Sobriété énergétique : « l’obscurité » choisie au pays des lumières<!-- --> | Atlantico.fr
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Grâce à la vision « atomiste » du grand homme, l’Hexagone a pu bénéficier durant quatre décennies d’un kWh sécurisé à bas prix. Une aubaine pour le citoyen, l’économie mais aussi le climat.
Grâce à la vision « atomiste » du grand homme, l’Hexagone a pu bénéficier durant quatre décennies d’un kWh sécurisé à bas prix. Une aubaine pour le citoyen, l’économie mais aussi le climat.
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Indépendance énergétique

Une tribune co-signée par Matthieu Verry et Philippe Charlez.

Matthieu Verry

Matthieu Verry

Matthieu Verry est vice-président d'Ecologie Responsable, un laboratoire d'idées de 250 personnes qui promeut l'écologie par l'innovation et l'enracinement (remise du prix Simone-Weil au Sénat).

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Philippe Charlez

Philippe Charlez

Philippe Charlez est ingénieur des Mines de l'École Polytechnique de Mons (Belgique) et Docteur en Physique de l'Institut de Physique du Globe de Paris.

Expert internationalement reconnu en énergie, Charlez est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la transition énergétique dont « Croissance, énergie, climat. Dépasser la quadrature du cercle » paru en Octobre 2017 aux Editions De Boek supérieur et « L’utopie de la croissance verte. Les lois de la thermodynamique sociale » paru en octobre 2021 aux Editions JM Laffont.

Philippe Charlez enseigne à Science Po, Dauphine, l’INSEAD, Mines Paris Tech, l’ISSEP et le Centre International de Formation Européenne. Il est éditorialiste régulier pour Valeurs Actuelles, Contrepoints, Atlantico, Causeur et Opinion Internationale.

Il est l’expert en Questions Energétiques de l’Institut Sapiens.

Pour plus d'informations sur l’auteur consultez www.philippecharlez.com et https://www.youtube.com/energychallenge  

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Au pays des « Lumières », grand serait le paradoxe de finir…dans le noir. Pourtant, tel serait notre proche destin nous annonçant des coupures électriques « choisies » pour les années futures. Une sobriété volontaire à court terme par solidarité avec le peuple ukrainien, à plus long terme au nom de la fraternité avec les générations futures en grand danger existentiel pour cause de réchauffement climatique.

Cette politique du pire a progressivement inoculé dans la société française un sentiment de désespoir portant atteinte à la liberté et dégradant les conditions de vie. Insidieusement, elle nous fait aussi perdre sécurité et souveraineté au nom d’un kilowattheure devenu trop précieux pour être consommé.

Ces passions tristes résultent de l’infusion cinquantenaire de l’écologie punitive avec comme seule lueur d’espoir l’énergie intermittente des renouvelables. Une idéologie d’autant plus mortifère qu’elle démontre jour après jour son antinomie climatique. Depuis 15 ans, l’offrande du Monde à Ra et Eole a atteint 5000 milliards de dollars. Et pourtant les dieux sont bien ingrats puis qu’en récompense, ils ne nous ont offert que 12% de l’électricité mondiale et surtout rarement quand on en a vraiment besoin par exemple l’hiver en cas d’anticyclone polaire et aux heures de pointe.

Le miracle renouvelable proféré par une utopique croissance verte n’étant pas au rendez-vous, après avoir ostracisé depuis deux décennies l’énergie nucléaire, les européens n’ont aujourd’hui d’autre choix que de se tourner en priorité vers le gaz russe voire le…charbon chinois redevenu outre Rhin l’énergie à la mode.

Notre société développée ne s’est pas construite en un jour. Elle est le résultat d’une lente transformation qui courre depuis deux siècles. L’évolution vers un monde décarboné devra suivre une trajectoire similaire.  Elle évitera à tout prix de répondre aux sirènes de « révolution radicale » que certains appellent de leurs vœux convaincus que le salut repose sur la destruction de l’existant. Les grandes révolutions populaires l’ont clairement démontré : les situations post révolutionnaires sont systématiquement celles du chaos.

L’énergie est le principal aliment de notre société de croissance. Elle a fondé son Histoire sur la coexistence, la diversification et le remplacement. La première transition énergétique a progressivement substitué le bois par le charbon puis ce dernier a été remplacé par le pétrole, le gaz naturel et enfin l’Uranium.

La stratégie visionnaire du Général de Gaulle est enracinée dans sa phrase « l’énergie atomique…est comme vous le savez tous, le fond de l’activité de demain ». Grâce à la vision « atomiste » du grand homme, l’Hexagone a pu bénéficier durant quatre décennies d’un kWh sécurisé à bas prix. Une aubaine pour le citoyen, l’économie mais aussi le climat.

Joseph Fourier qui a découvert en 1824 l’effet de serre, doit se retourner dans sa tombe au vu des décisions politiques prises sur le secteur énergétique français. Bien qu’étant la source d’électricité la plus décarbonée (10gCO2/kWh) permettant au français de ne produire que 6,5 tCO2/hab (contre 7,8 en moyenne pour l’européen et 10 pour l’allemand) le nucléaire est régulièrement vilipendé. En vingt ans, cette filière d’exception a été vidée de ses compétences. L’énergie est le temps long : relancer la filière électronucléaire française demandera au moins quinze ans.

La perte progressive de notre souveraineté énergétique mais aussi industrielle et même alimentaire reposent principalement sur des décisions politiques irresponsables. Au nom de petits calculs électoraux, les politiques ont préféré l’idéologie de l’émotion au pragmatisme de la science. Alors qu’ils se devaient d’anticiper aujourd’hui, ils nous contraignent à subir. C’est en grande partie grâce aux ingénieurs et aux scientifiques encore trop peu présents dans le monde politique et médiatique que nous pourrons sortir la tête haute de cette mésaventure.

Pourtant en Europe, l’Allemagne est obligée de rouvrir de vieilles centrales à charbon. Est-elle prête à faire marche arrière et à reconnaître les erreurs de son suicidaire Energiewende ? En terme de sécurité industrielle, les progrès reposent d’abord et avant tout sur une reconnaissance et une analyse des erreurs passées. Sans un minimum de repentance, personne ne vous suivra, aucun progrès ne sera possible et les mêmes accidents se reproduiront. Le Général de Gaulle n’avait-il pas écrit dans ses mémoires « il n’y a de réussite qu’à partir de la vérité ». 

Hélas, ceux qui refusent de reconnaître leurs erreurs se transforment souvent en cyclomanes compulsifs persévérant dans leur tartuferie. La politique possède cette historique constance à considérer que « ce qui ne marche pas résulte du fait qu’on n’a pas été assez loin ni assez fort ». Ainsi, Mao Tsé Tung responsable de la mort de plusieurs millions de ses concitoyens durant le Grand Bond En Avant persévéra en lançant sa sinistre stratégie avec la Révolution Culturelle. Il fallut alors de nombreuses années aux idolâtres maoïstes pour reconnaître à contre cœur que le Grand Timonier était le plus grand criminel de l’Histoire.

On ne voit aujourd’hui aucun changement de stratégie ni au niveau allemand, ni au niveau européen. Les stupides agendas inversés continuent d’inoculer notre quotidien pour le meilleur et pour le pire. Il est ainsi toujours gravé dans le marbre que grâce aux renouvelables les émissions européennes se réduiront de 55 % à l’horizon 2030 mais aussi que l’avenir de la mobilité réside dans le « tout électrique ». De la science idéologique digne de celle que Trofim Lyssenko avait imaginé durant les heures les plus sombre de l’Union Soviétique pour satisfaire aux agendas du sinistre Staline.

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