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Socialiste... mais grande amie des oligarques : comment Anne Hidalgo a "vendu" une partie de Paris à l'homme le plus riche de France
©MICHEL EULER / POOL / AFP

Bonnes feuilles

Ce livre n’est pas un réquisitoire. Ce livre n’est pas un règlement de comptes. Ce livre n’est pas non plus une hagiographie ! C’est bien pire que cela : une enquête. Voilà donc la vérité sur l’action d’une élue qui rend invivable la vie quotidienne de dix millions d’habitants de Paris et de sa région tout en prétendant l’améliorer... Extrait de "Notre-Drame de Paris" d'Airy Routier et Nadia Le Brun, aux Editions Albin Michel (1/2).

Airy Routier

Airy Routier

Airy Routier est journaliste et éditorialiste à Challenges. Il est l’auteur de plusieurs best-sellers dont La république des loups, Le flambeur : la vraie vie de Bernard Tapie, et Vie et mort du banquier Stern.

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Nadia Le Brun

Nadia Le Brun

Nadia Le Brun est journaliste. Elle est l’auteure de La dame de pique (Éditions First) avec Alain Bourmaud.

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Amie des oligarques ? Ils ont noms Bernard Arnault, François Pinault, Xavier Niel, Vincent Bolloré, feu Jean-Claude Decaux, sans oublier les promoteurs Christophe Cuvillier, patron d'Unibail, et Laurent Dumas, fondateurde la société Emerige : les grands patrons exercent sur Anne Hidalgo, quoi qu'elle dise, la même fascination que les souverains étrangers ou les vedettes du show-biz.

On l'avait vue, sur la scène du théâtre du Châtelet, en pantalon de cuir noir, roucouler au côté de Leonardo DiCaprio, venu présenter son film écolo, Avant le déluge. Même pâmoison, le 8 mars 2017, au restaurant La Verrière, dans le Jardin d'acclimatation, en bordure du bois de Boulogne, au côté de François Hollande, face à Bernard Arnault, son épouse Hélène, sa fille Delphine et son gendre… Xavier Niel. Elle venait de confier à l'homme le plus riche de France les clés de l'ancien musée des Arts et Traditions populaires, laissé à l'abandon depuis 2005 par la Ville de Paris. LVMH en confie la réhabilitation à l'architecte Frank Gehry. Elle va coûter 158 millions d'euros et l'exploitation, pendant cinquante ans, de ce bâtiment donner lieu à une bien modeste redevance, payée à la Ville, de 150 000 euros par an, soit moins d'un euro le mètre carré par mois… Un cadeau ? Une (très) bonne affaire en tout cas. Nicolas Bonnet Oulaldj, élu communiste au Conseil de Paris, déplore d'ailleurs « l'absence d'appel d'offres et la rapidité avec laquelle la convention a été signée ».

Bernard Arnault contrôle ainsi, dans le site classé – et théoriquement inconstructible ! – du bois de Boulogne, un ensemble composé de sa fondation Louis-Vuitton, monument de verre et de lumière qui accueille des expositions de peinture prestigieuses1 ; du Jardin d'acclimatation où des générations de familles parisiennes ont emmené leurs enfants en bas âge dans des attractions à leur   mesure ; et enfin de l'ex-musée des Arts et Traditions dans lequel seront exposés tous les savoir-faire des marques de luxe du groupe LVMH. « Il ne reste plus qu'à rebaptiser le bois de Boulogne en bois Vuitton », s'amuse Serge Federbusch, magistrat, ancien conseiller du 10e arrondissement, créateur de Delanopolis, un site critique sur la mairie de Paris.

Avec l'aide de sa protectrice, Bernard Arnault fait aussi ses emplettes dans les plus beaux endroits de Paris intra-muros : outre Le Bon Marché, grand magasin acquis dès 1984, le très luxueux hôtel Cheval Blanc, construit dans l'ancienne Samaritaine, et l'immeuble Vuitton des Champs-Élysées,Bernard Arnault va ouvrir un deuxième vaisseau amiral de la marque dans le vaste hôtel particulier Heuzé de Vologer, place Vendôme. Et a mis la main, avec ses partenaires Xavier Niel et Laurent Dumas, dans le cadre du projet « Réinventer Paris », sur l'immense bâtiment Morland, le plus gros projet de réhabilitation, ainsi que sur l'hôtel de Coulanges, dans le quartier du Marais, qui appartenait à la mairie et dans lequel il organisera ses défilés de haute couture.

LVMH annonce vouloir dépenser près d'un milliard d'euros pour le patrimoine parisien, soit plus que le budget que consacre la France à son propre patrimoine ! Mécénat ? Pour ce grand patron souvent visionnaire, l'investissement est déjà largement rentabilisé. Le tycoon « a bien compris l'importance d'investir dans l'attractivité de la ville de Paris, capitale touristique de premier rang, écrit Thiébault Dromard. La fondation Vuitton est aujourd'hui dans tous les guides touristiques, tout comme le futur hôtel Cheval Blanc de la Samaritaine. L'image de Paris et celle de LVMH sont aujourd'hui intrinsèquement liées : Paris comme la France sont des actifs du groupe de luxe1 ». En clair : l'homme le plus riche de France a réalisé une OPA sur Paris avec le soutien actif d'Anne Hidalgo qui y a trouvé son compte !

Extrait de "Notre-Drame de Paris" d'Airy Routier et Nadia Le Brun, aux Editions Albin Michel 

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