notamment le cas dans les entreprises où le harcèlement d’un salarié a pour but de le rendre insidieusement coupable pour le ou la faire « craquer», et n’est pas le résultat de véritables pressions qui pourraient être plus manifestes, et donc plus aisément prouvables. Le système le plus retors consiste au contraire à culpabiliser la personne en estimant qu’elle ne met pas assez d’énergie dans son travail, à l’interroger sur la façon dont elle envisage de compenser ses manquements ou d’atteindre ses objectifs, ou de trouver qu’elle ne s’intègre pas assez à l’équipe, qu’elle participe trop peu à la vie de l’entreprise... La culpabilisation est le moyen d’obtenir toutes les faveurs de ceux qui sont sincères par ceux qui ne le sont pas. En effet, les reproches portent encore mieux sur ceux qui sont de bonne foi et de bonne volonté. Celui qui sait qu’il ne fait rien et que ces reproches sont mérités n’éprouve aucun remords ou ne ressent pas la culpabilité : il est conscient qu’il est en tort et cela lui est égal. En revanche, celui qui fait de son mieux et ne compte pas ses heures ne comprend pas le sens des critiques et verse dans la paranoïa, croyant que tout est sa faute, surtout si les reproches concernent son attitude. Il va donc chercher tous les moyens de montrer que celui qui le juge insincère se trompe. Et les preuves apportées seront toujours considérées comme insuffisantes par le manipulateur tant qu’il n’aura pas obtenu ce qu’il veut de cette personne, soit des faveurs particulières, soit son départ, entre autres éventualités.

Pour contrecarrer cette «méthode » bien perverse mais si fréquente dans tous les univers de nos jours, il convient de rester « stoïque ». Le moyen en est simple : c’est un renversement de la charge de la preuve. Il vous suffit pour cela de faire la distinction entre accusation et culpabilisation.

Si vous constatez que quelqu’un cherche à vous culpabiliser, demandez-lui très simplement et très directement, les yeux dans les yeux : «Est-ce une accusation? Vous voulez m’accuser de ne pas bien faire ce que je fais ? »

Si la personne répond «oui», demandez-lui alors d’en apporter la preuve. Il lui sera alors difficile de le faire s’il est de mauvaise foi, ce qui est presque toujours le cas. Si elle répond «non», alors dites-lui de ne plus vous importuner et de vous laissez faire votre travail. Et continuez d’agir comme vous l’entendez.

Si l’on vous accuse manifestement, c’est à celui qui vous accuse d’apporter les preuves de son accusation. Laissez faire. Cela n’ira jamais loin. Si on vous culpabilise, on estime généralement, et vous estimerez implicitement, que c’est à vous d’apporter la preuve du contraire. Ne le faites pas. Jamais. Car sinon, vous démontrez implicitement que vous reconnaissez au minimum le fait d’être redevable. Donc que l’accusation est fondée, alors qu’en fait l’accusation n’avait aucune preuve. Si vous ne modifiez pas votre attitude, la preuve pour celui qui vous accuse sera nettement plus difficile à apporter. Bien faire cette différence vous permettra de vivre beaucoup mieux.

Dans la plupart des situations, on cherchera à vous culpabiliser. Ne vous en faites pas. Et laissez glisser sans vous préoccuper de quoi que ce soit à cet égard. Car apporter les preuves nécessaires à une accusation demande beaucoup plus d’engagement, de volonté et d’énergie. Et la plupart des manipulateurs sont paresseux, sinon ils ne penseraient pas à manipuler autrui pour tout obtenir sans se fatiguer.

Cela est tout aussi vrai sur le plan politique. La culpabilisation est aujourd’hui le moyen le plus utilisé pour asservir les citoyens et les forcer à agir et à payer leurs impôts sans réfléchir ou demander des comptes.  Ceux qui parlent de « complot planétaire » ou de «théorie du complot» veulent, en réalité, parler du problème de la « culpabilisation des citoyens ». Mais ils se trompent de terminologie. Car le formatage des cerveaux de plus en plus d’êtres humains est si profond que bien peu de personnes perçoivent que le monde est de plus en plus asservi par la peur et le sentiment de culpabilité. Dans les pays occidentaux, tout enfant qui vient de naître est déjà redevable de plus ou moins deux mille euros pour une dette étatique à laquelle il n’a jamais contribué. Personne, hormis les responsables politiques et administratifs en fonction, ne peut être tenu responsable des erreurs économiques et financières qui ont conduit les pays occidentaux dans les situations désastreuses où ils se trouvent aujourd’hui. Mais il est plus simple de déclarer que tout cela est de la responsabilité des citoyens et que c’est à eux de payer. Les affaires Tapie contre le Crédit Lyonnais et Jérôme Kerviel contre la Société générale sont des illustrations parfaites de ce principe : toujours culpabiliser l’autre lorsque l’on est soi-même responsable.

Les politiques « écologiques » utilisent le même procédé en faisant peser sur les citoyens du monde la responsabilité des modifications climatiques et les phénomènes de pollution. Dans les faits, les dérèglements climatiques que nous observons ont des origines cosmiques qui dépassent de très loin la taille infinitésimale de l’être humain sur la planète Terre, et la pollution des grands centres urbains par la circulation automobile représente à peine 30 % face aux émanations dues au charbon utilisé pour les productions industrielles qui, afin de délivrer des millions de produits, y compris des produits écologiques tels que les éoliennes, diffusent dans l’atmosphère des particules polluantes qui ne sont plus chassées avec la même efficacité que par le passé en raison de la modification des vents de très haute altitude. À cause des modifications climatiques. La boucle est bouclée. Mais comme il est impossible de revenir en arrière, de stopper une consommation outrancière de produits industriels sans déséquilibrer des économies étatiques et faire courir le risque de conflits militaires en mettant des millions de personnes au chômage et dans la précarité, il est plus simple de culpabiliser les citoyens et d’en faire de bons petits soldats capables de trier leurs déchets pour se déculpabiliser. Alors que nos ordures finissent toutes dans les mêmes incinérateurs, générateurs de pollution faute de personnel suffisant pour en contrôler le tri, car ce serait un coût de main d’œuvre bien trop élevé par rapport au profit. De même, faire rouler les voitures à trente kilomètres/heure dans des embouteillages hyper polluants, provoqués pour tenter de dissuader leurs propriétaires de les utiliser tandis que leurs autoradios diffusent essentiellement des publicités pour des marques automobiles afin d’inciter les conducteurs à l’achat de nouvelles voitures, est aberrant. «Ça tourne pas rond dans ma p’tite tête !», comme le chantait Odette Laure sur des paroles de Francis Blanche.

Le phénomène de culpabilisation se constate aisé- ment, à condition de ne pas être trop formaté, par le nombre grandissant d’interdits dans les organisations sociales du xxie siècle. Interdiction de boire, de fumer, de rouler vite, de manger trop, de stationner, et toutes les obligations administratives qui ne font qu’imposer et contraindre sans jamais offrir désormais davantage de libertés. Et le phénomène de culpabilisation est si puissant sur les individus que nous sommes qu’il nous empêche même de réagir et de revenir au magnifique slogan inventé par le regretté Jean Yanne et repris par les manifestants de Mai 68 : «Il est interdit d’interdire !» Ce sentiment de culpabilité est également largement utilisé dans les techniques d’envoûtement, pour empêcher toute action positive de la part de celui ou celle sur qui on l’exerce. 

Extrait de "Le pouvoir de fascination. Les secrets de la séduction" de Jacques H. PAGET, publié aux éditions Plon

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